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Pimkie, Camaïeu... les marques de prêt-à-porter françaises dans la tourmente

Certaines marques de prêt-à-porter très connues ne survivront pas à 2023.Certaines marques de prêt-à-porter très connues ne survivront pas à 2023.
Écrit par Sophie Sager
Publié le 20 février 2023, mis à jour le 21 février 2023

La mode à la française, le style parisien, les Fashion Week, autant de clichés qui témoignent de la valeur et de la représentation de l’habillement français dans le monde. Malheureusement toutes les marques n'ont pas pris le tournant du e-commerce ou ont été affectées par la pandémie. Certaines enseignes de prêt-à-porter tricolores très connues ne survivront pas à 2023.

 

La pandémie, le tournant du digital, l’évolution de la mode, que des raisons qui poussent certaines grandes marques françaises de prêt à porter à mettre la clé sous la porte. Si l’enseigne Camaïeu ou San Marina ont déjà officiellement fermé, d’autres n’en sont pas loin… 

 

SanMarina placé en liquidation judiciaire le 20 février 2023.

 

La fin de San Marina

Le tribunal de commerce de Marseille a décidé ce lundi 20 février de la liquidation judiciaire de la marque spécialisée dans les chaussures. Elle était au bord du précipice et en redressement judiciaire depuis septembre 2022.  La date butoir pour la manifestation de potentiels repreneurs avait été fixée au mardi 7 février. Or une grosse offre de la part des deux actionnaires de l’entreprise a été retirée le lundi 6. Aucun repreneur crédible n’ayant été trouvé, la marque a définitivement donné le clap de fin à son histoire. La direction n’ayant pas attendu la déclaration du tribunal, certains employés ont déjà vidé les magasins samedi 18 février.

 

 

Camaïeu rachetée par le groupe Célio

 

Camaïeu, rachetée par le groupe Celio

L’enseigne Camaïeu a surpris la plupart des Français en annonçant fermer boutique. La liquidation judiciaire de l’enseigne a abouti à sa fermeture définitive le 1er octobre 2022. Tout cela était sans compter sur le rachat de la marque par le groupe Célio pour 1.8 million d’euros. Grâce au rachat, Célio bénéficiera des noms de domaines de Camaïeu ou encore des logos. Le but étant de donner une seconde vie à l’enseigne, le PDG de Célio déclare vouloir faire les choses intelligemment en passant notamment par le canal digital. L’exportation de la marque à l’international sera un des gros challenges de cette relance. Qui sait, vous verrez peut-être des enseignes Camaïeu apparaître dans vos villes d’expatriation ces prochaines années…

 

Pimkie en redressement judiciaire

Pimkie ferme une centaine de boutiques 

Beaucoup d’entre vous seront choqués. Oui, Pimkie se trouve bien dans la liste des entreprises de prêt-à-porter féminins qui risquent bientôt de disparaître. Si vous êtes expatrié en Belgique, vous avez sûrement vu les boutiques fermer. L’enseigne y a déposé le bilan et va bientôt supprimer des postes en France. 

Après de longs moments d’attente et d’incertitude, nous savons désormais que l’enseigne va être rachetée par un groupe d’industriels vers mi-février. La marque devrait ainsi annoncer la suppression de 500 emplois et la fermeture d’environ 100 boutiques sur les 213 qui existent.

 

Cop.Copine en redressement judiciaire

Cop.Copine rachetée en partie par Antonelle

Vous connaissez sûrement cette marque si vous étiez piqués de mode dans les années 1990. Malheureusement, placée en redressement judiciaire depuis le 7 novembre 2022, l’enseigne n’a toujours pas trouvé de repreneur. Le groupe Antonelle rachèterait 23 des 48 magasins de la marque avec leurs stocks et employés. Un plan social devrait être lancé pour les employés et boutiques restants.

 

Kookaï en redressement judiciaire

Kookaï en redressement judiciaire 

C’est le 1er février 2023 que Kookaï a été placée en redressement judiciaire. Bien que cela ne marque pas la fin de l’enseigne qui espère remonter la pente, souvent les redressements ne sont pas de bon augure pour l’avenir. En 10 ans, son chiffre d'affaires a été divisé par 3: il est passé de 94,3 millions en 2013-2014 à 30 millions d’euros en 2021. La marque annonce que c’est en partie dû à la crise du Covid, à la guerre en Ukraine, à l’inflation et au tournant du digital non amorcé.

 

 

GoSport cherche un repreneur jusqu'au 10 mars 2023

 

Go Sport France et sa maison-mère, le Groupe Go Sport dans l’attente d’un repreneur

Les deux entités ont été placées en redressement judiciaire à 2 semaines d’intervalle en ce début d’année 2023. Le tribunal de commerce de Grenoble a déclaré une “insuffisance d’actifs de 158 millions d’euros”. Ici, les faits sont d’autant plus graves qu’une enquête pour abus de bien social a été ouverte. Des faits délictueux ont été remontés par les contrôleurs de comptes. Le Covid aussi, a sûrement joué un impact fort dans les difficultés financières de l’enseigne. Les repreneurs ont désormais jusqu’au 10 mars à 14h pour se manifester.


 

Une tempête dans le prêt à porter en ce début d’année 2023 qui a également vu les enseignes Roseanna, Symbiose et Modetrotter être placées en redressement judiciaire. 

 

@matthieubobarddeliere C’est vraiment triste comme situation #tiktokfashion #tiktoknews #actualité #camaieu #tiktokacademie #lesaviezvous ♬ son original - Matthieu Bobard Deliere

 

Le système de prêt-à-porter français est-il essoufflé ?

 

Bien qu’on ait évoqué des marques françaises, elles ne fabriquent pour la plupart pas leurs habits dans l’hexagone. Si Cop.Copine est connue pour fabriquer ses vêtements en ateliers français, la provenance des vêtements des autres enseignes varie entre le Bangladesh, la Chine, le Sri Lanka, les îles Fidji, le Brésil ou encore le sud de l’Europe avec l’Italie, le Portugal, l’Espagne. Un système d’exploitation sociale et environnementale qui pose beaucoup de questions aujourd’hui et qui freine les achats de fast fashion.

 

Les paramètres des marques de prêt-à-porter françaises remplissent les critères de ce concept. Il consiste en un renouvellement rapide des collections, un faible coût des produits mais un fort impact social et environnemental. Rappelons les conditions de travail abjectes dans les pays de sous-traitance de la main d'œuvre et le fait qu’il faille 10.000 litres d’eau pour fabriquer une paire de jeans. 

Une prise de conscience générale contre la “fast fashion”

Une forte prise de conscience sociétale s’est opérée ces dernières années, grâce aux réseaux sociaux qui ont exposé le scandale d’exploitation des Ouïghours pour la culture du coton. Ils dénoncent aussi beaucoup plus les décharges textiles et les conditions de travail dans les usines textiles.

 

En parallèle, la prise de conscience générale de la pollution générée par l'industrie du textile a généré l’essor d’applications comme Vinted, de la seconde main et des friperies. De plus en plus de personnes n’achètent plus de vêtements neufs et ne se tournent que vers la récupération. Ceci représente aussi le contre coup des boutiques en ligne et d’ultra fast-fashion comme Shein ou Boohoo. Connues pour sous-traiter en Chine dans des conditions sociales et environnementales dégradantes, ces marques sont toujours plus pointées du doigt.

 

Mais le secteur textile reste un pilier économique

Les grandes enseignes de prêt-à-porter et de “fast-fashion” comme le groupe espagnol Inditex qui possède Zara, Pull and Bear ou Bershka, le suédois H&M, le néerlandais C&A ou l’américain Urban Outfitters sont elles aussi confrontées aux critiques concernant l’origine et la fabrication de leurs vêtements. Mais elles sont aujourd’hui loin de mettre la clef sous la porte. Au contraire, elles sont considérées comme les plus grands acteurs mondiaux de distribution de la mode.

 

Au final le secteur textile est aujourd’hui représenté par un milieu de seconde main en plein essor qui est contrebalancé par les chiffres d’affaires toujours plus gros des multinationales de “fast fashion”. Difficile pour les marques françaises qui ont connu le succès ces 30 dernières années de trouver leur place.

 

Le secteur est-il essoufflé ? Les enseignes de mode de prêt-à-porter françaises ont-elles encore une chance dans le monde des marques textiles multinationales ? L’année 2023 nous en dira plus mais une chose est sûre, des piliers de l'habillement français des années 1990 et 2000 sont en train de disparaître.

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