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Cécile Moroni : “Les parents scandinaves laissent leurs enfants dormir dehors”

Cécile Moroni, humoriste basée à Oslo depuis 14 ans, lauréate Culture et Art de vivre du Trophée des Français a sorti, le 14 septembre 2024 … un livre "Where babies sleep outside". Son ouvrage parle des siestes nordiques, une pratique culturelle, consistant à laisser les bébés dormir dehors, en Scandinavie. Elle revient, pour lepetitjournal.com, sur son livre, son expatriation et la culture scandinave.

Cécile MoroniCécile Moroni
Écrit par Aurélien Fort
Publié le 25 septembre 2024, mis à jour le 25 septembre 2024

 

 

Après avoir traversé la Norvège pour votre spectacle, vous avez décidé de sortir un livre sur un élément de la culture nationale, pourquoi ce choix ?

J'ai trois enfants nés en Norvège. Étant là depuis plus de 10 ans, je pensais maîtriser la culture. Mais je suis devenue mère, tout est devenu différent. J'ai découvert des aspects de la Norvège que je ne connaissais pas. Devenir parent apporte une nouvelle approche de l’éducation. Et dans ce domaine, les Norvégiens et les Scandinaves sont très en avance. J'ai vraiment eu envie de mettre en avant leurs spécificités pour qu'elles soient connues à l'étranger.

 

Votre livre "Where babies sleep outside", parle des bébés qui dorment dehors. Pourquoi les parents scandinave font-ils ça ?          

Les parents scandinaves laissent leurs enfants dormir dehors car ils pensent qu’ils dorment mieux dans l’air frais jusqu’à un certain âge. Avant de les déposer dehors, ils emballent leurs bébés avec de nombreuses couches de vêtements, et les laissent se reposer même s'il fait très froid. 

 

"Dans l'éducation les Norvégiens et les Scandinaves sont très en avance"

 

Votre livre est écrit en anglais, une volonté que l’ouvrage aille au-delà des frontières norvégiennes ?

 

Le livre est en anglais puisqu’il s’adresse à un public qui ne connaît pas la Scandinavie. Un pays dans lequel l’éducation des enfants est fascinante. Parce qu'elle se fait dans la nature et surtout dans la bienveillance. La méthode éducative scandinave est un sujet à la mode en ce moment en France et dans pleins d’autres pays. J'avais la volonté de la promouvoir à ma manière. 

Les scandinaves en général sont très doués en anglais car leur langue est peu parlée ailleurs. Ils l’apprennent très tôt et sont extrêmement à l'aise avec l'idée de lire en anglais. Je me suis dit qu’écrire dans cette langue, n'exclut personne. Mais j'aimerais bien le traduire en français, je pense pouvoir toucher un autre type de public. 

De plus, les Norvégiens sont contents de lire des choses sur leur culture car malgré leur humilité et ils ont tout de même une âme patriote. 

 

Cécile Moroni lauréate du Trophée Culture et Art de Vivre 2023
Cécile Moroni lauréate du Trophée Culture et Art de Vivre 2023

 

Quel est le thème de votre livre ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur son contenu ?

 

C’est en quelque sorte un savant mélange entre mes observations et plusieurs anecdotes drôles. J’ai vraiment voulu garder ma casquette d’humoriste pour écrire ce livre. Malgré les blagues présentes dans l’ouvrage, j’ai la volonté d’être très factuelle sur la façon dont les Norvégiens éduquent leurs enfants, avec un travail sur les principes d’éducation. Le livre est illustré par Elise H-Kollerud, une Norvégienne, avec qui j’aime beaucoup travailler. Ses illustrations ajoutent, à l’ouvrage, un vrai aspect comique.

 

Cécile Moroni : “L’humour norvégien est assez particulier et différent du nôtre” 

 

 

L’éducation Norvégienne est-elle différente des autres pays scandinaves ? 

 

Disons que c'est un petit pays souvent confondu avec ses voisins, notamment la Suède. Une situation un peu tragi-comique, car ce sont deux pays très proches culturellement et linguistiquement avec, quand même, une petite rivalité. Mon mari est Norvégien et parfois, la confusion entre Oslo et Stockholm, l’agace. Pour lui, confondre les pays revient à mélanger les torchons et les serviettes. Malgré tout, il y a des grandes similitudes entre les pays scandinaves sur l'éducation des enfants. Par exemple, les bébés dorment aussi dehors en Suède et au Danemark.

 

Pouvez-vous nous donner quelques différences sur l’éducation des enfants entre la France et la Norvège ?

 

Ici, les enfants apprennent dès leur plus jeune âge un proverbe : “il n’y a pas de mauvais temps, juste de mauvais vêtements”. En Norvège, les enfants vivent vraiment toujours dehors. Cela peut paraître un peu anecdotique mais l’idée de vivre en extérieur est vraiment un des piliers de la culture. La météo étant assez capricieuse dans la culture scandinave, nous n’attendons pas qu’il fasse beau pour sortir, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, ils sont dehors. Les enfants développent une énorme résilience grâce à ça. 

 

 

" En Norvège, ils ont à cœur de faire fonctionner le vivre ensemble " 

 

Les enfants sont vus comme les égaux des adultes, la discipline est hyper soft. Des amis français disent de l’éducation qu’elle est permissive, même si le terme à une connotation négative, il y a une part de vérité. Les parents ne jouent pas aux gendarmes, ils sont dans le dialogue. En Norvège, nous n’entendons jamais des enfants se faire crier dessus, ça n’existe pas. Les enfants sont très impliqués dans les décisions à l’école ou à la maison. Par exemple, le matin à l'école, ils choisissent eux-mêmes le programme de la journée avec leurs professeurs. Avec leurs parents aussi, ils ont un rôle de pilote pour le choix d’activités, de vies ou de sorties. Tout ça est surprenant lorsque nous sommes habitués à la culture latine.

En Norvège, l’éducation veut que les enfants deviennent rapidement débrouillards. Les enfants savent très vite skier, à différencier les types de neige. Nous les laissons faire des activités surprenantes, par exemple ils apprennent très tôt à couper du bois pour faire des brochettes et faire griller des saucisses. J’ai grandi dans les hauts de Seine, ce n’était pas tout à fait pareil. À l’école, les enseignants laissent les élèves grimper aux arbres. Parfois, je vais chercher mes enfants et ils sont en haut d’un arbre. La logique en Norvège est différente, ils considèrent que si des enfants  arrivent à grimper en haut d’un arbre ils arriveront à en assumer les conséquences. Autre exemple, j’ai vu des enfants de 4 et 5 ans jouer avec des Opinel. Contre toute attente, il y a peu de dégâts (rire).

 

Cécile Moroni remporte le prix du meilleur humoriste de l’année en Norvège 
 

Globalement, la logique pédagogique ne cherche pas à obtenir les mêmes résultats qu’en France. En Norvège, ils ont à cœur de faire fonctionner le vivre ensemble. Une valeur inévitable dans les petits pays. Il y a 5 millions de Danois, 5 millions de Norvégiens et 10 millions de Suédois, ce n’est pas énorme. Ils vont devoir vivre ensemble sur des générations, souvent dans des villes avec une seule école comprenant trois niveaux. De fait, ils sont soigneux d'inclure tout le monde pour faire en sorte que tous passent un bon moment. En Norvège, ils préfèrent qu'un enfant de cinq ans ne sache pas lire, mais qu’il soit capable d’inclure des camarades dans le groupe. Pour les enfants, les acquis académiques passent au second plan contrairement en France. Un enfant de six ans français sait plus de choses sur le papier. En revanche, l'enfant de six ans norvégien sera plus débrouillard dans la forêt et plus à même de construire une dynamique de groupe. 

 

En parallèle de votre livre, avez-vous prévu un nouveau spectacle ? Peut-on en savoir plus, en avant première ?

 

Déjà, dans mon premier spectacle “Allô Norge” (Bonjour Norvège), je parlais beaucoup de mes enfants, et du fait d’être mère en Norvège. Pour le moment, je n’ai pas de nouveau spectacle de prévu, mais j’aimerais beaucoup en refaire un. Il sera encore plus axé sur les différences culturelles entre les Français et les Norvégiens. 

 

Affiche "Allô Norge", Cécile Moroni
Affiche "Allô Norge", Cécile Moroni

 

Vous avez reçu le Trophée des Français de l’étranger en mars 2024, nous sommes curieux de savoir ce qu’a pu vous apporter cette reconnaissance depuis ? 

 

Le trophée a beaucoup aidé mon spectacle. D’abord, car il a grandement augmenté ma visibilité en France grâce à la couverture médiatique en aval et en amont de la cérémonie. Cette visibilité, je ne l’avais pas anticipé mais elle est importante pour moi qui vit et travaille à l'étranger, d’avoir une reconnaissance de mon pays d’origine. Ensuite, la cérémonie en elle-même m’a permis d’être vue et de faire des rencontres.

À présent, je peux rajouter ce trophée sur mon CV. J’ai mis la mention sur les affiches de mon spectacle, en plus de deux autres prix. Même si ce n’est pas révolutionnaire cela reste novateur de faire de l’humour en français à l’étranger ! 

 

L’excellence et la résilience des Français de l’étranger ont résonné au Quai d’Orsay 

 

Revenir en France, un projet ?

À très court terme, non mais je reste très attachée à mon pays d’origine. Il y a mes parents et mes amis en France. Ce n’est pas un projet inimaginable sur le moyen terme, car mon mari a été naturalisé français, et nos enfants sont binationaux.

"Where babies sleep outside”, est à retrouver sur Amazon et sur le site de l'édition.




 

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