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COMMUNAUTE - Centenaire de l'Institut Français de Madrid : rencontre avec Serge Fohr, directeur

2010 sera sans conteste une année phare pour l'Institut Français de Madrid. Une programmation culturelle riche, prioritaire, devrait ainsi bénéficier du centenaire, pour s'étoffer encore un peu plus. La programmation n'exclura pourtant pas le "public naturel", selon la volonté du directeur, Serge Fohr, qui met en avant l'importance accordée aux quatre générations d'Espagnols ayant fréquenté l'IFM. Rencontre

Lepetitjournal.com : Les 100 ans de l'Institut Français, cela représente quoi exactement?
Serge Fohr : Il s'agit en fait des 100 ans du bâtiment que nous célébrons, pas forcément ceux de l'institution, dont la création est légèrement postérieure. Tout est parti en réalité de la société de Bienfaisance, qui disposait de bâtiments dans la rue. L'idée de créer une structure scolaire pour sédentariser les Français a donné lieu au Collège français, l'ancêtre du Lycée Français de Madrid. Les locaux étaient ceux que nous occupons aujourd'hui. Un peu plus tard, afin de couper court aux concurrences qui existaient entre universités concernant ce projet éducatif, il a été décidé de créer l'Institut d'Etudes Supérieures : l'ancêtre de l'IFM. Ce sont donc quatre générations d'Espagnols qui sont passées "entre nos mains" : une véritable histoire, un fil historique que nous souhaitons commémorer.

Comment ont évoluées vos missions?
Au début du XXe, nous proposions principalement des études universitaires spécialisées, dispensées sous forme de cours magistraux au sein de la structure. Aujourd'hui, même si nous conservons une dimension universitaire, avec la présence des universités de Toulouse et de Bordeaux, ou encore des accords avec la Casa Velázquez, nous nous centrons surtout sur les cours de langue. Parallèlement, la dimension culturelle est devenue aussi importante que la dimension pédagogique.

Par rapport aux autres Instituts Français espagnols, quelles sont les particularités de l'Institut français de Madrid?
D'abord le bâtiment : de par son ancienneté, sa position dans Madrid et la beauté de son architecture, il confère une véritable identité à l'IFM. Ce serait dommage de perdre cela.
Nous développons ensuite, comme je vous l'ai dit, une dimension universitaire très forte : nous accueillons ainsi chaque année 35 étudiants de l'université du Mirail de Toulouse.
Mais nous nous ouvrons sur d'autres domaines: nous avons célébré en septembre dernier le lancement de la première promotion de Vatel, l'école d'hôtellerie. Bientôt ce sera au tour de Mod'art, une école de stylisme. Ces deux écoles sont hébergées dans nos locaux et travaillent en lien étroit avec l'IFM.
La véritable particularité de l'IFM, cela reste cependant une vie culturelle intense, que nous pouvons développer grâce aux beaux espaces dont nous disposons, comme l'amphithéâtre. Notre proximité géographique avec l'Ambassade nous a par ailleurs permis de développer des liens étroits avec les services culturels et ainsi d'être un acteur primordial de la programmation culturelle francophone au sein de la capitale.

solos du centenaire institut français de Madrid Lepetitjournal.com Espagne
Quelles ont été, à votre sens, les grandes dates de l'IFM ?
La réouverture de l'IFM, après la guerre civile, représente certainement un moment important pour l'institution. C'est le début des années Paul Guinard, qui a été directeur de l'IFM pendant 30 ans, de 1932 à 1962. Plus tard, en 1993, l'inauguration de l'amphithéâtre et de la médiathèque ont concordé au renouveau de l'Espagne et de son arrivée "dans la cour des grands". A notre échelle, cela nous a permis de développer une véritable dimension culturelle de qualité. Je ne peux m'empêcher de penser aux personnalités qui ont été accueillies ici, de Jeanne Moreau à Claude Sarraute, en passant par Carla Bruni ! Mais ce qui fait la richesse de l'IFM, c'est ce fil générationnel formé par ces milliers d'Espagnols qui ont étudié ici, et à qui nous souhaitons rendre hommage.

Comment vont s'organiser les temps forts de ce centenaire?
Tout d'abord, du 9 juin au 30 juillet aura lieu une grande exposition de photos pour célébrer une double commémoration : celle du centenaire de l'Institut et celle du début de l'indépendance des pays d'Amérique Latine. Ce sera une galerie de portraits, un véritable hommage du photographe Daniel Mordzinski aux grands écrivains des "trois rives": Espagne, France, Argentine.
Le deuxième évènement sera la sortie d'une brochure retraçant l'histoire de l'Institut Français en tant qu'institution et que bâtiment, avec photos d'archives à l'appui. Elle sera tirée à environ 10 000 exemplaires et sortira avant l'été.
A partir du mois de mai continuera aussi notre cycle "Les solos du centenaire" : plusieurs spectacles de danses, de théâtre ou de musique, qui accueilleront six artistes français.
Enfin, nous organisons une fête de la musique d'exception. Comme le 21 juin est jour de Coupe du monde de football, il nous est apparu intéressant d'organiser plutôt un gros concert le 19, avec le chanteur lyonnais Siméo et le grand violoncelliste Vincent Segal. Le 21, nous accueillerons également le célèbre pianiste argentin et prix Nobel de la paix Miguel Angel Estrella.

Au final, quels sont les défis de l'Institut aujourd'hui ?

Arriver au bicentenaire ! Plus sérieusement, maintenir l'image de référent culturel de la France et renforcer ses liens avec l'Espagne. Le but est vraiment de mieux se connaître de chaque côté des Pyrénées?



Propos recueillis par Sarah BOSQUET et Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) mardi 13 avril 2010