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AMSTERDAM – Des parents se battent pour ouvrir un collège français

Collège français AmsterdamCollège français Amsterdam
Écrit par Marie-Pierre Parlange
Publié le 23 mai 2018, mis à jour le 18 juin 2019

Que faire lorsque l’on vit dans une grande ville où il n’existe pas de collège français ? En créer un bien sûr ! C’est le pari un peu fou lancé par la Fondation « Un  collège français à Amsterdam », à l’initiative de parents très motivés.

S’expatrier à Amsterdam, c’est avoir la chance de venir vivre dans une jolie ville, réputée pour sa qualité de vie, sa culture, son dynamisme. Mais très vite, pour les Français, la question de la scolarisation des enfants se heurte à un constat : l’enseignement en français n’est possible qu’en primaire. L’école d’Amsterdam est une annexe du Lycée Van Gogh situé à La Haye, capitale administrative des Pays-Bas
 

Créé en 1947, le lycée français Vincent van Gogh de La Haye est un établissement scolaire qui fait partie du réseau de l'AEFE (gestion directe). Le gouvernement ainsi que la plupart des institutions du pays siègent en effet dans cette ville distante d’une soixantaine de kilomètres d’Amsterdam. L’établissement accueille aujourd'hui près de 1.000 élèves de la PS à la terminale et comporte également une section internationale. 

« La distance entre Amsterdam et La Haye est rédhibitoire pour beaucoup de parents qui ne souhaitent pas imposer de très longs temps de transport à leurs enfants, explique Céline Castanet, arrivée aux Pays-Bas il y a 18 mois. Il faut souvent près d’une heure trente pour faire le trajet car le trafic est important sur cet axe ». Il existe également une école européenne, mais elle se trouve à Bergen.

Quel choix alors pour scolariser les enfants dans le secondaire ? 

« Les solutions existantes aujourd’hui impliquent soit un changement de système scolaire soit un temps de trajet élevé pour les élèves » regrette Céline. Les familles se voient contraintes d’inscrire leurs enfants dans des établissements proposant des cursus internationaux, sortant ainsi du système français, une inquiétude pour les parents attachés à la langue française qui souhaitent rentrer dans l'Hexagone au bout de quelques années à l'étranger. « Et du fait de nombreuses listes d’attente dans ces établissements scolaires, les enfants doivent souvent changer d’école en cours d’année en CM2, voire en CM1 ou CE2. Ils ne terminent donc même pas le primaire français. » 

Une présence française en hausse à Amsterdam

Amsterdam est l'un des principaux centres économiques des Pays-Bas. Les incertitudes liées au Brexit semblent encore renforcer l’attractivité de ce centre financier majeur en Europe. Les sièges sociaux de plusieurs firmes multinationales y sont situés (Philips, ING…). Netflix, Uber ou Tesla y ont placé leurs bureaux européens. Ce dynamisme explique la forte hausse de la présence française : le nombre des Français a été multiplié par deux entre 2009 et 2017, passant de 4.000 à 8.000 environ. Danone ou Total par exemple y ont une filiale.

Pour Céline, « dans ce contexte, le fait que les enfants français scolarisés à l’école d’Amsterdam ne puissent pas continuer au collège pose un véritable problème aux parents expatriés mais également aux entreprises qui souhaitent recruter des talents français ».

College Amsterdam

La Fondation « Un collège français  à Amsterdam »

Il y a quelques mois, des parents ont décidé de prendre les choses en main. Marie Cordonnier, Sylvie Luisetti et Aurélie Rimasson sont à l’initiative de la Fondation « Un collège français  à Amsterdam » créée en juin 2017, à l’instar de projets similaires qui ont débouché sur l’ouverture d’établissements français au Cap, à Londres ou à Yangon (Myanmar). 



D’autres parents, dont Céline, en charge du marketing, les ont rejointes, tous avec des compétences différentes (Ressources humaines, finances, communication digitale…). L’association est présidée par Marie Cordonnier. « Nous formons un groupe très soudé de bénévoles, et c’est nécessaire car nous devons batailler pour mener à bien notre projet ! Les Français sont habitués en matière d’éducation à un système pris en charge par l'Etat, d’où la difficulté parfois à mobiliser l’ensemble de la communauté expatriée. »

Première étape, convaincre les institutionnels. L’équipe reçoit le soutien efficace des conseillers consulaires, du député Pieyre-Alexandre Anglade et des sénateurs Cadic et Lepage. Elle s’entoure du cabinet Turenne Consulting qui a déjà accompagné des ouvertures d’écoles. 

A ce stade, l’Ambassade de France et l’AEFE ont donné le feu vert au projet… mais pas de budget ! L’école sera donc privée, mais l’objectif est de proposer des frais de scolarité alignés sur ceux du Lycée Van Gogh de La Haye. « Le programme de l’Education Nationale Française sera enseigné tout en intégrant notre environnement international ». 

Pour que l’établissement soit homologué par l’AEFE, il faut une équipe pédagogique solide, trois titulaires de l’éducation nationale et de diplômés « personnel de direction ». « Nous avons validé un responsable pédagogique, et le recrutement des professeurs ne devrait pas poser trop de problème car des professeurs en disponibilité nous ont déjà contactés », explique Céline.

Ensuite, il a fallu prendre contact avec les mairies d’Amsterdam et d’Amstelveen pour trouver un bâtiment conforme aux règlementations néerlandaises et correspondant au cahier des charges de l’AEFE. «Une possibilité serait de louer d’abord quelques classes dans un autre établissement à caractère éducatif, avant d’occuper un espace plus important. » Le projet avance donc positivement. 

Une levée de fonds cruciale

Reste maintenant la question de la levée de fonds. L’ouverture est conditionnée à l’obtention d’un budget de 400.000 euros. Parents et entreprises sont sollicités. L’ambassade de France a organisé un diner de présentation pour obtenir le soutien des entreprises partenaires. Certaines sociétés se sont engagées financièrement, d’autres mettent à disposition des locaux pour que la Fondation puisse organiser ses réunions… 

D’abord espérée pour la rentrée 2018, l’ouverture du collège est maintenant attendue pour septembre 2019. « Nous savions qu’ouvrir ce nouveau collège en septembre 2018 était un gros challenge, expliquent dans un communiqué les membres de la Fondation.
Cette année supplémentaire nous permettra d’affiner le projet pédagogique, monter le dossier de reconnaissance « école internationale » par les Pays-Bas, et continuer à trouver des sponsors financiers. »

Marie Pierre Parlange
Publié le 23 mai 2018, mis à jour le 18 juin 2019