La fin de l’année scolaire approche, les « grands » s’apprêtent à partir faire leurs études à l’étranger pour la plupart… c’est un départ pour eux, et un nouveau départ pour nous parents, une étape à passer…
Certains la vivent bien, d’autres plus difficilement et chacun à sa manière de toute façon. Parfois, ce départ peut raviver des failles ou des déserts internes, ou alors être vécu comme une libération ou un nouvel espace de création. Nous allons voir que c’est toujours un peu de tout ça à la fois. Cette période est « un véritable remaniement psychique et familiale », comme le souligne Béatrice Copper Royer, psychothérapeute et auteur de "Le Jour où les enfants s'en vont,"(éd. Albin Michel, 09/2014). Selon les relations que nous avons construites avec notre enfant, le schéma va être différent et très personnel.
Autonomisation en route
Nous sommes tous un TOUT avec plusieurs facettes dont la facette parentale, amicale, familiale, professionnelle, etc... Au moment où l’enfant quitte le nid, il va falloir retrouver un nouvel équilibre et nous réajuster par rapport à cette évolution familiale. C’est une nouvelle structure à envisager, un nouveau positionnement à trouver. À nous de jouer ! Heureusement, les choses se font petit à petit et nous avons le temps de nous y adapter.
Le but ultime de l’éducation est l’autonomisation. « Notre enfant ne nous appartient pas » : on le sait, on nous l’a dit et redit. Il est tout de même parfois difficile, quand le moment se présente, de le laisser partir sans une once de peur et d’insécurité pour lui. On aimerait tellement lui éviter les déboires de l’expérience de l’autonomie, mais il doit s’envoler de ses propres ailes et faire son expérience par lui-même, c’est inévitable. Ce temps d’études est là pour ça, c’est une phase de semi-autonomie où il apprend à faire seul, tout en étant encore soutenu et accompagné des parents à distance, surtout la première année. Alors à nous de gérer nos angoisses et laissons-le faire son expérience, tout aussi étrange qu’elle puisse paraître parfois. Soyons prêts à intervenir si besoin, tout en restant curieux et attentifs à son évolution !
Le couple et la famille au sens large
D’autre part, dans un couple ou une famille, en fonction de la vie de chacun et de sa transmission transgénérationnelle, l’enfant peut être dépositaire d’une « mission », d’un « mandat transgénérationnel » à accomplir pour le couple ou le groupe, de façon tout à fait inconsciente. Le rôle, pas tout à fait juste, qu’on a pu lui assigner involontairement, l’amène à réparer ou à faire mieux que ses parents. Il vient alors combler nos failles, et lorsqu’il part du nid, cela vient tout simplement raviver et parfois remettre à nu cette faille personnelle ou liée au couple. En effet, si le couple n’allait pas très bien avant l’arrivée des enfants, ces derniers ont pu combler d’une manière ou d’une autre le déséquilibre ou le malaise pendant des années, et c’est ce déséquilibre qui est à nouveau mis à jour lors du départ de l’enfant. Le couple peut, alors, vivre ou revivre un moment de crise qu’il devra affronter à ce moment-là.
Pour d’autres, et souvent pour les familles monoparentales ou pour les parents qui ont « tout donné » à leur enfant, un vide se fait terriblement sentir et l’enfant peut avoir un sentiment de culpabilité à laisser son parent « seul ». Cela peut être perçu par les deux parties comme une chute, une dépression, et surtout un grand vide à remplir seul(e) à ce moment-là. Chacun doit trouver sa nouvelle voie, son nouvel équilibre, et à nous, adultes, d’alléger le poids de la culpabilité en leur montrant que même si c’est difficile pour nous, nous saurons le gérer ou nous faire accompagner pour traverser la crise.
Une dynamique à double sens
Ce départ est très ambivalent, car dans la famille, quoi qu’il arrive, c’est une phase de deuil pour tous. Rien ne sera plus comme avant, c’est une nouvelle étape, mais une étape à double mouvement : du côté de l’enfant, c’est une dynamique d’ouverture et de liberté, tout devient possible ou presque, il doit se chercher et se trouver comme adulte ; du côté des parents, c’est un mouvement qui côtoie souvent la crise de la mi-vie, ou l’approche de la retraite pour certains, ou encore des changements hormonaux qui font penser surtout à un rétrécissement du champ de vie. Et c’est là que tout est à recréer et à réinventer. Les parents doivent relancer une nouvelle dynamique familiale avec les aspirations des uns et des autres ; nous ne sommes plus les chefs de famille, les leaders qui donnent le cap et la dynamique, mais bien des co-créateurs où toute la sensibilité des uns et des autres en tant qu’adultes doit être écoutée et respectée, ce ne sont plus nos « petits » enfants, mais bien des adultes en devenir avec qui nous devons recréer de nouvelles relations.
Liberté et nouvel espace
Pour finir, la bonne nouvelle, quand même, pour nous, parents, c’est qu’à ce moment-là, du temps nous est offert. On va pouvoir repenser plus à soi, remettre en lumière ce que nous avons mis de côté ou en sourdine pour les enfants. C’est l’époque de faire refleurir une passion, un travail, une amitié, une complicité dans le couple. Alors ne regardons pas que par un bout de la lorgnette. Comme pour tout, il y a des avantages et des inconvénients, à nous de nous replacer afin de profiter au mieux de ce nouvel espace et de ce nouveau temps.
C’est de notre ressort d’accompagner au mieux nos enfants dans ce nouveau positionnement familial. Alors bonne route à tous ces jeunes qui partent et à ces parents en transition de vie !
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