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Tortues royales du Cambodge une lutte pour préserver un symbole national

À Siem Reap, un centre s'engage à préserver les tortues royales, menacées d’extinction. L'occasion de redécouvrir cet animal emblématique aux origines culturelles fortes.

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Photo : Thmey Thmey
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 10 août 2025

Une espèce au bord de l’extinction

Communément appelées tortues royales, les tortues à carapace molle du Sud (Southern River Terrapins) figurent sur la liste des espèces en danger critique d’extinction, principalement à cause de la destruction de leur habitat naturel et du braconnage illégal.

Malgré ces menaces persistantes, plusieurs initiatives de conservation s’efforcent aujourd’hui de sauvegarder leur population, notamment à Siem Reap, au sein de l’Angkor Wildlife & Aquarium (AWA). Ce centre accueille plusieurs spécimens et mène des programmes de sensibilisation auprès du public.

Pourquoi parle-t-on de « tortues royales » ?

Selon KHAT Sreynouch, membre de l’équipe d’AWA, ce surnom trouve son origine dans la tradition. « Ces tortues étaient si rares que l’on les offrait autrefois aux rois. La famille royale a ensuite instauré des lois pour les protéger. Depuis, elles sont connues sous le nom de ‘tortues royales’ ».

Certaines pratiques religieuses perpétuent encore aujourd’hui cette symbolique : « Lors de rituels, on relâche parfois des tortues dans la nature après les avoir nettoyées et parfumées, dans l’espoir de recevoir des bénédictions ».

A Royal Turtle at Angkor Wildlife & Aquarium.

 

Une espèce redécouverte in extremis

La destruction des mangroves, le dragage du sable et la pêche illégale ont contribué à la forte diminution de cette espèce. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l’a classée en danger critique.

Pendant des décennies, on pensait même l’espèce disparue au Cambodge, jusqu’à sa redécouverte en 2001, dans la région de Srae Ambil, province côtière de Koh Kong. Un espace protégé y a depuis été établi.

En 2005, les tortues royales ont été reconnues symbole national du Cambodge par décret royal, dans le cadre d’une stratégie de préservation plus large.

Un mode de vie semi-aquatique

Les tortues royales vivent dans des zones d’eau douce comme le Tonlé Sap ou le Mékong, mais peuvent aussi survivre dans des environnements d’eau saumâtre, là où se rencontrent eau douce et eau salée.

Elles se distinguent physiquement par leurs pattes avant palmées à quatre griffes (au lieu de cinq pour la majorité des tortues) et un dimorphisme sexuel visible : « Les femelles ont les yeux plus sombres et atteignent des tailles plus importantes – jusqu’à 62 centimètres de long contre 42 chez les mâles, aux yeux plus jaunes », explique Khat Sreynouch. Ces tortues peuvent peser jusqu’à 35 kg et vivre plus de cent ans.

Elles atteignent leur maturité à l’âge de 15 ans et pondent jusqu’à 20 œufs dans des nids de sable qu’elles creusent elles-mêmes. On les retrouve également dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est : Malaisie, Vietnam, Singapour et Sumatra.

A Royal Turtle at Angkor Wildlife & Aquarium

 

Le rôle d’Angkor Wildlife & Aquarium

Le centre AWA héberge actuellement des spécimens non reproducteurs, avec pour objectif à long terme de favoriser leur reproduction et d’accompagner la croissance de la population via l’incubation des œufs.

« Les visiteurs peuvent observer les tortues de près, dans des bassins propres et sécurisés. On peut examiner leurs mouvements, leurs carapaces, leurs yeux… et mieux comprendre leur rôle dans l’écosystème » souligne KHAT Sreynouch.

Interview originale (en khmer, traduite en anglais)

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone. 
 

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