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Des paysans cambodgiens témoignent en France contre le groupe Bolloré

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Les forêts ancestrales des bunongs ont été rasées pour créer des plantations d'hévéas. Crédits : FIDH
Écrit par Pierre Motin
Publié le 2 octobre 2019, mis à jour le 2 octobre 2019

Plusieurs membres de l’ethnie bunong étaient entendus le 1er octobre par la justice française pour  témoigner contre des entreprises liées au groupe Bolloré accusées d’ accaparement de terres.

Une dizaine de membres de l’ethnie bunong ont témoigné mardi 1er octobre devant le tribunal de grande instance de Nanterre dans le cadre d’un procès intenté au groupe Bolloré, à sa filiale Compagnie du Cambodge et à la Socfin-KCD.

Les 80 plaignants du village de Busra, dans la province du Mondulkiri, accusent ces entreprises de s’être rendues coupable d’accaparement de terres en 2007 pour développer des plantations d’hévéa , bouleversant le mode de vie des Bunongs basé sur la sacralisation de leurs forêts, une agriculture itinérante et la collecte des produits de la forêt.

Représentés par leur avocat Fiodor Rilov, ces membres de l’ethnie bunong ont décidé à l’été 2015 d’assigner la filiale du groupe Bolloré auprès de la justice française pour demander la restitution de leurs terres ainsi que des dommages et intérêts. La plainte vise le groupe Bolloré ainsi que sa filiale Compagnie du Cambodge et la Socfin-KCD, une société de droit cambodgien, pour avoir obtenu une concession sans concertation avec la minorité bunong et de façon illégale.

Le groupe Bolloré, qui est le premier actionnaire de la Socfin-KCD avec 39% de son capital, nie toute responsabilité. Or, l’audience du 1er octobre avait justement pour objectif d’apporter la preuve que le groupe était à la base des activités de la Socfin en demandant la communication de plusieurs documents. Terres Rouges Consultant, une société liquidée en 2012 et domiciliée dans la tour Bolloré, gérait directement les plantations d’hévéas d’après l’avocat des plaignants.

La défense demande aux plaignants cambodgiens de fournir des documents prouvant qu’ils disposent du droit de propriété ou de jouissance des terres qu’ils disent avoir perdues. Cependant, de nombreux Cambodgiens occupent des terres depuis des décennies sans posséder de titres de propriété formels, un phénomène qui touche d’autant plus les minorités ethniques.

Massifs au Cambodge, les accaparements de terres ont touché des centaines de milliers de Cambodgiens depuis 2010 selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui avait publié dès 2011 un rapport sur les violations des droits de l’homme liées aux plantations d’hévéas de la Socfin-KCD

La décision de justice est attendue le 8 novembre dans cette affaire.

 

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Publié le 2 octobre 2019, mis à jour le 2 octobre 2019

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