Le débat de l’entre-deux-tours, rendez-vous très attendu de l’électorat, a eu lieu hier soir, le 20 avril à 21h. Les deux candidats ont manié les avec brio les petites phrases assassines : Ripoliner, Gérard Majax, les éoliennes du Touquet, quels sont les moments forts de ce duel ?
15,6 millions de téléspectateurs ont regardé le débat sur France 2 et TF1, ce qui est un chiffre faible au regard des élections précédentes (16,5 millions en 2017, 30 millions en 1981). La plupart des journaux s’accordent ce matin pour déclarer Emmanuel Macron vainqueur de ce débat, même si ce n’est pas avec autant d’avance et de panache qu’en 2017, car Marine Le Pen était bien mieux préparée.
Le débat de l’entre-deux-tours, toujours attendu et source de tensions
Chacun des deux candidats avait son défi personnel : pour Marine Le Pen il s’agissait de donner confiance et de rassurer sur le sérieux de son programme et de sa candidature. Pour Emmanuel Macron, le défi consistait à se défaire de l’arrogance et du mépris que lui reprochent souvent les Français, de même que son habitude à faire trop de pédagogie.
Le débat s’est déroulé autour de huit thèmes. Un tirage au sort a été effectué pour déterminer l'ordre des sujets car les candidats n’étaient pas parvenus à se mettre d’accord. Les deux candidats ont donc débattu d’abord du pouvoir d'achat. Puis, ils ont évoqué l'international, le modèle social (retraites, santé, dépendance), l'environnement, la compétitivité et l'attractivité française, la jeunesse (éducation, formation...), la sécurité et l'immigration et enfin les institutions. Revenons sur les temps forts du débat.
« Vous parlez à votre banquier quand vous parlez à la Russie »
Emmanuel Macron a attaqué Marine Le Pen sur le sujet bien connu du prêt de 9 millions d’euros de son parti contracté en 2014 auprès d’une banque russe proche du pouvoir, et que le RN rembourse « rubis sur ongle » depuis lors. Marine Le Pen s’est défendue expliquant que son parti est pauvre, et « aucune banque française n’a voulu m’accorder de prêt ». La candidate du Rassemblement national a martelé « Je suis une femme absolument et totalement libre » tout en brandissant un tweet datant de 2014 en soutien à l’Ukraine.
« On ne peut pas décider seule de ripoliner la façade »
Fort de ses expressions étonnantes et désuètes, Emmanuel Macron a insisté sur les contradictions du programme du RN au sujet de l’Union Européenne. Marine Le Pen défend sa conception de l’Europe des nations, et donc de la modification profonde de l’UE de l’intérieur : sortie de l’UE qui ne dit plus son nom réplique le président candidat qui utilise l’expression : « On ne peut pas décider seule de ripoliner la façade ».
« C’est pas Gérard Majax ce soir, Madame Le Pen. Arrêtez ça. Les chiffres, on parle de vies derrière. »
Les candidats se sont accrochés sur le sujet de la gestion de la pandémie de Covid-19. La référence au magicien des années 1980, Gérard Majax a étonné l’audimat. Emmanuel Macron souhaite alors se placer comme le candidat de la vie réelle, concrète et terre à terre, et renvoyer la candidate RN au monde du fantastique, de l’irréel et de la magie.
« Je ne suis pas climatosceptique, en aucun cas, mais vous, vous êtes un peu climato-hypocrite »
Dans la joute sémantique entre les deux candidats, Emmanuel Macron accuse son adversaire d’être climatosceptique. Ce à quoi elle répond vivement qu’il mène lui, une fausse campagne écologique, sournoise et malhonnête. Marine Le Pen a dénoncé la stratégie énergétique d'Emmanuel Macron qu'elle accuse de vouloir construire des éoliennes « partout sauf en face du Touquet ». Le temps de débat sur l’environnement s’est d’ailleurs presque entièrement consacré aux énergies (nucléaire et éolien), effaçant le reste des sujets environnementaux (biodiversité, élevage intensif, océans, surpêche…) souvent oubliés par les politiques.
Moi quand y’a pas des frites à la cantine #debatmacronlepen #presidentielles2022 pic.twitter.com/ha0DuJApf4
— MRG ?? (@MRG_GOAT) April 20, 2022
Tweets, memes : Internet s’est emparé du débat d’entre-deux-tours
Les deux candidats ont rivalisé d’ironie et de piques durant le débat, mais Emmanuel Macron juge tout de même : « On est beaucoup plus disciplinés qu’il y a 5 ans ». La tweetosphère et les pages de memes se sont emparées des images et des phrases déjà cultes du débat. La créativité ne fait jamais défaut aux internautes.