Les vacances d’été sont propices aux voyages, aux moments pour soi et à la lecture. Aiguillé par les conseils des libraires expatriés à l’étranger, lepetitjournal.com a fait un tour du monde des meilleurs ouvrages littéraires pour passer l’été.
À l’approche des vacances d’été, nous faisons tous des stocks de livres à n’en plus finir. Quoi de mieux que de lire sous un temps ensoleillé en bord de mer ou les pieds en éventail à la campagne ? Peu importe l’endroit, tant que nous sommes en compagnie d’une histoire qui nous passionne pour nous faire voyager. Nous vous avons concocté une sélection de pépites littéraires pour que vous puissiez vous évader tout en tournant les pages.
La rédaction internationale lepetitjournal.com vous propose sa sélection de livres pour l’été.
Coup de cœur d’Hervé Heyraud, président et fondateur des éditions lepetitjournal.com
Par les routes de Sylvain Prudhomme (Gallimard)
"J’ai retrouvé l’autostoppeur dans une petite ville du sud-est de la France, après des années sans penser à lui. Je l’ai retrouvé amoureux, installé, devenu père. Je me suis rappelé tout ce qui m’avait décidé, autrefois, à lui demander de sortir de ma vie. J’ai frappé à sa porte. J’ai rencontré Marie."
Pourquoi ce livre ?
Avec Par les routes, Sylvain Prudhomme nous plonge dans une sorte de roadmovie où on resterait figés. Comme les personnages du roman, on suit son autostoppeur à la trace... mais à distance, sans pouvoir le connaître ni encore moins l'attraper à défaut de le comprendre. C'est un formidable roman sur l'absence, l'attachement, la liberté et la perte.
Coup de coeur de Damien Bouhours, directeur éditorial et partenariats
L'Énigme de la Chambre 622 par Joël Dicker (Fallois)
Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais. Des années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver plongé dans cette affaire. Que s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier?
Pourquoi ce livre ?
L'auteur de La vérité sur l'affaire Harry Québert revient avec un autre polar où la réalité se mêle à la fiction. L'écrivain s'y met en scène comme le détective de cette intrigue suisse sur fond de secrets d'Etat et de finance internationale. Un livre parfait pour la plage ou un long trajet sur le chemin des vacances.
Coup de coeur de Sandra Camey, journaliste à la rédaction internationale
Irineï et le Grand Esprit du Mammouth par Val Reiyel (Slalom)
Au cours d'une expédition scientifique en Sibérie, des paléontologues américains extraient du sol gelé une femelle mammouth parfaitement conservée. À leur retour à Los Angeles, ils se trouvent rapidement face à une incroyable énigme : la femelle mammouth porte un petit, les cœurs de la mère et du bébé battent encore… Seul Irineï, un jeune chaman de 12 ans qui vit dans une tribu de nomades éleveurs de rennes, connaît la clé du miracle. L'histoire d'Irineï et le Grand Esprit du Mammouth se partage en deux tomes.
Pourquoi ce livre ?
Voilà un livre qui risque de combler petit et grand. Val Reiyel nous entraîne dans l'aventure d'un enfant chaman de Sibérie venu en Amérique. À travers les yeux de cet enfant on redécouvre notre monde occidental et ses paradoxes. Une histoire pleine d'émotions qui nous rapproche de la nature.
Retrouvez l'interview de Val Reiyel en cliquant ici.
Coup de coeur de Déborah Collet, journaliste à la rédaction internationale
Avant la longue flamme rouge de Guillaume Sire (Calmann-Lévy)
1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a onze ans. Sa petite sœur Dara en a neuf. Leur mère enseigne la littérature au lycée français. Leur père travaille à la chambre d’agriculture. Dans Phnom Penh assiégée, le garçon s’est construit un pays imaginaire : le "Royaume Intérieur". Mais un jour, la guerre frappe à sa porte. Les fondations du Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa sœur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par une volonté farouche de retrouver sa famille.
Pourquoi ce livre ?
Ce livre inspiré d’une histoire vraie retrace l’enfance meurtrie de Saravouth, qui tente coûte que coûte de retrouver sa mère, son père et sa sœur durant la guerre civile et la prise de pouvoir des Khmers rouges au Cambodge. Pour fuir, le jeune garçon s'imagine un monde parallèle où les personnages d’Homère et de Peter Pan sont ses précieux alliés. Le texte bien que brut, nous touche en plein cœur.
Mention spéciale de la rédaction :
Rouge vif - L'idéal communiste chinois d’Alice Ekman (L’Observatoire)
Malgré l’ouverture économique de 1978, les mesures d’internationalisation des entreprises d’État, l’établissement de relations diplomatiques avec les puissances occidentales, la Chine demeure fidèle à ses racines rouges. "Le communisme est un idéal vers lequel nous devons tous tendre" affirment aujourd’hui encore les cadres du Parti. Renforcé par l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, le Parti communiste chinois s’infiltre au quotidien dans toutes les strates de la société : politique et économique, bien sûr, mais aussi culturelle, artistique, éducative, sociale ou religieuse, et ambitionne d’étendre cette influence à l’international. Il fallait bien sept années d’observation et plus de 400 entretiens menés par Alice Ekman auprès de hauts cadres du Parti et fonctionnaires, diplomates, représentants d’entreprises, chercheurs et étudiants pour parvenir à comprendre la Chine contemporaine, son fonctionnement, ses évolutions récentes…
Pourquoi ce livre ?
La Chine n’a jamais renié ses racines rouges, mais est-elle toujours communiste ? Alice Ekman réussit son pari : elle nous éclaire sur la Chine d’aujourd’hui et remet en question nos considérations.
Le Tranquille affligé par Gilles Jobidon (Leméac)
Que ses lèvres esquissent en permanence l'insondable sourire des bouddhas. Que la fausse tresse de cheveux noirs qui jaillit de son bonnet à ailerons lui descend en bas des reins. Que les manches du vêtement qu'il porte dans ses sorties officielles sont si évasées qu'une seule suffirait à cacher un quartier de Neuf. Qu’il n'a aucun charme physique particulier. À travers beaucoup d'invention, une écriture ciselée et des faits historiques réels, le sac du Palais d'été en 1860, la guerre de l’opium, ce roman d'époque s'articule d'abord autour de Jacques Trévier, un jésuite défroqué.
Pourquoi ce livre ?
Dans ce roman, Gilles Jobidon dresse le destin de Jacques Trévier, un jésuite devenu mandarin à la cour impériale de Chine, qui découvre l’amour dans les bras d’une descendante d’esclave.
Retrouvez la sélection littéraire de Pierre-Pascal Bruneau, de la librairie Le Temps Retrouvé à Amsterdam.
La vie mensongère des adultes "La vita bugiarda degli adulti" d’Elena Ferrante (Gallimard)
"Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j’étais très laide." La vie mensongère des adultes, Elena Ferrante.
Si vous avez aimé la saga de L'amie prodigieuse alors vous aimerez La vie mensongère des adultes. Naples, toujours et encore, Naples est un personnage à part entière de ce nouveau roman d'Elena Ferrante. Naples aux deux visages, celui de la splendeur, même si elle est depuis longtemps passée et celui de la misère des quartiers pauvres. Qui est cette Zia Vittoria ? Qui est cette tante maléfique et mystérieuse dont on ne parle qu'à mi-voix ? Giovanna part à sa recherche et découvre un autre monde et comprend les bassesses, les petitesses et hypocrisies de celui dans lequel elle a grandi.
Le Flambeur de la Caspienne de Jean-Christophe Rufin (Flammarion)
Pour sa troisième enquête, notre héros, Aurel Timescu, se retrouve à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Jolie ville semble-t-il, un lieu de villégiature charmant au climat agréable. En revanche les services diplomatiques auxquels le pauvre Aurel est affecté sont horribles et tout particulièrement en raison d'un chef de poste insupportable et tyrannique. Mais ce dernier a des excuses, il vient de perdre sa femme dans un accident étrange et mystérieux. Aurel va donc mener l'enquête et se frotter à la mafia et aux fonctionnaires corrompus alléchés par la perspective de juteuses commissions sur de gros contrats. Aurel tout diplomate et détective qu'il soit n'en est pas moins homme et cette fois ses investigations prennent une dimension nouvelle !
Retrouvez l’interview de Jean-Christophe Rufin, le parrain des Trophées des Français de l’étranger 2020.
Ame brisée par Akira Mizubayashi (Gallimard)
Le Prix des Libraires 2020 a été décerné cette année au magnifique roman d’Akira Mizubayashi, Âme brisée.
Tokyo, 1938. Quatre musiciens amateurs passionnés de musique classique occidentale se réunissent régulièrement au Centre culturel pour répéter. Autour du Japonais Yu, professeur d’anglais, trois étudiants chinois, Yanfen, Cheng et Kang, restés au Japon, malgré la guerre dans laquelle la politique expansionniste de l’Empire est en train de plonger l’Asie. Un jour, la répétition est brutalement interrompue par l’irruption de soldats. Le violon de Yu est brisé par un militaire, le quatuor sino-japonais est embarqué, soupçonné de comploter contre le pays. Dissimulé dans une armoire, Rei, le fils de Yu, onze ans, a assisté à la scène. Il ne reverra jamais plus son père... L’enfant échappe à la violence des militaires grâce au lieutenant Kurokami qui, loin de le dénoncer lorsqu’il le découvre dans sa cachette, lui confie le violon détruit. Cet événement constitue pour Rei la blessure première qui marquera toute sa vie... Dans ce roman au charme délicat, Akira Mizubayashi explore la question du souvenir, du déracinement et du deuil impossible. On y retrouve les thèmes chers à l’auteur d’Une langue venue d’ailleurs : la littérature et la musique, deux formes de l’art qui, s’approfondissant au fil du temps jusqu’à devenir la matière même de la vie, défient la mort.
Love me, tender de Constance Debré (Flammarion)
"Depuis trois ans se sont des pans entiers de moi même qui tombent. Qui n'en finissent pas de tomber. Je crois que j'arrive quelque part, six mois plus tard je me retourne et je suis dans une autre vie, avec un autre moi." Love me tender, Constance Debré
Dans une langue crue, brute, qui n'est pas sans rappeler celle de Virginie Despentes, directe, factuelle, "à l'os", Constance Debré raconte la vie d'une femme quarantenaire, proche, selon ses propres dires, d'elle même, qui largue les amarres et abandonne tout, se dépouille de tout, son métier d'avocat, sa maison, de toutes obligations et de tous devoirs. Elle lit Tony Duvert, Hervé Guibert et Saint Augustin et partage leur quête d'absolu, sans restriction, hors cadre, en marge de la société. Toutes les filles qu'elle rencontre n'ont pas de nom, la mince, la jeune, comme elle qui est "elle" ou "je", ou qui est "maman". Car le grain de sable, sa douleur, dans cette vie nouvelle sans attache aucune, mais aussi sa raison de vivre, c'est son fils de huit ans, Paul, dont la garde a été confiée à son père. Dans ce deuxième roman Constance Debré continue sa quête identitaire, sans fard ni protection, elle se découvre, se met à nu. Sans conteste une vraie "voix", un style envoutant, serré, qui emporte, un style qui "flingue à la kalach".
Retrouvez les suggestions littéraires de la librairie Las mil y una hojas, située en Argentine.
Pleine de grâce de Gabriela Cabezón Camara (Ogre)
À travers deux personnages, Quity, jeune journaliste de Buenos-Aires et Cléopâtre, ancienne prostituée travestie qui a vu la Vierge dans le bidonville d’El Poso, l’auteure, Cabezón Camara nous plonge au cœur de l’Argentine contemporaine dans toute sa crudité. Elle manie le langage populaire avec maîtrise et truculence. Usant d’une langue à la fois baroque et tendre, elle nous fait vivre l’épopée mythique d’une communauté utopique qui se verra écrasée par le pouvoir.
Je suis l’hiver par Ricardo Romero (Asphalte)
C’est une nouvelle dont le personnage principal "Pampa" porte le nom éponyme de la région où se déroule le récit. L’écriture poétique, évocatrice de cette étendue immense et plate, nous berce dans le rythme du quotidien d’une vie ancrée dans la tradition de cette région emblématique de l´Argentine. Tout n’est pourtant pas aussi calme et plat qu’il n’y paraît…
Crève, mon amour d’Ariana Hawicz (Seuil)
C’est une femme pleine de rage, contre elle, contre sa condition de mère, de femme, de belle fille, d’épouse…Elle vomit toutes les impostures d’une vie de famille dont les clichés culturels l’étouffent. Cette femme n’en peut plus. Les mots se succèdent dans des phrases coups de poing d’une violence sauvage et dévastatrice. L’écriture saccadée, haletante s’apparente au monologue théâtral à travers une logorrhée proche de la folie. Thèmes universels sous un traitement viscéralement argentin.
Retrouvez les coups de cœur littéraires de la librairie Jaimes, à Barcelone.
Et toujours les forêts de Sandrine Collette (JC Lattès)
Auteure que nous suivons depuis ses débuts avec Les noeuds d'acier que nous n'avons pas encore pu nous le sortir de la tête tant il est impactant et que nous avons fait dans notre CLub de lecture Jaimelenoir et qui a fait l'unanimité des clubistes.
Son nouveau livre est tout aussi poignant, la nature tout aussi présente et une quête obsessionnelle de la vieille villageoise qui l'a élevé, au milieu d'un monde dévasté. Beau, poignant, intimiste, on n'est pas prêts de l'oublier.
Comment j'ai rencontré les poissons par Ota Pavel (Folio)
Livre jouissif, autobiographique, historique, dans la Tchécoslovaquie d’avant-guerre, qui tourne autour du personnage haut en couleur qu'est le père de l'auteur. Représentant de commerce, pêcheur de carpes, charmeur, un bonheur d'entrer dans son monde, la nature, les rivières avec ses multiples poissons. Envie de le retrouver au bord d'une rivière et continuer le chemin avec lui.
La commode aux tiroirs de couleurs d’Olivia Ruiz (JC Lattès)
Un premier roman riche en émotions et nostalgie. Un petit bijou qui étincelle, à l’image de son autrice. Un magnifique portrait de femmes aux couleurs passant du sombre au flamboyant au gré des évènements historiques et politiques. Une lecture durant laquelle on arriverait presque à respirer les odeurs de paella et d'épices, sous le soleil ou sous des pluies torrentielles avec comme fond sonore Estrella Morente et surtout son "Volver". Découverte du monde bien caché de la grand-mère de l'auteure, républicaine espagnole qui a fui la dictature de Franco. Poésie, histoire, émotions nostalgie, une belle lecture.
"Le virus de la lecture II" de la librairie francophone Zadig à Berlin.
Le premier siècle après Béatrice d’Amin Maalouf (Grasset)
Ce roman d'Amin Maalouf se prête à plus d'une lecture. Roman de l'amour "maternel" d'un père envers sa fille, roman d'un homme attaché à "la féminité du monde", roman du partage de notre planète entre un sud qui dépérit et un nord qui s'exaspère, roman de l'effrayante rencontre entre les perversions de l'archaïsme et celles de la modernité... mais peut-être est-ce avant tout un conte philosophique, celui de notre fin de siècle déconcertante, et aussi, un regard inquiet vers le vingt et unième, si présent déjà, et que l'auteur appelle, énigmatiquement, "le premier siècle après Béatrice".
Idiss par Robert Badinter (Éditions Fayard)
Robert Badinter retrace le destin de sa grand-mère, Idiss, qui fuit l’empire tsariste pour se réfugier à Paris en 1912. Elle y vit les plus belles années de sa vie avant d’être rattrapée par les affres de la guerre et le nazisme. "J'ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l'Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d'une destinée singulière à laquelle j'ai souvent rêvé. Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d'amour de son petit-fils." Robert Badinter
L’impérialiste d'Hannah Arendt (Schocken Books)
Le premier livre d'Hannah Arendt, The Origins of Totalitarianism, publié en 1951, demeure encore aujourd'hui essentiel. Philosophe de la politique, Arendt se propose de montrer, à l'aide d'un matériel empirique rigoureux, de quelle manière le totalitarisme a pu naître dans le monde occidental. À une époque où le thème du totalitarisme semble plus que jamais devoir s'imposer dans le débat politique, il est pourtant indispensable de lire Arendt jusqu'au bout. Dans cette deuxième partie L'impérialisme, Arendt rend compte de l'expansion de l'État-nation à la fin du 19e siècle.
Cette liste est loin d'être exhaustive. N'hésitez pas à nous mettre vos recommandations littéraires en commentaires.