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Génération Z, un avenir post-Covid-19 compromis ?

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Écrit par Sandra Camey
Publié le 31 mai 2020, mis à jour le 2 juin 2020

Quelques temps avant la crise sanitaire, une fracture générationnelle était déjà soulignée par la génération Greta Thunberg. Tous égaux face à la maladie mais pas à ses conséquences, la Génération Z s’inquiète pour son avenir et celui de la planète.


Bien souvent, lors de crises, de guerres, de révolutions et de grands bouleversements historiques, émergent des phénomènes générationnels. Pour l’historien Jean-François Sirinelle, ce sont des « évènements fondateurs » qui touchent en priorité les jeunes, car leur potentiel de changement est bien plus élevé que leurs aînés. Entre la transition climatique, le slogan « OK, boomer » et les conséquences de la crise sanitaire, la fracture générationnelle plonge la génération Z, née entre 1997 et 2012, dans un futur indécis.

Tous égaux face à la maladie, mais pas à ses risques

L’âge étant le premier facteur de risque du Covid-19, les personnes de 18 à 40 ans ont 180 fois moins de risque de mourir de la maladie que les personnes âgées de 80 ans, a démontré l’étude britannique OpenSAFELY. Seuls 25% des jeunes de la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) ont déclaré craindre, pour eux-mêmes, d’attraper le coronavirus et 62% disent être surtout inquiets pour leurs proches, selon une étude réalisée par Vice Media.
 

L’école à la maison n’est pas donné à tout le monde

Le confinement a eu des répercutions sur l’apprentissage à la maison, creusant plus profondément les inégalités entre jeunes. Des enquêtes PISA avaient mis en avant que la France était le pays qui affichait l’écart de performances, entre les meilleurs et les moins bons élèves, le plus élevé des pays de l’OCDE. Florian Lascroux, Coordinateur Solidarité et Développement à l’International de l’Education, avait confié au magazine Le Café Pédagogique : « ce sont les enfants les mieux entourés qui ont le moins souffert de cette situation car ils sont plus autonomes et plus à l’aise avec les codes de l’école. »
 

Transformation du marché du travail

Le marché du travail, suite à deux grandes crises financières et une pandémie mondiale, n’annonce rien de rassurant pour les futurs diplômés et ceux qui essaient de rentrer dans la vie active. Stage, premier emploi et job d’été annulés, Florence Lefresne, directrice du Centre d'Etudes et de Recherches sur les Qualifications, partage à La Tribune : « les jeunes sont en position d'entrants sur le marché du travail et subissent à la fois les effets conjoncturels du rétrécissement des emplois en temps de crise et les changements structurels du marché du travail ».

Les chiffres sont alarmants. L’association pour l’emploi des cadres envisage une baisse de 65% des offres d’emploi pour les jeunes avec moins d’un an d’expérience. Pour Antoine Dulin, Coordinateur au sein de l'unité Solidarité et développement au siège de la Fédération l'International de l'Education, « on va avoir une chute attendue de 30% des contrats en apprentissage ». Florence Lefresne explique : « les entreprises recrutent des apprentis parce qu'elles voient leur intérêt de former des jeunes lorsque leurs carnets de commandes sont pleins. Qu'en sera-t-il s'ils sont vides ? »
 

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Une génération qui pourrait révolutionner le monde ?

L’étude de Vice Media confirme que 44% de ces jeunes savent que le monde du travail sera bien différent de celui de leurs parents et que leur mode de travail devra évoluer. « Si les Milléniaux et les Zoomers se retrouvent en bas de l’échelle, à devoir satisfaire leurs besoins essentiels, peut-être vont-ils ressusciter les vieux débats sur la redistribution économique, l’emploi, la fiscalité et les inégalités ? » s’interrogeait Matthew Goodwin sur Courrier International. Pourtant ces générations n’ont pas attendu la crise sanitaire pour réclamer du changement. La lutte contre le changement climatique et la défense des droits des minorités étaient au coeur de leurs préoccupations avant la pandémie, symbolisées notamment par les marches pour le climat à travers le monde. Le rêve d’un autre monde où l'économie responsable serait la priorité, pourrait, comme ils le désirent, se mettre en route.
 

Le changement climatique, leur cheval de bataille

Le 5 novembre 2019, Chlöe Swarbrick, députée néo-zélandaise de 25 ans, défendait l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique devant le Parlement de son pays, lorsqu’un collègue plus âgé a hué son intervention. Pour faire taire cette contestation, elle a répondu « OK, Boomer ». Depuis, cette expression est devenue un symbole des jeunes générations, protestant contre les adultes, accusés d’avoir épuisé les ressources, détérioré la planète et dégradé le climat. Ce slogan traduit une fracture générationnelle se cristallisant autour de la question climatique. Greta Thunberg en est devenue la personnification. A 17 ans à peine, elle a déjà fait trembler le monde avec ses discours. A l’ONU, elle a ainsi déclaré : « Vous nous laissez tomber. Mais les jeunes commencent à voir votre trahison. Les yeux de toutes les générations futures sont tournés vers vous. Et si vous décidez de nous laisser tomber, je vous le dis : nous ne vous pardonnerons jamais ! Nous ne vous laisserons pas vous en sortir. Nous mettons une limite, ici et maintenant »
 

Une génération pessimiste ou réaliste ?

The Globe and Mail partageait le 29 avril le témoignage poignant d’une jeune Canadienne de 20 ans. Elle expliquait qu’elle ne comprenait pas les réactions de surprise et la déroute que cette crise a eu sur ses parents. Pour elle, « ce monde apocalyptique, effrayant, étrange, ressemble au monde auquel je me suis préparée à vivre toute ma vie. Un monde dominé par l’instabilité et le changement (…) où les catastrophes font partie du quotidien ». Entre fusillades de masse, montée en puissance du terrorisme et du populisme, catastrophes naturelles, prévisions alarmantes du climat, ils ont entendu « pour la première fois dans l’histoire de l’humanité » trop souvent. Toutes les normes établies par les générations passées se sont effondrées : « les traditions, les pratiques culturelles, (…) les gouvernements, le rôle des deux sexes et l’existence même de cette binarité » .


Cette génération est celle d’un monde d’après où tout n’est qu’incertitudes. La crise sanitaire a marqué à jamais le monde d’avant et celui d’aujourd’hui. La génération Z devra rattraper les erreurs passées tout en trouvant des solutions innovantes pour sauver ce qu’il reste de notre planète bleue. Malgré les nombreux obstacles sur sa route, la génération Z, plus inventive et dynamique que jamais, n’a pas pour moteur la peur mais l’espoir d’un monde meilleur.