Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Etudiants handicapés : le casse-tête de la mobilité internationale

Une étudiante handicapée lors de sa mobilité internationaleUne étudiante handicapée lors de sa mobilité internationale
Écrit par Thibault Segalard
Publié le 27 juillet 2021, mis à jour le 30 juillet 2021

Entre les difficultés d’accès aux soins, les complications liées aux transports et même les démarches autour de l’accompagnement à la vie privée, les obstacles que rencontrent les étudiants handicapés, lorsqu’ils partent étudier à l’étranger, sont extrêmement nombreux. La Conférence des grandes écoles a proposé dans une étude, 79 solutions pour faciliter la mobilité internationale des étudiants en situation de handicap.

 

Partir à l’étranger fait aujourd’hui partie intégrante d’un parcours d’étude classique. Cette possibilité reste pourtant très compliquée à envisager pour les étudiants en situation de handicap. Pour remédier aux difficultés des jeunes handicapés qui étudient à l’étranger, la Conférence des grandes Écoles (CGE) a remis, le 6 juillet 2021, lors de la 2ème cérémonie de remise des bourses d’encouragement, une étude ayant pour objectif d’alléger les surcouts liés au handicap lors d'un cursus d'étude à l'international.

 

Pour réaliser ce rapport, la CGE a mené plusieurs enquêtes auprès de parents d’élèves et d’étudiants handicapés, mettant ainsi en lumière les surcouts et les freins qu’ils rencontrent lors de leur mobilité internationale. Les points les plus importants restent l’accès aux soins et l’accessibilité aux transports, mais d'autres problèmes comme les barrières administratives, l’accompagnement à la vie personnelle et sociale, l’accès aux structures sportives et aux lieux culturels ont aussi été soulevés. La CGE a ainsi proposé, pour chaque faille décelée, une solution, 79 au total.

 

L’accès aux soins pour les étudiants handicapés à améliorer

Les personnes en situation de handicap, qui doivent être soumis à des traitements et soins réguliers, ont des besoins particuliers en matière de santé. C’est d’ailleurs la principale difficulté que rencontrent les étudiants handicapés dans le cadre de leur mobilité internationale. Parmi toutes les solutions apportées par la CGE, 30 d’entre elles concernent donc l’accès aux soins pour les personnes handicapées. Elles impliquent notamment la création d’une bourse délivrée sans critères sociaux, financée par des assurances ou des fonds publics internationaux ou encore la nomination d’un référent handicap dans chaque ambassade pour conseiller et aider les personnes handicapées.

 

Graphique-problèmes-accès-soins

 

 

Des transports pas toujours accessibles pour les personnes en situation de handicap

Les personnes en situation de handicap peuvent faire l’objet de discriminations, notamment par les compagnies aériennes low-cost. Pour preuve, en 2017, la Cour de cassation a condamné Easy Jet pour avoir refusé l’accès à ses avions à des passagers en fauteuil roulant, non pas pour des motifs imposés par la loi ou des impératifs de sécurité ,mais en raison d’un manque d’appréciation individuelle et de formation de son personnel.

 

Étudiant handicapé qui rentre dans un bus

 

Il est pourtant inscrit spécifiquement dans l’article 1 et 3 du règlement CE n°1107/2006 du 5 juillet 2006 concernant les droits des personnes handicapées et des personnes à mobilité réduite que lorsqu’elles font des voyages aériens, toutes discriminations au moment de la réservation et de l’embarquement sont formellement interdites. L’article 10, lui, précise que ces mêmes compagnies doivent offrir un assistant aux personnes à mobilité réduite et sans majoration de prix. Le plus simple serait, selon la CGE, de bien s’assurer du respect de cette loi en organisant davantage de contrôle et en appliquant plus de sanctions.

 

Le problème de l’acheminement des traitements et dispositifs médicaux est aussi essentiel à une meilleure gestion de la mobilité internationale.  Il n’est pas rare que des médicaments exigent d’être conservés au frais et à température constante. La CGE, dans son étude, apporte l’exemple d’une «étudiante souffrante d’une sclérose en plaques, partie aux Etats-Unis le temps d’un semestre et qui a dû utiliser et garder avec elle, une glacière afin de stocker son traitement durant son vol. Un voyage, avec escale, qui a duré une vingtaine d’heures». La CGE propose la création d’une «valise médicale cabine» et de permettre l’accès aux espaces réfrigérés à bord des avions.

 

Un statut d’étudiant handicapé international ?

Grâce aux 79 propositions apportées par la CGE, tout porte à croire que l’avènement d’un statut d’étudiant handicapé international serait la véritable solution à une meilleure reconnaissance et prise en charge des étudiants en situation de handicap. Xavier Quernin, chargé de mission handicap à l’Institut polytechnique UniLaSalle, a affirmé que l’équipe en charge de cette étude était même «allé jusqu'à l'ONU pour défendre ce statut, mais en tant qu'ONG, nous ne pouvons aller plus loin et devons mener des actions de lobbying afin d'inciter un Etat membre à le porter».

 

Remise de la bourse d'encouragement 2021
Xavier Quernin et Mélanie de Sousa ont remis l'étude exploratoire sur la mobilité internationale des étudiants en situation de handicap à Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, et de Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité

 

Un message que l’on espère entendu par Jean-Yves le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères; Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères; et Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des Personnes handicapées, tous les trois présents lors la remise de cette étude.

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions