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Les gardes de sécurité diplomatique, ces expatriés protégeant la diplomatie française

La France possède le 5e plus grand réseau diplomatique au monde selon The Lowy Institute. Une telle présence diplomatique nécessite d’être sécurisée, un devoir de protection qui incombe aux Gardes de Sécurité Diplomatique, les GSD.

Gardes de sécurité diplomatique Gardes de sécurité diplomatique
Écrit par Paul Le Quément
Publié le 25 juin 2024, mis à jour le 27 juin 2024

 

Certains expatriés français dans le monde ont pour mission d’assurer la sécurité des institutions françaises à l’étranger. Une tâche à laquelle doivent faire face les Gardes de sécurité diplomatique (GSD) : des policiers ou gendarmes formés spécifiquement pour ce genre de mission. Avec 249 ambassades et consulats dans le monde, la France est le 5e plus grand réseau diplomatique selon The Lowy Institute. La sécurité de tout ces établissements diplomatique dépend de la convention de Vienne et donc du pays hôte.  

Pour assurer la protection de ses représentants, le réseau des GSD est composé de 190 fonctionnaires de police, répartis sur 47 pays. Un chiffre qui correspond aux policiers exerçant ce métier, du côté des gendarmes, le personnel s'élève à 312 pour 117 postes au total. Cependant, les GSD  sont parfois en charge de plusieurs pays en même temps. Au total, 80 états sont supervisés par les GSD. Un rôle bien différent de celui d’un gendarme ou policier en France : “Ce qui change est l’autonomie et le goût des responsabilités” explique Frédéric Bataille, major de gendarmerie et adjoint au conseiller technique gendarmerie pour la sécurité diplomatique. 

 

En fonction des pays, l’effectif du détachement de sécurité, dont font partie les GSD, varie de 1 à 27 personnes. 

 

 

Le rôle d’un Garde de sécurité diplomatique à l’étranger 

Les Gardes de sécurité diplomatique, qu’ils soient policiers ou gendarmes, disposent de la même mission : “Ils sont à la disposition d'une représentation diplomatique française, que ce soit une ambassade ou un consulat, pour assurer la mise en place de la protection physique de l’emprise.”  nous raconte Laurent Boulier, adjudant chef de gendarmerie et gestionnaire des gardes de sécurité diplomatique de la gendarmerie, rencontré à Paris. 

En quoi consistent leurs missions ? Ils vont “gérer tout ce qui est les contrôles d’accès et les détections, qu’elles soient par vidéosurveillance ou par badge”, poursuit-il. Cela implique de “superviser les compagnies de sécurité mises à disposition.” Ils doivent aussi travailler main dans la main avec le chef de poste diplomatique ou autrement dit, l’ambassadeur : “Le travail est d'être le conseiller du chef de poste. Donc cela concerne toutes les mesures de sûreté qui peuvent être prises pour l’ambassade/consulat ou pour les ressortissants français.” détaille Laurent Boulier. Un GSD occupe donc une place importante au sein d’une ambassade ou d’un consulat. En fonction des pays, l’effectif du détachement de sécurité, dont font partie les GSD, varie de 1 à 27 personnes. 

 

 

Les Gardes de sécurité diplomatique
Ambassade de France en Autriche, à Vienne

 

 

Il y a des pays très sensibles sur lesquels nous envoyons des personnes célibataires ou célibataires géographiques

 

 

Une expatriation atypique pour les GSD, en famille ou non 

Mais, au-delà de leurs missions, les GSD doivent aussi s’adapter à une toute nouvelle vie, celle d’expatrié. Cette expérience diffère énormément d’un pays à l’autre : “Il y a des pays très sensibles sur lesquels nous envoyons des personnes célibataires ou célibataires géographiques car les épouses ne peuvent pas être mises en danger en étant sur place comme en Irak ou en Libye. Sur ce type de poste, nous n’envoyons pas de familles.” précise Laurent Boulier. 

En revanche, la situation inverse est aussi possible : “Si le personnel est envoyé sur des ambassades européennes où il n'y a pas de soucis pour que la famille puisse être avec eux, alors ils peuvent profiter de l'expatriation ensemble.” 

Loin d'être une décision anodine, la gendarmerie et le commandement de la gendarmerie des missions extérieures sensibilisent de plus en plus au départ en expatriation : “En tant que GSD, nous ne sommes pas sur un portage illusoire de partir au soleil et d’appuyer sur un bouton rouge ou vert pour ouvrir les portes dans une ambassade” explique Laurent Boulier. La réalité est tout autre : “Il y a de plus en plus de problématiques de criminalité - dans des pays en Afrique mais aussi en Amérique du Sud - qui sont des aspects contraignants dans la vie de famille”. Il faut donc arriver à sensibiliser les familles. Il peut même arriver une situation où “le gendarme reste et la famille doit rentrer en France". Un départ dans un pays instable peut donc parfois résulter d’une situation “où il va falloir que le noyau familial soit évacué dans des conditions plutôt stressantes comme à Khartoum.”

 

 

Gardes de sécurité diplomatique
Ambassade de France en Allemagne, à Berlin 

 

 

Garde de sécurité diplomatique, un rôle indispensable et autonome

Avant d’occuper un poste au sein de la direction des GSD, Frédéric Bataille en était un lui-même. Il a occupé des fonctions au sein des ambassades en Irak et à Alger. Un choix de carrière qui s’explique par une envie de changer d’air : “Je pense que pour beaucoup de gardes de sécurité, ce métier nous sort de notre contexte bien carré avec notre état d’esprit militaire. Nous changeons complètement de ministère pour être avec des personnes venant d’autres horizons. Le tout dans un fonctionnement un peu différent de celui de la gendarmerie. [...] Cela nous extériorise et nous fait relativiser sur notre condition de gendarme.”

 

 

Nous sommes de vrais acteurs de ce travail-là, ce qui amène donc une reconnaissance de la profession.

 

Outre ce changement drastique de théâtre d’opérations et cet éloignement avec la métropole, être GSD signifie aussi de plus grandes responsabilités. Un aspect qui a séduit Laurent Boulier, ayant lui aussi occupé différents postes au sein des ambassades de Jérusalem et de Tel Aviv : “La partie que j'apprécie le plus dans la fonction de GSD ou de responsable du détachement, est que le gendarme - lorsqu’il est en poste dans sa journée- , est le patron. Il gère l’ensemble de la sécurité même s’il a un chef à proximité. Il a la vision de tout, il a l'autonomie. Ce besoin d'être totalement autonome n’est pas forcément présent dans des fonctions métropolitaines où nous allons subordonner la prise de décision à plusieurs casquettes.“ 

Cette “position centrale de vision” permet d’avoir une connaissance précise de la situation du pays et de tous les éléments que cela implique. Ainsi, tout ce qui “se déroule derrière les murs d’une ambassade, que ce soit politique ou administratif, vis à vis de la population locale et des relations binationales avec la France est important. Nous sommes de vrais acteurs de ce travail-là, ce qui amène donc une reconnaissance de la profession.” précise Laurent Boulier. 

 

 

GSD
Ambassade de France en Croatie, à Zagreb

 

 

“Plus nous sommes à l’extérieur, plus nous l’apprécions. Je pense que la très grande majorité font des demandes pour repartir.”

 

 

L'expatriation en tant que Garde de sécurité diplomatique, un goût de revenez-y ?

Alors que la durée d’un contrat pour un GSD est de 3 ans + une année basée “sur le volontariat de la personne et sur sa compétence à faire le travail”, nombreux sont ceux qui souhaitent repartir : “Plus nous sommes à l’extérieur, plus nous l’apprécions. Je pense que la très grande majorité font des demandes pour repartir.” Certains sont séduits par cette expatriation atypique : “Il y a une vraie expérience de l'expatriation et de ces qualités de travail. Il y a des personnes qui veulent uniquement aller travailler dans des pays difficiles car la cohésion est là. Je ne parle pas de l'aspect financier, mais vraiment de l'investissement et de l'engagement professionnel qui sont importants.”


Mais une expatriation dans un autre pays permet aussi, parfois, de mieux se rendre compte “de la qualité de vie en France” raconte Laurent Boulier. Et comme le résume Frédéric Bataille, “l’expatriation est un état d’esprit et surtout un choix familial”. Ce choix d'expatriation atypique permet aux Gardes de sécurité diplomatique de continuer à veiller à la sûreté des institutions françaises dans le monde.

 

 

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