Plages bondées, lieux touristiques surpeuplés… pas de doute, l’été est là. De nombreux sites en France et en Europe voient des touristes arriver en masse, à tel point que l’on en vient à parler de surtourisme.
Le surtourisme est sur toutes les lèvres. Terme utilisé de façon récurrente depuis au moins le milieu des années 2010, il désigne le nombre abondant de touristes qui affluent dans les lieux spécifiques, au point de les engorger. La France reste d'ailleurs le pays le plus visité au monde et fait face à un nombre toujours plus important de touristes. Certains sites de l’Hexagone se voient contraints de le réguler, notamment pour préserver le lieu.
Le surtourisme, réalité ou simple terme en tendance ?
Certains professionnels du monde du tourisme n’y voient qu’un terme en tendance - comme on en voit chaque année - pour désigner une réalité qui ne date pas d’hier ou faire culpabiliser les touristes qui souhaitent partir en vacances dans des lieux ultra-fréquentés. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), à l’échelle mondiale, 95% des touristes se concentreraient sur moins de 5% des terres émergées. Si le tourisme constitue un atout économique certain, en France 80% de l’activité touristique est répartie sur 20% du territoire. Les chiffres tendraient donc à démontrer la réalité du phénomène.
Ces capitales européennes qui attirent le plus de touristes par habitant
Depuis la levée des mesures liées à la pandémie de Covid-19, le tourisme est en net regain, bien qu’encore loin du niveau avant 2020, même si l’année 2022 a enregistré une reprise bien plus forte que prévu. Selon l’OMT, 2023 pourrait marquer le retour à des niveaux oscillant entre 80% et 95% de la normale d’avant pandémie en Europe et au Moyen-Orient.
En France, ces destinations qui appliquent déjà des quotas pour réguler le nombre de touristes
Il y a quelques années, on disait de la France qu’elle n’était pas touchée par le surtourisme. En 2023, le gouvernement français a révélé le 18 juin un plan national pour mieux gérer les pics de fréquentation relevés dans certaines zones en France à des périodes données. Pour l’heure, ce plan se traduit par la mise en place d’une plateforme numérique au premier semestre 2024, ainsi qu’un observatoire à l’échelle du territoire pour les sites touristiques majeurs. Leur but sera de récolter un maximum de données, dont manque cruellement le gouvernement.
Parmi lesdits sites touristiques majeurs, certains n’ont pas attendu pour appliquer des mesures visant à réguler le nombre important de touristes venant les visiter. En tête de ces destinations, nous retrouvons l’île de Bréhat, dans les Côtes d’Armor. Du 14 juillet au 25 août, et de 8h30 à 14h30, seuls 4700 visiteurs sont autorisés sur l’île en semaine. Le but visé étant d’éviter les pics de fréquentation afin de protéger certains sites, dont certains sont victimes d’érosion.
Du côté de Marseille, c’est aussi l’érosion dans le parc national des Calanques qui est en cause. Les calanques les plus fréquentées que sont les Pierres Tombées et Sugiton sont accessibles uniquement sur réservation jusqu’au 3 septembre 2023. Au total, 400 personnes seulement peuvent accéder au site chaque jour.
Ici et là, d’autres grands sites culturels et touristiques français appliquent des mesures adaptées pour faire face au surtourisme. En font partie le parc national de Port Cros - comprenant les îles de Porquerolles, Port-Cros et du Levant - le Mont-Saint-Michel, Etretat, ou même le Mont Blanc.
Mollow : « De quoi rêvez-vous le plus : l'Orient Express ou un jet privé ? »
Autriche, Espagne, Italie… l’Europe répond au tourisme de masse
Les recettes mondiales pour le tourisme auraient dépassé les 1000 milliards de dollars en 2022 (64% du niveau avant la pandémie), dont 550 milliards sont à mettre au compte de l’Europe. La France n’est ainsi pas la seule à faire face au surtourisme sur le Vieux Continent. Plusieurs pays tels que la Croatie, l’Autriche, l’Espagne, la Suisse ou l’Italie, pour ne citer qu’eux, y sont confrontés. Comme dans l’Hexagone, certaines destinations ont décidé de prendre des mesures, que ce soit pour préserver un lieu historique ou naturel, ou en considération de la population locale.
En Italie, Venise a interdit les bateaux de croisière de son centre historique tandis que la pittoresque ville de Portofino a établi des zones interdites au public pour éviter que les touristes ne s’y amassent pour se prendre en photo. Les personnes passant trop de temps sur les quais entre 10h30 et 18h sont également susceptibles d’hériter d’une amende de 270 euros. Du côté de la péninsule ibérique, plusieurs îles espagnoles sont maintenant surpeuplées. Majorque entend ainsi limiter à 430.000 le nombre de lits pour les touristes.
En Autriche, une situation particulière s’est déroulée à Hallstatt, ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. La municipalité a érigé un clôture en bois pour empêcher les visiteurs de se prendre en photo à l’endroit le plus « instagrammable » (comprendre que le lieu est idéal pour prendre une photo et la publier sur Instagram, notamment). La réaction sur les réseaux sociaux a été telle que la clôture a dû être retirée, remplacée par une simple banderole rappelant de respecter la tranquillité des riverains. Le maire Alexandre Scheutz a cependant imposé une limite journalière au nombre de bus et de voitures pouvant entrer dans la ville.
Dans la même veine, la petite bourgade suisse d’Iseltwald, lassée de voir arriver en masse des touristes cherchant à recréer en photo une scène du k-drama Crash Landing on you, a pris une mesure plus pragmatique. Elle a mis en place un tourniquet et un tarif de 5 francs suisses (5,16€) pour accéder à la jetée visible dans la série, d’où les fans aiment se mettre en scène.