Un quart des salariés français songerait à quitter la France d’ici deux ans et leurs motivations sont étonnantes. L’étude internationale Workforce View in Europe in 2019, menée par ADP (Automatic Data Processing) en témoigne.
Franchir le pas et partir vivre à l’étranger
L’étude The Workforce View in Europe explore l’état émotionnel des salariés vis-à-vis du monde du travail face à leur futur environnement d’activité. Cette enquête a réuni en tout 10 500 salariés européens. Le constat est sans appel, un quart des 1410 Français interrogés sont désireux de partir à l’étranger dans les deux années à venir.
L’âge, principal facteur déterminant, influencerait les employés européens à déménager pour s’installer à l’étranger. Quatre personnes sur dix, âgés de moins de 35 ans se disent prêt à partir. Tandis que, les personnes âgées de plus de 45 ans, pour la majorité, sont réticentes à l’idée de quitter leur pays. Les jeunes cadres sont convaincus que partir à l’international est nécessaire pour l’évolution de leur carrière. Ils considèrent que c’est la meilleure voie à prendre pour trouver une activité bien rémunérée.
L’expertise des informaticiens étant très convoitée à travers le globe, les professionnels du secteur de l’informatique et de l’intelligence artificielle sont les plus séduits par l’expatriation. Les experts français du monde de l’art et de la culture veulent aussi s’expatrier. A contrario, les travailleurs du secteur de la santé préfèrent continuer leur profession en France.
La génération des milléniaux
Environnement politique et social, question d’indépendance, question de confiance des compétences, écart de rémunération, tous ces facteurs découragent les jeunes générations à rester dans leur pays de naissance. L’étude démontre que les jeunes générations préfèrent échapper à la politique française. Ils espèrent pouvoir embarquer pour le Canada, les États-Unis, la Suisse et même la Grande Bretagne. “Le Brexit ne semble pas dissuader les Français”, révèle ADP.
À l’échelle européenne, la nouvelle génération cultive une relation très particulière avec l’entreprise. Pour eux, les compagnies ne se soucient pas assez des questions d’écarts dans les salaires. Ils se disent prêts à quitter leur emploi si une femme n’est pas payée autant qu’eux, pour le même poste, les mêmes responsabilités et la même ancienneté.
Les motivations des salariés
La tendance n’est plus à l’auto-entreprenariat qui a considérablement baissé, 15 % depuis 2016. À l’heure actuelle, exercer en free-lance ou se mettre à son propre compte n’est pas envisageable pour un grand nombre de travailleurs européens. Ces salariés ressentent le besoin d’être entourés d’une équipe de travail ou d’une communauté.
Lucas van Wees, président de l’association européenne de gestion des ressources humaines (European Association for People Management), a déclaré "Le déclin du travail indépendant est peut-être lié au renforcement des économies, celui-ci créant des opportunités d’emploi régulier. Les accords collectifs pour les retraites ou les prévoyances ne sont pas encore bien réglementés pour les travailleurs indépendants, bien qu’une pression croissante se fasse ressentir et que des débats aient lieu pour changer les choses."
La santé mentale des travailleurs européens ne serait pas optimale. L’ambiance au travail et la philosophie de l’entreprise influenceraient leur envie de partir. Plus d’un quart des Européens sont convaincus que leur supérieur hiérarchique se soucie peu de leur bien-être mental. Et une personne sur trois se sentirait mal à l’aise à en parler directement à leur employeur.
La barrière de la famille et des amis retiennent encore 32 % des Français. Puis, vient celle de la langue pour 21 % des personnes interrogées, et 12 % déclarent que les formalités administratives et la législation sont trop contraignantes pour chercher du travail à l’étranger.