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Post Covid-19 : les emplois sacrifiés des jeunes travailleurs

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Écrit par Déborah Collet
Publié le 2 juin 2020, mis à jour le 2 juin 2020

D’après l’Observatoire de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), plus d’un jeune sur six se retrouve sans emploi depuis le début de la crise sanitaire. Leurs vies professionnelles seront-elles marquées à jamais par la crise du Covid-19 ?

La crise sanitaire met à mal les perspectives professionnelles des jeunes qui font face à des pertes d’emplois, des interruptions de formations professionnelles et des difficultés à s’insérer sur le marché du travail.

 

Chômage : les jeunes aux premières loges

Dans le cadre de l’Initiative mondiale pour l’emploi décent des jeunes, le Bureau International du Travail (BIT) et d’autres organismes partenaires ont dirigé une étude mondiale révélant que plus d’un jeune sur six interrogés a arrêté de travailler depuis l’apparition de l’épidémie de Covid-19. L’Observatoire de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) nous rappelle que bien avant l’apparition de la pandémie mondiale, la génération des jeunes travailleurs, âgés de 15 à 24 ans, était la plus touchée par le chômage. Environ 267 millions de jeunes présents dans le monde n’étaient ni employés, ni étudiants et ni stagiaires (NEET). En 2019, trois quarts des jeunes dans le monde occupaient des emplois informels, les privant, pour certains de protection sociale et de conditions de travail décentes.

 

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Depuis février 2020, à l’échelle mondiale, le taux de chômage a dépassé 30 % chez les jeunes femmes et atteint 13,9% chez les jeunes hommes. Par exemple, au Canada, il a augmenté de plus de 14 % chez les jeunes hommes et de plus de 20 % chez les jeunes femmes. Cette tendance est similaire dans plusieurs pays, comme aux États-Unis, en Australie, en Chine, en Irlande, en République de Corée, aux Pays-Bas et même en Suisse. Suite à la crise sanitaire, les jeunes seraient plus "vulnérables" face aux perturbations du marché du travail. Ils seraient amenés à perdre leur emploi ou à devoir travailler dans de mauvaises conditions.

 

Pertes de salaire, pertes d’heures de travail

Près de trois jeunes sur quatre ont pu néanmoins poursuivre leur activité professionnelle, à plein temps ou à temps partiel depuis chez eux. D’après la même étude, plus de 40 % des jeunes interrogés constatent que depuis l’apparition de la crise sanitaire leurs revenus ont fortement diminué. Ainsi, 46 % des jeunes hommes observent une diminution conséquente de leur salaire contre 38% chez les jeunes femmes. Les jeunes ayant préservé leur emploi sont confrontés à une diminution de leur temps de travail. L’Observatoire de l’OIT a estimé, en comparant le quatrième trimestre 2019 au premier trimestre 2020, une perte de 4,8 % des heures de travail chez ces jeunes.

Guy Ryder, directeur général de l’OIT, met en garde contre les effets à long terme de cette crise sur les emplois de la "génération confinée". L’Organisation Internationale du Travail demande "l’adoption de réponses urgentes, à grande échelle et ciblées" afin d’aider les jeunes faisant face aux conséquences de la crise sanitaire.

 

Les secteurs à risques

Selon l’Observatoire de l’OIT, la plupart de ces jeunes ont des métiers ou travaillent dans des secteurs à faibles revenus. De ce fait, ils sont condamnés à gagner moins sur le marché du travail que les adultes âgés de 25 à 54 ans. Détenant moins d’ancienneté, leurs chances d’intégration dans le monde du travail sont également réduites.

Les jeunes issus des secteurs du commerce de gros et de détail, de la fabrication, de l’immobilier, de l’hébergement et de la restauration seraient les premiers touchés par la diminution de la production économique. Les chaînes d’approvisionnement, par exemple, ont tourné au ralenti pendant le confinement, provoquant des conséquences importantes pour l’emploi des jeunes dans les activités de fabrication. Ces perturbations économiques affectent, particulièrement les jeunes employées puisqu’elles seraient près de 51% à travailler dans le secteur de la restauration, environ 41 % dans le commerce de gros et de détail et près de 43,8 % dans le secteur de l’immobilier et dans les activités de services.

Souvent oubliés de la société, les jeunes travailleurs indépendants sont eux aussi fortement impactés par les effets de la crise sanitaire. À l’international, près de 40 % des jeunes sont travailleurs indépendants, estime l’OIT. Certains d’entre eux arrivent à gagner leur vie, mais un très grand nombre d’entre eux sont des jeunes travailleurs "pauvres" avec un emploi informel.

 

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Perturbations dans la formation professionnelle

Avec la fermeture des établissements, l’enseignement supérieur a été fortement impacté par la crise, et par ricochet, de nombreux jeunes n’ont pas eu accès à des cours ou à des formations en ligne. Certains apprentissages ou stages professionnels ont été suspendus ou rompus. Une enquête menée pendant six semaines par la BIT, l’UNESCO et la Banque mondiale soulève que 98 % des jeunes interrogés présents dans 126 pays à travers le monde "font état d’une fermeture partielle ou totale des établissements d’enseignement professionnel et des centres de formation." C’est le continent africain qui a connu le plus grand nombre de fermetures d’établissements et ce dû aux manques d’infrastructures.

Les étudiants habitant dans des pays à faibles revenus sont les premiers pénalisés puisqu’ils ne bénéficient pas d’accès aux services de formation en ligne. Toutefois, selon l’Observatoire, deux tiers des formations sont désormais réalisées en distanciel et près d’un centre de formation sur deux est passé à l’enseignement en ligne. Avant la crise sanitaire, seul un centre de formation sur cinq proposait des formations en ligne.

 

La génération délaissée sur le marché du travail

Les jeunes ont désormais moins d’opportunités professionnelles et peinent à obtenir un emploi à cause, en autres, de la discontinuité des formations. Sur le long terme, les jeunes ayant pris du retard dans leurs études professionnelles peuvent être amenés à les abandonner. Ils se retrouveraient alors pénalisés en matière de revenus toute leur vie.

En pleine période de récession, entrée sur le marché du travail devient un véritable parcours du combattant. D’après le constat de l’OIT, des signes montrent que cette situation "peut avoir un impact négatif sur la manière dont les jeunes s’en sortent sur ce même marché du travail pendant au moins dix ans." Et pour cause, ils peinent à décrocher un emploi et se retrouvent à exercer une activité qui ne correspond pas à leurs qualifications. Les jeunes employés désireux d’accéder à des emplois plus avantageux, se retrouvent, quant à eux, obligés de poursuivre leur activité initiale. Au cours des prochaines années, les jeunes devront s’armer de patience pour trouver un emploi, faire face à une forte concurrence et à la réduction du nombre d’offres. 

Face à toutes ces incertitudes, l’Observatoire nous montre que ces jeunes sont soucieux et appréhendent leur carrière, la qualifiant d’"incertaine". Depuis le début de la crise sanitaire, le bien-être mental des jeunes a fortement diminué puisqu’environ la moitié des jeunes interrogés sont considérés comme étant vulnérables à l’angoisse et à la dépression.

 

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