L’été est fini. Nous avons épuisé notre stock de lectures d’été. Guidé par l’avis de libraires parisiens, lepetitjournal.com vous présente une sélection de livres afin de bien commencer la rentrée.
Si le mois de septembre rime avec rentrée et nostalgie des vacances, c’est également le plus gros mois de l’année pour les sorties littéraires. 2020 sera cependant moins prolifique pour l’industrie du livre : 511 romans contre 524 en 2019, afin d’éviter une surproduction littéraire. Les valeurs sûres (Amélie Nothomb, Emmanuel Carrère, Laurent Mauvignier, etc) prennent le dessus sur les premiers romans. Nous vous proposons de vous évader avec cette sélection d’ouvrages recommandés par des libraires parisiens. Alors, amateurs de lecture, à vos marques, prêts, lisez!
Betty, de Tiffany McDaniel (Gallmeister)
La Petite Indienne, c’est Betty Carpenter, née dans une baignoire, sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la société car, si sa mère est blanche, son père est Cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et sœurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler.
Pourquoi ce livre ?
L’œuvre de Tiffany McDaniel est une des sorties phares de la rentrée littéraire. Entre racisme et sexisme au sein d’une famille bi-raciale, le lecteur s’attache profondément aux personnages de Betty et de son père. Avec la rencontre du bien avec le mal, et l’innocence confrontée aux âmes corrompues, nous avons peine à quitter ce livre.
Yoga, d’Emmanuel Carrère (P.O.L)
C'est l'histoire d'un livre sur le yoga et la dépression, la méditation et le terrorisme, l’aspiration à l'unité et le trouble bipolaire. Des choses qui n'ont pas l'air d'aller ensemble, et pourtant. C'est l'histoire d'un écrivain qui voit avec satisfaction qu'il a peut-être enfin réussi sa vie, trouvé un équilibre, et qui voudrait bien écrire un livre " souriant et subtil sur le yoga " qu'il pratique depuis 25 ans. Mais à peine lancé dans cette histoire, le beau tableau craque, les failles ressurgissent, les mensonges et les trahisons réapparaissent, l'abîme s'ouvre. La vie dérape. La vie intime et amoureuse, et la vie du monde également : terrorisme, crise migratoire... Et si tout n'était qu'illusions ?
Pourquoi ce livre ?
À travers ce roman autobiographique, Emmanuel Carrère se met à nu face au lecteur. Il lui dévoile sa vie sexuelle, sa nature dépressive, mais il lui mettra toujours un sourire aux lèvres. Par son écriture, l’auteur fait preuve de folie, mais aussi médite sur la confrontation d’un homme avec ce qu’il est, ce qu’il pense être, et ce qu’il pourrait être.
Le dernier juif de France, d’Hugues Serraf (Éditions Intervalles)
L'arrivée d'un nouveau directeur secoue la rédaction engourdie d'un grand hebdomadaire parisien. Son critique cinéma observe d'un œil circonspect la mise en place d'une gestion décomplexée tandis qu'on transforme à marche forcée le journal moribond en étendard du néo-progressisme.
Plus tire-au-flanc que meneur d'hommes, notre chroniqueur est pourtant choisi pour devenir l'un des apôtres de cette mutation radicale. Cerise sur le gâteau, il est un petit peu juif aussi, ce qui ne lui avait jamais posé de problème jusqu'ici. Tellement peu, d'ailleurs, qu'il avait presque oublié que l'antisémitisme pouvait le concerner.
Pourquoi ce livre ?
Hugues Serraf traite, sur le ton de la comédie, de l’antisémitisme, sujet percutant sur des questions sociales actuelles. L’auteur nous montre qu’il est possible de parler de tous les sujets, même des plus sensibles, et de l’aborder de manière humoristique.
Un jour ce sera vide, d’Hugo Lindenberg (Christian Bourgois Éditeur)
C’est un été en Normandie. Le narrateur est encore dans cet état de l’enfance où tout se vit intensément, où l’on ne sait pas très bien qui l’on n’est ni où commence son corps, où une invasion de fourmis équivaut à la déclaration d’une guerre qu’il faudra mener de toutes ses forces. Un jour, il rencontre un autre garçon sur la plage, Baptiste. Se noue entre eux une amitié d’autant plus forte qu’elle se fonde sur un déséquilibre : la famille de Baptiste est l’image d’un bonheur que le narrateur cherche partout, mais qui se refuse à lui.
Écrit dans une langue ciselée et très sensible, Un jour ce sera vide est un roman fait de silences et de scènes lumineuses qu’on quitte avec la mélancolie des fins de vacances. L’auteur y explore les méandres des sentiments et le poids des traumatismes de l’Histoire.
Pourquoi ce livre ?
Le premier roman d’Hugo Lindenberg, conte l’histoire du narrateur qui fait face à la perte de l’innocence. Le récit, parfois cruel, confronte le lecteur à la notion de classes sociales.
Chavirer, Lola Lafon (Actes Sud)
1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de moderne jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.
2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.
Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.
Pourquoi ce livre ?
En passant par l’oubli, le pardon, et la pédophilie, l’oeuvre de Lola Lafon vous met les larmes aux yeux. Son écriture, subtile et réaliste, abordant des histoires singulières plausibles, vous fera réfléchir sur ce qu’est l’oubli, comment pardonner autrui mais également soi-même. Alors, laissons-nous Chavirer en lisant cette oeuvre.
Nickel Boys, de Colson Whitehead (Albin Michel)
Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis prend très à cœur le message de paix de Martin Luther King. Prêt à intégrer l'université pour y faire de brillantes études, il voit s'évanouir ses rêves d'avenir lorsque, à la suite d'une erreur judiciaire, on l'envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s'engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu'il s'agit en réalité d'un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d'amitié. Mais l'idéalisme de l'un et le scepticisme de l'autre auront des conséquences déchirantes.
Pourquoi ce livre ?
Après avoir remporté un prix Pulitzer en 2017, Colson Whitehead en obtient un deuxième, cette année, avec Nickel Boys. Une histoire bouleversante, soulignant la ségrégation raciale. Cette oeuvre devient un véritable hommage à ceux qui ont perdu leur vie lors de l’esclavage, et à ceux qui se battent encore contre le racisme.
Histoires de la nuit, de Laurent Mauvignier (Minuit)
Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu’occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu’une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années.
On s’active, on se prépare pour l’anniversaire de Marion, dont on va fêter les quarante ans. Mais alors que la fête se profile, des inconnus rôdent autour du hameau.
Pourquoi ce livre ?
L’oeuvre de Laurent Mauvignier retient le souffle du lecteur. Histoires de la nuit, qui se transforme en une seule histoire au fur et à mesure, le roman est rythmé par de nombreux coups de théâtre, qui ne finiront jamais de vous étonner.
Les aérostats, d’Amélie Nothomb (Albin Michel)
« La jeunesse est un talent, il faut des années pour l'acquérir. »
Dans ce nouveau livre, la romancière se raconte à travers le personnage d’une étudiante bruxelloise. Ange, 19 ans "mène une vie assez banale" et étudie la philologie. Après avoir répondu à une petite annonce, elle donne des cours de littérature à Pie, un lycéen de 16 ans dyslexique. La romancière souhaitait avec cette rencontre explorer comment deux "très jeunes gens, qui sont chacun à leur manière, très emprisonnés" peuvent s’aider à avancer. "Ange c’est moi à 19 ans" avoue Amélie Nothomb, qui confie avoir également été, au même âge, "terriblement sérieuse" comme son héroïne.
Pourquoi ce livre ?
Amélie Nothomb, à travers Les Aérostats, dévoile un partie de sa jeunesse au lecteur. Les personnages, traînant une solitude, se sentent différents des autres et sont même perçus comme inutiles aux yeux de leurs proches. L’aérostat est la métaphore de la volonté de prendre son envol, et comment les protagonistes vont enfin se libérer de cette solitude qui les enfermait.
Le sel de tous les oublis, Yasmina Khadra (Julliard)
Lorsqu’une femme claque la porte et s’en va, elle emporte le monde avec elle. Adem Naït-Gacem l’apprend à ses dépens. Ne supportant pas le vide laissé par le départ de son épouse, l’instituteur abandonne ses élèves et, tel un don Quichotte des temps modernes, livré aux vents contraires de l’errance, quitte tout pour partir sur les chemins.
Des rencontres providentielles jalonnent sa route : nain en quête d’affection, musicien aveugle au chant prophétique, vieux briscards, galériens convalescents et simples d’esprit le renvoient constamment aux rédemptions en lesquelles il refuse de croire. Jusqu’au jour où il est rattrapé par ses vieux démons.
Pourquoi ce livre ?
Yasmina Khadra nous livre l’histoire d’une méprise, d’un choc émotionnel. Le personnage principal se retrouve à faire un voyage initiatique et diverses rencontres, pour se trouver. Le sel de tous les oublis invite le lecteur à réfléchir sur l’être humain, et à ses capacités d’adaptation dans le monde. C’est une œuvre parfaite pour la rentrée, pour les nouvelles rencontres, et pour la construction d’un meilleur soi.