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Humanitaire à l’étranger… et après ? Le défi de la reconversion

La reconversion professionnelle est de plus en plus courante dans le monde d'aujourd'hui, et les travailleurs humanitaires ne font pas exception, à un moment donné de leur carrière. C’est le cas de Claire, humanitaire pendant 12 ans à l’étranger qui repense aujourd’hui sa vie professionnelle en Normandie. 

la reconversion d'un humanitaire de retour en France est un défila reconversion d'un humanitaire de retour en France est un défi
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 9 avril 2023, mis à jour le 25 mars 2024

 

 

 

Claire a travaillé 20 ans dans différentes organisations dans le domaine de la solidarité internationale, dont 12 ans à l’étranger (Afrique subsaharienne, Balkans et Amérique du Nord). D’abord sur le terrain avec Handicap International autour des questions des réfugiés et des mines anti personnelles, elle intègre des sièges de grandes ONG, comme Médecins du monde et Oxfam. Au fil des expériences professionnelles humanitaires, Claire choisit de faire évoluer son projet professionnel, en partie avec le soutien de l’association Résonances Humanitaires, qui « accompagne les acteurs de l'humanitaire dans leur reconversion professionnelle ».

 

« Ma carrière dans l’humanitaire a évolué au fil des expériences » 

Claire se dit très épanouie aujourd’hui et ne regrette aucun choix professionnel dans sa vie, en France ou à l’étranger. Installée avec sa famille en Normandie depuis deux ans, elle est directrice du département Impact; engagement et communication chez Nutriset, une entreprise familiale dont l’objectif est de lutter contre la malnutrition en fournissant aux acteurs humanitaires des produits nutritionnels efficaces pour les populations sensibles dans le monde. « J’ai réussi mon atterrissage » confie-t-elle en souriant. 

 

des produits nutriset pour lutter contre la malnutrition au sahel
©Nutriset - produits de nutrition au Burkina Faso pour le Sahel 

 

Avec son conjoint qui occupait des reponsabilités dans des groupes internationaux, Claire a vécu 12 ans en expatriation. Depuis 20 ans, elle est humanitaire et évolue dans le secteur humanitaire et de la solidarité internationale, sur les questions des réfugiés, des mines anti personnelles, de la santé, du changement climatique ou encore du handicap. « J’ai toujours voulu faire de l’humanitaire car je souhaitais une activité humanitaire qui a du sens, qui a un impact concret sur la vie des gens. Je voulais aussi partir en Afrique, cette envie m’a portée. Et puis, partir à l’étranger est une aventure qui permet de découvrir un autre pays, une autre culture ». Claire et son mari ne souhaitent pas forcément quitter définitivement la France et considèrent qu’il ne faut pas être trop longtemps expatriés, pour ne pas trop vivre dans « un univers parallèle ». Ils rentrent plusieurs fois en France, entre deux opportunités à l’étranger.

En 2012, ils sont en France et Claire commence à s’intéresser aux questions de l’impact et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « J’ai fait beaucoup de terrain avec les ONG. Petit à petit, je me suis mise à faire mon métier à un autre niveau, celui de l’influence. J’ai repris des études autour de la RSE et j’ai réalisé une mission chez Total, autour de l’engagement des parties prenantes, du suivi des préoccupations et de projets avec des communautés locales. ». C’est à cette période, par hasard, qu’elle entend parler de l’association Résonances Humanitaires et prend contact avec eux. 

 

le défi de se reconvertir en 2023 après une expatriation

 

« Ah vous êtes humanitaire. Mais, en vrai, c’est quoi votre métier ? » 

« Ah vous êtes humanitaire ? Bénévole quoi… mais en vrai, c’est quoi votre métier ? ». Cette phrase, Claire l’a beaucoup entendue...Comme de très nombreux expatriés qui rentrent, le retour à la réalité est un moment intense à passer. Administration, incompréhension, solitude, nostalgie… Le besoin de parler avec des personnes qui ont vécu une expérience à l’étranger est fort, tout comme se rapprocher du milieu de l’humanitaire et des ONG.

« Je ne rentrais dans aucune case, et finalement, j’avais le sentiment de n’être experte en rien. A la fois on rentre d’expatriation, mais en plus on a un bagage spécifique et parfois mal compris. La combinaison des deux est une épreuve. Je me suis rapprochée de Résonances Humanitaires, cela m’a fait du bien de discuter avec une communauté qui me comprenait… » confie Claire

« Nous sommes là pour accompagner les adhérents dans leur engagement » raconte Eric Gazeau, Directeur Général de Résonances Humanitaires, depuis 20 ans. « Certains cherchent un engagement de proximité, d’autres veulent changer de posture pour concilier vie privée et vie professionnelle, d'autres encore souhaitent s’investir dans les grands sujets de société comme la protection de la planète, le médico-social, la réinsertion de populations vulnérables, l’accueil des réfugiés. De manière générale, les humanitaires sont d’extraordinaires managers de terrain, qui s’adaptent. ». 

Évoluer ou changer de voie … Par où commencer ? Qui contacter ? Comment s’y prendre ? « Avant toute chose, notre association existe pour faire prendre conscience à un/une travailleur/se humanitaire qui rentre de l’étranger qu’il/elle est utile, lui faire prendre conscience que l’aide humanitaire internationale est un terreau révélateur et que, aujourd’hui, il/elle peut s’engager partout. » insiste Eric Gazeau. Depuis 20 ans, l’association a aidé 3000 humanitaires adhérents. Environ 150 personnes sont actuellement accompagnées. 

 

toutes les expériences professionnelles sont importantes pour se valoriser

 

 

« Ne vous sous-évaluez jamais, votre expérience humanitaire a de la valeur »

L’équipe de Résonances Humanitaires, composée d’environ 60 bénévoles réguliers, dont une vingtaine de coachs et consultants, met en place des ateliers, des coachings, des formations, des conférences et des rencontres-réseau. Chaque nouveau membre a un rendez-vous d’accueil d’environ 1h. Puis, il/elle décide d’adhérer à l’association. Les moteurs sont le réseau, le service et l’entraide « En plus de nos actions, nous créons du lien, au-delà des réseaux propres à chaque ONG », explique Charlotte St Mart, chargée d’animation réseau à l’association, elle-même ancienne humanitaire. 

association résonances humanitaires accompagne les reconversions
équipe de résoances humanitaires, l'association pour les humanitaires
 Atelier de coaching à Paris, animé par  Anne-Céline Okonta et Charlotte Michel (photo en haut à gauche) Équipe Coordination (Eric Gazeau, Mathilde Laurent Charlotte St Mart) (en haut à droite), Réunion de bénévoles RH en 2022 (en bas) 

 

Claire a d’excellents souvenirs de l’accompagnement de Résonances Humanitaires, qui lui a permis d’y voir plus clair. Après sa mission chez Total, elle est repartie à l’étranger et a travaillé chez Oxfam. A son 3ème retour en France en 2020, elle reprend contact avec Résonances Humanitaires pour garder le lien, depuis la Normandie.  Avec le recul, quels conseils peut-elle donner à un/une humanitaire qui souhaite se reconvertir ou faire évoluer sa vie professionnelle ?

« Tout ce que vous avez acquis sur le terrain a énormément de valeur, ne laissez personne vous faire penser le contraire. Dans ce sens, ne vous sous-évaluez jamais, n’acceptez pas une mission en-deçà de vos compétences. Quel que soit le secteur ou la structure, il y a de multiples façons de continuer dans ce qui vous anime et d’utiliser votre expérience humanitaire. »