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Vivre à l’étranger et se former en France, le pari des enfants d’expat

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Écrit par Justine Hugues
Publié le 1 septembre 2019, mis à jour le 3 décembre 2020

Après une enfance entre Ho Chi Minh et Caracas, ils ont quitté le nid pour partir faire leurs études en France. Entre découvertes et difficultés, Fernando, Basma, Jean, Philippe et Alexandre nous racontent leurs quotidien et aspirations. 

 

« Je ne me suis jamais intéressé à d’autres pays que la France pour la poursuite de mes études supérieures. Mes parents m’ont scolarisé depuis la maternelle au lycée français de Caracas pour me permettre d’être en lien quotidiennement avec la culture et le système scolaire français » raconte Fernando, 19 ans, qui entame sa deuxième année à Sciences Po Paris. 

 

A lui et à quatre autres étudiants qui ont quitté leur famille expatriée pour revenir étudier en Hexagone, lepetitjournal.com a donc posé la question : pourquoi ce choix ? Pour beaucoup, s’envoler pour la France une fois le bac en poche est une évidence. « C’est un choix qui s’est fait sans vraie réflexion en fait, un peu naturellement », confie Philippe, qui a terminé ses études à l’ESCE Paris, après presque 10 ans de vie en Asie. « N’ayant pas forcément d’idées précises sur ce que je voulais faire ensuite, une classe prépa en France m’était présentée comme une suite tracée pour une personne sortant d’un lycée Français de l’étranger » abonde Jean, en dernière année de cycle d’ ingénieur généraliste à l’ENSTA Bretagne. Chez les Français ou les binationaux, approfondir la connaissance d’un pays qu’ils côtoient par intermittence, pendant les vacances d’été, voire pas du tout, est une opportunité précieuse. A l’instar de Fernando, Basma, Franco-syrienne de 20 ans, « a toujours eu envie de découvrir son pays » et cette part d’identité développée en dehors des frontières. 

 

 

Une qualité d’enseignement à la hauteur des attentes

 

Attirés également par la bonne réputation des études supérieures françaises, les étudiants confirment ne pas avoir été déçus. « Ce fut plus simple en termes de coûts, de logistique, de culture, que de partir à l’étranger (USA, Canada, Europe) tout en ayant un très bon niveau d’études », observe Jean. Et Philippe de renchérir : « On avait des stages et des échanges universitaires qui permettent de partir à l’étranger, et c’est pourquoi j’avais choisi cette école ». 

Pour autant, c’est parfois un parcours de combattant qui attend ces anciens expatriés à peine sortis du nid.  

 

De nombreuses difficultés au quotidien

 

Accéder à un logement, ouvrir un compte en banque ou acquérir un forfait téléphonique, se faire au climat et à la gastronomie, joindre les deux bouts dans une vie étudiante onéreuse …Nos interlocuteurs citent pléthore de difficultés. « Quand on arrive, il y a plein de démarches à faire en même temps (banque, mairie, transport, carte vitale, etc..), illustre Philipe. Comme je n’étais pas encore majeur, ça a compliqué les démarches, surtout avec l’administration française ! ».  Pour Basma, également mineure à son arrivée, trouver un logement s’est avéré un casse tête. «  Mes parents ne pouvaient pas se porter garants et beaucoup d’internats ferment le weekend », explique-t-elle.  

 

Être jetés dans le grand bain de la vie étudiante française - et notamment parisienne - est vécu d’autant plus difficilement par des étudiants qui ont passé des années à l’étranger dans un confort matériel et une liberté appréciables. «  Au Vietnam, je pouvais manger un Phó ou un Com Tâm à 3 heures du matin, raconte Philippe.  Plein de petites choses anecdotiques me manquent. A Paris, si on veut sortir en boîte, on fait la queue, on paie l’entrée, on refait la queue pour le vestiaire, on repaie, tout est loin quand on veut faire une activité, la plupart des étudiants vivent encore chez leurs parents ou ont déjà leur vie établie. L’assimilation aurait été plus facile dans une ville moins grande avec un campus universitaire, où c’est un « nouveau départ » pour tout le monde  ». 

 

Le « microcosme » des lycées français à l’étranger fait beaucoup de nostalgiques, dont Alexandre, qui a étudié 15 ans au lycée français d’Alicante avant de rejoindre les bancs de La Sorbonne : « A l’étranger, nous avons les mêmes camarades, les mêmes professeurs. C’est une sorte de famille qui ne se retrouve pas forcément en France. L’Espagne reste le pays où j’ai vécu depuis mes 2 ans et que j’apprécie énormément pour sa qualité de vie  ».  

 

Loin des yeux, près du téléphone

 

Comment vivent-ils dès lors l’éloignement d’avec leur cocon familial ? Libération ou déchirure ? Fernando se dit partagé entre « sentiment de tristesse » et « émotion et joie face à cette nouvelle étape ». Le Franco-vénézuélien explique avoir conservé une relation « très étroite » et « quotidienne », avec les siens, notamment par téléphone. « Nous avons la chance de vivre dans une époque où quitter un pays ne rime pas forcément avec quitter ses proches, se réjouit Basma. Je suis régulièrement en contact avec mes parents grâce à des applis comme Whatsapp et Messenger et je leur rends visite au Liban 4 fois par an en moyenne ».

 

Pour les étudiants interrogés, le départ du foyer familial est d’autant plus surmontable qu’ils ont été habitués à changer de pays régulièrement, au fil des expatriations successives de leurs parents. « Les expatriés changent souvent de contexte, ce qui les rend plus adaptables et la socialisation plus facile », assure Jean. 

 

 

Des étudiants plus enclins à poursuivre leur carrière à l’étranger

 

Si cette ouverture précoce sur le monde, propre aux enfants d’expatriés, peut être à l’origine de « légers décalages » avec les autres étudiants moins habitués à vivre dans une « culture internationale, où tout le monde se côtoie et se mélange », reconnaissent Basma et Philippe, elle est avant tout vécue comme une opportunité. « C’est une chance et une expérience incroyable de pouvoir être en relation depuis notre plus jeune âge avec des étudiants venant de cultures différentes, affirme Fernando. Ce multiculturalisme se traduit également par un réseau d’amitiés partout dans le monde. Des amitiés qui ne se distendent jamais ». 

 

Un goût pour le voyage et l’altérité à l’origine de vocations internationales ? « Probablement », répond Fernando qui a déjà prévu de faire sa troisième année d’études à l’étranger. Définitivement pour Alexandre, en licence à distance à La Sorbonne pour pouvoir « vivre plus longtemps en Espagne ». Même son de cloche du côté Philipe qui répond vouloir retourner vivre à l’étranger avec un grand oui. « C’est plus stimulant et motivant et on y fait souvent de belles rencontres », conclut-il. 

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