Le 17 juin est la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, un problème commun dans plusieurs régions du monde, notamment en Asie et en Afrique. Mais un homme, Tony Rinaudo, a trouvé la solution à une équation qui paraissait pourtant insolvable : la Régénération Naturelle Avancée (RNA). Un procédé révolutionnaire et simple qui consiste à laisser la nature se soigner d’elle-même. Avec l’ONG World Vision, sa méthode est désormais largement utilisée dans des projets pour améliorer la vie des locaux dans le monde.
La désertification est un problème qui touche de nombreux pays dans le monde et qui s’accentue avec le réchauffement climatique. Malgré cela, Tony Rinaudo, un agronome australien, a trouvé la clé pour lutter contre ce problème de manière durable et économique; la Régénération Naturelle Avancée (RNA). En d’autres termes, laisser la nature se soigner toute seule.
Cette méthode simple et peu coûteuse est avant tout un enjeu sociétal qui consiste “à changer les perceptions et les esprits des fermiers locaux” explique Tony Rinaudo. Avant d'arriver à ce constat, Tony Rinaudo, surnommé “le paysan blanc fou” par les locaux, passe plusieurs années au Niger pour trouver une méthode fonctionnelle durable contre la désertification. La tâche n’est pas évidente avec un sol d’une température de 60 degrés, le réchauffement climatique, le manque de pluie ou encore les invasions d’insectes nuisibles…
Mais, un jour, il s'aperçoit que les arbres d’anciennes forêts sont encore vivants, sous la forme de racines et de souches ressemblant à des buissons dans le désert. Tout d’un coup, l’équation est beaucoup plus simple. Il ne faut pas replanter des arbres, mais tout simplement protéger et surtout restaurer la végétation existante.
À la conquête du monde avec World Vision
Rapidement, les résultats sont là : en 40 ans, 200 millions d’arbres ont poussé sans pour autant avoir planté la moindre espèce au Niger. Avec une telle solution contre la désertification, il ne faut pas attendre longtemps avant de voir cette technique se multiplier à travers le globe. Avec l’aide de World Vision et notamment sa branche France créée il y a une vingtaine d'années, la RNA se démocratise dans des pays comme le Ghana.
L’objectif de l’ONG World Vision est de lutter contre la pauvreté des enfants dans le monde en améliorant notamment l’éducation, la nutrition, en facilitant l’accès à l’eau… L’ambition de cette organisation est de mettre en place la RNA dans 100 pays d’Afrique et d’Asie d’ici 2030.
La RNA, une méthode durable mais aussi économique
L’un des principaux atouts de la RNA est son faible coût économique, bien moindre que celui pour planter de nouveaux arbres : Il faut compter entre 400 et 8.000 dollars par hectare de nouveaux arbres plantés contre 40 à 50 dollars par hectare en utilisant la RNA.
La revégétalisation entraîne ensuite un cercle vertueux : suffisamment de nourriture, moins de vent grâce aux arbres, le retour des prédateurs des insectes... Finalement, “la biodiversité revient progressivement dans les régions où la RNA est passée.” raconte Tony Rinaudo. La reconstitution de ces écosystèmes entiers se fait en seulement 3 ans. En s’associant et démocratisant via ses antennes locales, World Vision et Tony Rinaudo espèrent redonner espoir aux populations.
Destination l’Ouganda pour la RNA et World Vision France
World Vision France a d’abord implanté la RNA au Ghana. Le pays avait perdu 17 % de sa superficie forestière entre 2001 et 2019 selon Global Forest Watch. À l'issue du passage de l’ONG, pas moins de 180 agriculteurs ont été formés à cette méthode révolutionnaire et naturelle. Au total, 600 familles ont adopté cette dernière dans la région de Talensi. Mais surtout, plus de 160 hectares de forêts ont pu être restaurés via la technique de Tony Rinaudo.
Alors, après avoir appliqué la RNA au Ghana avec des résultats impressionnants, World Vision France se tourne désormais vers l’Ouganda depuis 2023. Le pays relève d’un chantier important en matière de reforestation. Entre 1990 et 2020, plus d’1.2 milliard d'hectares ont été perdus. World Vision France estime qu'au total 358.430 personnes bénéficieront de ce projet. Un plan ambitieux, mais d’une importance vitale pour les populations locales. À terme, Tony Rinaudo, aidé par l’ONG World Vision, vise la restauration d’un milliard d'hectares de terres dégradées d’ici 10 ans.