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Michel Bur: «Apprendre des langues, c’est jouer la pluralité du monde»

Michel Bur est chef de la pédagogie chez MLFMichel Bur est chef de la pédagogie chez MLF
Michel Bur
Écrit par Adèle Hourdin
Publié le 7 avril 2021, mis à jour le 7 avril 2021

Les établissements d’enseignement à l’étranger de la Mission Laïque française proposent un enseignement en trois langues. Michel Bur, chef de la pédagogie, explique l’importance de cet apprentissage plurilingue pour les enfants.

Michel Bur est chef de la pédagogie et adjoint au directeur général de la Mission Laïque française. Cet organisme, reconnu d’utilité publique par l’Etat Français, est à la tête d’une centaine d’établissements scolaires d’enseignement français dans le monde. Plus de 61000 élèves, pour la plupart étrangers, bénéficient de ce réseau présent dans 39 pays. Les enfants sont scolarisés en français et dans la langue du pays d’accueil, renforcé par la pratique d’une troisième langue, généralement l’anglais. Michel Bur revient avec nous sur l’importance du plurilinguisme et l’apport du réseau de la Mission Laïque à cet objectif.

 

Qu’apporte la présence d’un établissement français à l’étranger ?

La Mission Laïque France scolarise majoritairement des élèves nationaux, c’est à dire des élèves des pays d’accueil. Pour eux, l’enjeu n’est pas d’apprendre une langue mais d’apprendre « en langue ». C’est à dire qu’au delà de la maitrise technique d’une langue qui permet aux enfants de vivre, penser voire même rêver, le français est leur langue de scolarisation. Par le français, ils peuvent bien sûr s’ouvrir à d’autres langues puisque la langue du pays d’accueil est prioritaire. Nous accordons aussi une grande importance à l’anglais qui aujourd’hui s’impose partout. Notre enseignement est plurilingue en premier lieu.

 

La langue française, celle de l’espace francophone, est portée vers des valeurs d’humanité et d’universalité

 

Qu’apporte l’apprentissage de plusieurs langues à un enfant ?

Apprendre des langues permet d’accéder à d’autres cultures et à d’autres visions du monde. C’est indispensable dans l’espace globalisé dans lequel nous vivons. Apprendre plusieurs langues c’est aussi pointer l’importance de la diversité à travers une langue qui n’en écrase pas une autre mais qui aide à penser. Cela permet d’éviter le danger du monolinguisme, que ce soit dans les sciences, les techniques ou d’autres domaines. Apprendre plusieurs langues c’est aussi jouer la pluralité du monde.

 

le français est bien loin d'être figé

 

Quelles sont les valeurs véhiculées par la langue française ?

La langue française, celle de l’espace francophone, est portée vers des valeurs d’humanité et d’universalité. Je pense que c’est ce qui nous rassemble, que ce soit à Haïti, au Québec, en France ou dans les pays d’Afrique. C’est la langue de la fraternité, de la solidarité et nous pouvons en être fiers. C’est aussi un porte-voix qui permet de comprendre et d’écrire la complexité du monde.

 

Dans quelle dynamique se place un établissement français à l’étranger ?

Nous nous plaçons toujours dans une position de respect vis-à-vis de ceux qui nous accueillent. L’écueil serait que notre dynamisme soit vécu comme une approche conquérante voire néo-coloniale. Le français s’est parfois imposé dans des contrées d’une manière qui n’était pas pacifique. Nous sommes aujourd'hui au 21e siècle, à une époque où le français peut être approché autrement que par Rabelais, Montaigne ou Molière, il est slamé, chanté, le français est bien loin d'être figé. 

J’ai fait récemment un déplacement dans un établissement scolaire au Maroc pour fêter la francophonie. La langue française y était célébrée en 4 langues : le français bien sûr, mais aussi l’arabe, l’anglais et le berbère. Je trouve magnifique que l’on puisse célébrer la francophonie en invitant d’autres langues. Puisque nous nous adressons à des enfants dont la langue française n’est pas toujours la langue maternelle, il est important de véhiculer des valeurs de respect des autres en invitant d’autres langues dans leur apprentissage.

 

Les écoles de la MLF ont subi les conséquences de la crise sanitaire. Où en sont-elles aujourd’hui ?

Nos écoles restent impactées par le Covid. Cela fait un an maintenant. Jamais en mars 2021 nous n’aurions pu imaginer qu’un an après nous en serions encore là. Les scénarios sont très divers en fonction des pays. Certains sont en enseignement à distance depuis la rentrée de septembre, ce qui est à la limite du soutenable. Mais malgré tout, nous continuons à tisser des liens, à garder le contact et à rester connectés. Nous avons revisité les façons d’apprendre et d’enseigner. Aujourd’hui, il apparait que l’apprentissage, de manière plus visible, plus explicite, peut se faire de façon synchrone et asynchrone, tout ne se joue pas pendant un cours d’une heure, entre quatre murs. Il faudra capitaliser de ce que nous a fait apprendre cette crise.

 

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