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Francophonie : un sommet pour « créer, innover, entreprendre en français »

Le XIXe Sommet de la Francophonie s’est achevé ce samedi après deux journées de débats, tables rondes et discussions entre les 51 chefs d’Etat présents, et les représentants de 81 des 88 Etats-membres. « La Francophonie est un espace d’avenir », a rappelé Emmanuel Macron. Mais quelles sont les grandes décisions prises lors de ce sommet ?

Le XIXe Sommet de la Francophonie Le XIXe Sommet de la Francophonie
La secrétaire générale de l'OIF, le président français et le vice-Premier ministre cambodgien
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 5 octobre 2024, mis à jour le 6 octobre 2024

33 ans que la Francophonie ne s’était pas réunie en France. Ce sommet se devait donc d’être historique. Une rencontre internationale qui avait le double objectif «d’accélérer la coopération au sein de la francophonie dans les domaines économiques, éducatifs et culturels mais aussi de porter ensemble une ambition commune sur les grands enjeux globaux et la solution des crises », a rappelé le président français, en clôture de ces deux journées.

 

Emmanuel Macron lors de la clôture du sommet de la Francophonie au Grand Palais
Emmanuel Macron lors de la clôture du Sommet de la Francophonie au Grand Palais

 

La Francophonie fait front commun dans la crise

Impossible de réunir plus d’une centaine de représentants internationaux sans évoquer les nombreux conflits en cours, en Ukraine, au proche-Orient ou encore en RDC. L’Organisation internationale de la Francophonie peut-elle regarder dans la même direction sur des sujets qui déchirent parfois au sein même de ses rangs ? Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF, admet que le « multilatéralisme se porte mal ». « Nous avons eu lors de ce sommet une réflexion sur la plus-value de la Francophonie », a-t-elle ajouté.

Alors que l’Angola ou encore le Chili sont devenus membre de l’organisation, et que « d’autres pays en font la demande », l’OIF souhaite défendre l’importance du français dans les institutions internationales mais aussi de l’espace francophone comme réseau diplomatique. « La diplomatie parlementaire crée des ponts entre nos représentations et fait vivre les liens entre nos pays francophones », s’est ainsi réjoui Thani Mohamed-Soilihi, Secrétaire d’État chargé de la Francophonie et des Partenariats Internationaux.

Mais qu’en est-il en période de crise ? La situation au Liban a marqué ce Sommet et a créé une voix commune. « Nous nous sommes exprimés unanimement en faveur d'un cessez-le-feu et avons dit notre engagement pour la désescalade. Nous voulons la paix et la sécurité pour tous. Je remercie notamment nos partenaires de l'OlF d'avoir approuvé l'organisation par la France d'une conférence internationale de soutien au Liban, qui se tiendra au mois d’octobre », a annoncé Emmanuel Macron. Les travaux du sommet ont ainsi abouti à l'adoption de trois textes majeurs : la Déclaration du Sommet, la Déclaration de solidarité avec le Liban, et la Résolution sur les crises dans l'espace francophone. Ce dernier exprime sa « profonde préoccupation face à la situation humanitaire catastrophique qui prévaut à Gaza, soulignant l’urgente nécessité de parvenir à un cessez-le-feu immédiat et durable et à la libération immédiate de tous les otages, d’accroître l’aide humanitaire et d’en assurer l’acheminement et la distribution dans toute la bande de Gaza, de lever toutes les entraves sur les points de passage ».

 

Le thème de ce sommet Créer, innover et entreprendre en français, est aussi et surtout une manière d'encourager la jeunesse

 

L’avenir de la francophonie passe par la jeunesse

La langue française est parlée par «  320 millions de locuteurs à travers le monde et sera bientôt la 3e langue parlée dans le monde », s’est enthousiasmé le président français. Mais qui sont les pratiquants de la langue de Molière et Léopold Sédar Senghor ? Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a affirmé la « centralité de la jeunesse dans la Francophonie ». La question de l’emploi est pourtant centrale pour ces jeunes. «  Le thème de ce sommet Créer, innover et entreprendre en français, est aussi et surtout une manière d'encourager la jeunesse dans le domaine de l'innovation et de l'entrepreneuriat, à créer des liens à travers l'espace francophone, qui est un espace d’opportunités. », a-t-elle déclaré. 

La langue française doit donc devenir un outil de développement et d’innovation inclusif, qui profite à tous. Le Collège international de Villers-Cotterêts sera ainsi créé dès 2025 au sein de la Cité internationale de la langue française pour permettre d’améliorer la qualité de l’éducation francophone et de faire émerger, à l’échelle de la francophonie, une communauté de cadres éducatifs.

En parallèle, un Programme international mobilité employabilité francophone (PIMEF) dédié à la jeunesse verra le jour avec la mise en réseau des 1100 universités et centres de recherche membres de l’Agence universitaire de la Francophonie dans 120 pays. A l’instar du classement de Shanghai, un classement de Paris devrait voir le jour pour identifier les meilleurs établissements de l’espace francophone.

Pour faciliter les échanges d’étudiants freinés par des problèmes d’obtention de visas, la France s’engage à faciliter la circulation plus fluide des alumni de niveau Master 2, qui ont été diplômés en France, et provenant de tout l’espace francophone. France Volontaires mettra également en place un nouveau programme « Volontaires Unis pour la Francophonie » pour faciliter l’expérience de volontariat dans les pays membres de l’OIF.

 

 Un Internet libre, ouvert et sûr

 

L’Appel de Villers-Cotterêts pour une francophonie numérique

L’Appel de Villers-Cotterêts, lancé à l’occasion du Sommet, s’est lui focalisé sur l’avenir de l’espace francophone et notamment sur sa place dans la sphère numérique. Le français ne représente que 3,5% des contenus sur internet contre 25% pour l’anglais ou 15% pour le chinois. Or la consommation numérique est aujourd’hui le premier biais d’informations. « Un Internet libre, ouvert et sûr constitue un outil indispensable pour favoriser les échanges, l’inclusion et le développement. Les plateformes numériques occupant une place substantielle sur la toile, leur responsabilité sociétale ne saurait être négligée. », explique le texte ratifié par les Etats-membres.

Mais comme l’avait déjà rappelé un rapport de l’UNESCO, cette sécurisation des données et des informations ne peut se faire sans l’aide des plateformes numériques. L’Appel souhaite ainsi inviter ces acteurs à renforcer leurs engagements pour faire face aux différents défis : « lutte contre les fractures numériques et pour l’inclusion, protection des droits fondamentaux, promotion du pluralisme des courants de pensée et d’opinion, maintien de l’intégrité des processus électoraux ou encore promotion et protection du droit à bénéficier d’une information fiable et de qualité, comme de celui d’être protégé des contenus trompeurs, malveillants ou haineux et des discriminations sous toutes leurs formes. »

La Francophonie a listé 28 mesures pour assurer une plus grande transparence, diversité et proximité; assumer plus avant les responsabilités des plateformes en matière de modération des contenus; contribuer à mieux protéger les sociétés et les espaces informationnels francophones des risques liés à l’utilisation des services numériques, notamment en période de crise et d’élections; mais aussi contribuer à la diversité culturelle et linguistique et à la juste rémunération de la création.

L’OIF a également annoncé la création d’un centre de référence pour l’intelligence artificielle et la francophonie: « LANGU:IA », ainsi que la création du Réseau francophone de l’éducation aux médias et à l’information (REF’EMI) pour renforcer l’éducation aux médias et faire face à la désinformation. Le réseau francophone Théophraste travaillera également avec ses centres de formation en journalisme sur un document de référence mutualisable pour lutter contre la désinformation.

 

 

 

L’espace francophone, un espace de dialogue culturel et de changement

Certainement inspiré par la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le Sommet de la Francophonie a fait vivre l’évènement en dehors de la Cité internationale de la langue française et du Grand Palais. L’espace francophone a pu se vivre pendant cinq jours au Centquatre-Paris, transformé pour l’occasion en Village de la Francophonie. Spectacles, rencontres, performances, ont pu mettre à l’honneur la vivacité des artistes francophones venus des cinq continents.

Le festival Refaire le monde, organisé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en marge du Sommet de Villers-Cotterêts, a également permis de faire briller la francophonie dans 50 pays sur les 5 continents, à travers 150 initiatives artistiques. Ce festival pourrait revenir en 2026.

Les initiatives francophones doivent également s’inscrire dans une volonté d’égalité. La France a donc annoncé le lancement d’une Alliance féministe francophone, pour soutenir des organisations féministes, en complément du programme d’autonomisation des femmes de l’OIF, «La Francophonie avec elles». Un Réseau francophone pour l’égalité et les droits des femmes verra également le jour pour offrir un espace de concertation et de coordination sur les questions des droits des femmes et des filles et l’égalité de genre.

 

francotech

 

Francotech, un salon dédié à l’innovation francophone

L’innovation francophone a pu également briller lors du premier salon FrancoTech à Station F. Cet évènement inédit, co-organisé par Business France et l’Alliance des Patronats Francophones, avait pour but de favoriser les échanges, développer des réseaux et présenter l’innovation en français. Plus de 200 exposants ont pu ainsi faire briller une francophonie économique encore trop peu exploitée. « Business France propulse les entreprises françaises vers les marchés mondiaux. Une occasion unique de renforcer l’entrepreneuriat francophone à l’international », a rappelé l’organisation. L’enjeu est clair : propulser l’entrepreneuriat francophone sur le devant de la scène internationale.

Comme nous l’avait évoqué Roland Lescure, député des Français de l’étranger et ancien ministre de l’Industrie : « Je crois aussi beaucoup à la francophonie économique et à la création de réseaux d’entrepreneurs francophones, pour faire face aux énormes enjeux technologiques. Nous devons développer une intelligence artificielle en français et encourager des entreprises technologiques francophones. Nous ne devons pas passer à côté et laisser la place aux anglophones ». Le salon Francotech a pour but de perdurer et sera organisé tous les deux ans, en lien avec les prochains Sommets de la Francophonie.

 

 

 

La Francophonie s’envole vers le Cambodge en 2026

Le prochain pays-hôte du sommet a justement été annoncé. « En 2026, le sourire khmer sera le sourire de la Francophonie », a déclaré non sans émotion le Roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, évoquant son père, Norodom Sihanouk, l’un des fondateurs de l’OIF. Le Cambodge attend donc le reste du monde francophone pour le 20e sommet à Siem Reap dans le « cadre enchanteur » des temples d’Angkor Wat.

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