L’action des 80 villageois Bunong contre les groupe Bolloré qu’ils accusaient de spoliation de leurs terres sacrées a été jugée irrecevable par le tribunal de Nanterre.
80 villageois de Busra, dans la province du Mondulkiri, poursuivaient la Compagnie du Cambodge et à la Socfin-KCD deux sociétés appartenant au groupe Bolloré pour s’être accaparé de leurs terres en 2007 afin d’y développer des plantations d’hévéas
En 2019 une dizaine de membres de l’ethnie Bunong ( en khmer Pnong: ជនជាតិព្នង) avait témoigné devant le tribunal de Nanterre. Le mode de vie des Bunongs est fondé sur la sacralisation de leurs forêts, une agriculture itinérante et la collecte des produits de la forêt.
Ils reprochaient à Bolloré la destruction de lieux de culte et d'arbres centenaires considérés comme des divinités. Ils s'estiment spoliés de leur forêt ancestrale.
Les plaignants affirmaient aussi que leur expropriation a entraîné à la fois une perte de revenus et les a privés des moyens de subsistance.
L'action contre le groupe Bolloré jugée irrecevable
Les plaignants ont été déboutés vendredi, par le tribunal judiciaire de Nanterre.
"Il résulte qu'aucun des 80 demandeurs et intervenants volontaires ne justifie d'un droit réel ou personnel pour exploiter les terres litigieuses".
"L'action engagée par chacun d'eux sera dès lors déclarée irrecevable pour défaut de qualité et d'intérêt à agir", précise la décision.
En novembre 2019, le tribunal de Nanterre avait invité les paysans à produire des preuves établissant leurs droits sur ces terres et un document justifiant l'état civil de chacun.
"Ce jugement est stupéfiant et en décalage avec le droit international pour les peuples indigènes, car le tribunal a rejeté les documents permettant d'établir l'identité et la relation avec les terres de mes clients" a réagi auprès de l'AFP l'avocat des paysans Me Fiodor Rilov, qui a fait appel de ce rejet devant la cour d'appel de Versailles.
Selon le jugement de vendredi, les paysans doivent payer une " indemnité de procédure" de 20 000 euros, à Bolloré ainsi qu'à la société Compagnie du Cambodge.