Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger défend un budget des bourses en augmentation avec un double objectif : préserver les familles les plus modestes et conserver les classes moyennes dans le système.
lepetitjournal.com - Des représentants et des élus des Français de l’étranger s’inquiètent de la baisse de 7% des bourses scolaires pour les familles ne bénéficiant pas de 100% d’aides, pourquoi cette décision malgré une inflation inquiétante un peu partout dans le monde ?
Olivier Becht : Je voudrais tout d’abord tordre le cou aux fausses informations colportées par certains dans le cadre de la campagne sénatoriale, selon lesquelles nous baisserions le montant des bourses de 7%. C'est une fake news. Au contraire, le budget global des bourses est en augmentation, puisque nous avons revu à la hausse l’enveloppe de 104,4 millions d’euros du budget 2023, pour la porter à 114 millions d’euros, en mobilisant les marges budgétaires à notre disposition.
Néanmoins, cette augmentation ne suffit pas à couvrir l’inflation mondiale qui se répercute sur les coûts de scolarité dans certains établissements du réseau d’enseignement français à l’étranger. J’ai pris une décision : n’abandonner personne et surtout protéger au maximum les élèves de la classe moyenne qui bénéficient du système de bourses. Nous avons donc pris la décision de réduire très légèrement la quotité, de 5% et non « 7% », pour les familles en-dessous de 80% de quotité de bourse. Pour celles-ci, la somme versée ne sera pas forcément inférieure à l’année précédente puisque si les frais de scolarité augmentent, la bourse augmente aussi. C’est la prise en charge proportionnelle qui pourrait baisser légèrement.
Pourquoi cette mesure ? En responsabilité, nous devons légitimement maîtriser le déficit public. Il ne serait pas moral d’augmenter sans cesse les dépenses de fonctionnement par de la dette portant sur nos générations futures.
Toutefois, l’éducation est une priorité pour le Gouvernement, en France comme à l’étranger. Ainsi, nous souhaitons à l’automne prochain que le budget des bourses soit encore augmenté dans le cadre du budget 2024, et ce malgré des restrictions budgétaires sur chaque poste. C’est un effort majeur réalisé pour tous les Français de l’étranger. J’espère que les oppositions qui manipulent aujourd’hui ce sujet des bourses à des fins électoralistes seront bien au rendez-vous pour voter ce budget cet automne.
Partagez-vous les craintes de déscolarisation de certains élèves boursiers ?
Nous mettons les moyens pour rester aux côtés des familles françaises qui souhaitent scolariser leur enfant dans le système scolaire français à l’étranger. C’est le sens de tout le soutien financier apporté par l’Etat à notre système éducatif. Nous devons permettre à tout dossier retenu de percevoir une aide. Pour cela, comme je l’ai dit, nous allons baisser légèrement, de 5%, la quotité pour les familles qui disposent d’une prise en charge de moins de 80%, soit un quart des boursiers. Pour les familles dont la quotité de bourse est entre 99% et 80%, l’impact sera limité puisque la CPS est progressive sur ces tranches.
C’est un état d’esprit de justice et d’équité, qui nous guide : préserver les familles les plus modestes et conserver les classes moyennes dans le système de bourses.
J’ai pris une décision : n’abandonner personne et surtout protéger au maximum les élèves de la classe moyenne qui bénéficient du système de bourses.
Est-ce que, selon vous, les bourses scolaires attribuées sont suffisantes pour rendre le système français attractif auprès des familles françaises à l’étranger ?
L’Etat français investit directement près d’un demi-milliard d’euros par an pour l’enseignement français à l’étranger. Le système de bourses français est l’un des plus généreux pour soutenir les familles. Un élève français sur cinq dans notre réseau est boursier, ce qui représente un facteur déterminant pour de nombreuses familles. Mais ce n’est pas le seul critère qui nous distingue de la concurrence. L’excellence de l’offre éducative et la continuité du cursus à travers les 580 établissements dans 139 pays constituent un argument majeur en faveur de notre réseau.
Dans ce cadre, pensez-vous toujours atteignable l’objectif du doublement du nombre d'élèves dans les établissements français à l’étranger fixé par Emmanuel Macron ?
L’objectif des 700.000 enfants scolarisés en 2030 est atteignable, d’ailleurs nous attendons plus d’inscrits que jamais lors de cette rentrée avec 400.000 élèves, 15 nouveaux établissements et 44 extensions d’homologation. Notre but est de faire croître les effectifs dans le réseau existant, d’augmenter le nombre d’établissements homologués à qualité égale, et de développer de nouvelles filières. Nos efforts vont également se porter en particulier sur 11 pays prioritaires : l’Arabie Saoudite, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Inde, le Brésil, le Mexique, les Etats-Unis, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigeria et la République démocratique du Congo.
Une nouvelle directrice, Claudia Scherer-Effosse, va prendre la tête de l’AEFE, quels seront ses objectifs prioritaires ?
Je me réjouis de son arrivée et je vais d’ailleurs la rencontrer très prochainement. J’aurai à cœur de travailler à ses côtés afin de maintenir le cap fixé par le Président, et faire prospérer notre réseau vers la voie de l’excellence, car l’enseignement français à l’étranger est un pilier de notre influence dans le monde. Je lui fais toute confiance pour s’inscrire dans les pas de son prédécesseur afin d’atteindre ensemble nos objectifs.
C’est un état d’esprit de justice et d’équité, qui nous guide : préserver les familles les plus modestes et conserver les classes moyennes dans le système de bourses.
À l’approche de la rentrée scolaire, que souhaitez-vous aux élèves mais aussi au personnel des établissements français à l’étranger ?
Je souhaite à tous les élèves, enseignants, personnels, familles une très belle rentrée des classes et je les remercie tous de participer à l’excellence de notre réseau. Enseigner ou étudier au sein de notre réseau d’enseignement français à l’étranger est une chance et une fierté. Notre souhait est d’accompagner au mieux les professeurs afin de donner les meilleures chances à chacun de réussir.
Propos recueillis par Hervé HEYRAUD. lepetitjournal.com