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Taramana, vingt ans d’engagement pour les enfants de Phnom Penh

Le 25 décembre, Taramana organise sa fête de Noël pour les enfants de Boeng Salang. L’occasion de revenir sur l’histoire de l’ONG, ses missions et l’accompagnement global qu’elle offre depuis vingt ans.

Taramana  Spectacle au centre théâtre d'ombresTaramana  Spectacle au centre théâtre d'ombres
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 6 décembre 2025

L’histoire de Taramana commence en 2005, lorsque Jocelyn Dordé, alors jeune médecin, découvre la précarité du quartier de Boeng Salang.
« Au début, nous avons commencé par accueillir dix, quinze enfants. Juste un petit local, quelques cours d’anglais et de français, un peu de riz et des soins. »
En 2008, l’ONG loue son premier centre, avant de pouvoir construire le centre Taramana Magdalena en 2016, grâce notamment au soutien de Hun Many, le président de la Jeunesse cambodgienne, et de l’architecte francophone Vannak Seng.« Sans eux et sans les parrainages, le centre n’existerait pas. »

Aujourd’hui, Taramana soutient plus de 200 enfants et jeunes de 5 à 25 ans.

Une vocation claire : éducation, protection et accompagnement social

Taramana n’est pas une école, mais un centre d’accompagnement éducatif.
« Taramana n’est pas une structure hors-sol. Nous travaillons dans le quartier, avec les familles, jour après jour. »
Les enfants y suivent des cours de renforcement en khmer et en mathématiques.
En complément, les enfants profitent également de cours d’anglais et d’informatique qui leur offrent des compétences utiles pour la suite de leur scolarité. Ils ont aussi accès chaque jour à la bibliothèque du centre, un espace calme où ils peuvent lire, faire leurs devoirs ou simplement découvrir de nouveaux livres. Chaque semaine, un groupe part en sortie culturelle : projections et débats au Centre Bophana, expositions à l’Institut français du Cambodge ou séances de lecture à la Bibliothèque nationale. Ces activités élargissent leur horizon et les confrontent à des expériences qu’ils n’auraient probablement jamais découvertes sans l’ONG.
 

« On n’est pas là pour remplacer l’école, mais pour éviter qu’un enfant abandonne parce qu’il n’y arrive plus. »

Taramana
Cours de khmer

 

Un accompagnement social essentiel

Chaque inscription passe par une enquête sociale.
« On évalue les revenus, la stabilité familiale, les conditions de vie. Beaucoup d’enfants vivent chez un oncle, une grand-mère, un voisin… »
Le centre organise également de nombreuses séances de sensibilisation portant sur des thèmes essentiels : les droits de l’enfant, l’hygiène, la santé, l’adolescence, la gestion des émotions ou encore les relations familiales.
Les ONG locales Samatapheap Khnom Organization (SKO) et Karol & Setha interviennent aussi auprès des adolescents :
« Le développement personnel est essentiel ici. Il faut donner aux jeunes les mots pour comprendre ce qu’ils vivent. »

Nutrition et santé : répondre à des besoins vitaux

Pour de nombreux petits, manger à Taramana est indispensable.
« Certains mangent ici trois fois par jour. Sans la cantine, ils iraient à l’école le ventre vide. »
Chaque jour, le centre propose trois repas — petit-déjeuner, déjeuner et dîner — afin de garantir aux enfants une alimentation régulière et équilibrée. À cela s’ajoute une distribution mensuelle de riz destinée à 53 familles.
Les soins de santé sont assurés par l’infirmerie et des partenaires médicaux.
« Chaque intervention change quelque chose dans la vie d’un enfant. »
Dentistes, ORL, ostéopathes, massages thérapeutiques, médecine chinoise… Taramana propose une prise en charge complète.

 

Taramana

 

Arts et sports : révéler des talents et redonner confiance

Hip-hop, bokator, apsara, football, badminton, rugby, dessin… Le centre propose aussi de nombreuses activités culturelles et sportives.
Certains enfants n’arrivent pas à se concentrer en classe, mais en bokator, ils répètent un mouvement parfaitement après deux minutes. Leur mémoire n’est pas scolaire.
« Un enfant doit pouvoir être fier de quelque chose. C’est ça qui lui donne envie d’avancer. »
Que dire de la performance de la troupe de théâtre de Taramana, les « Petits Chenapans », qui a vu depuis 2010 une trentaine d’enfants briller sous les projecteurs de l’Institut français comme du Lycée Descartes, avant de terminer par une tournée couronnée de succès en France en 2016.

 

Taramana
sortie à l'IFC

Des résultats concrets : des enfants devenus étudiants, diplômés… puis collègues

Après vingt ans d’existence, Taramana peut mesurer son impact.
« Aujourd’hui, nous avons un ancien élève qui est pédiatre. D’autres travaillent ici, au centre. Quand un jeune revient en tant que collègue, c’est une immense fierté. » Depuis 2021, une quinzaine d’étudiants ont été diplômés.« Quand un jeune du quartier obtient son Grade 12, c’est déjà une victoire. »
Chaque année, cinq à six jeunes entrent à l’université avec des bourses couvrant 50 à 80 % des frais d’inscription ; cela est possible grâce aux parrainages.

 

Des partenariats pour aller plus loin

Taramana collabore également avec plusieurs partenaires qui complètent utilement son action : Enfants du Mékong, SKO, SIPAR.
« On a peu de moyens, mais beaucoup de volonté. Les partenariats nous permettent d’aller plus loin. Nous avons la chance de compter sur le soutien indéfectible de Phnom Penh Accueil et du Women International Group depuis 2008. »

Pérenniser avant d’agrandir : le défi des prochaines années

Les besoins augmentent mais les parrainages diminuent. « Les dépenses montent. On doit absolument préserver ce que nous avons construit. » L’objectif n’est pas d’accueillir plus d’enfants : « Mieux vaut accompagner 200 enfants correctement que 400 à moitié. »
Le travail avec les familles devra être renforcé :


« Les enfants ont une petite lueur d’espoir. Nous, on est là pour l’entretenir, pour la transformer en force. »

Taramana
démonstration de Bokator

Et maintenant : préparer Noël pour les enfants de Boeng Salang

Ce parcours complet trouve un écho particulier pendant les fêtes.
« Noël, ici, c’est un moment où les enfants montrent qui ils sont vraiment. Ils montent sur scène, ils dansent, ils chantent, ils se révèlent. »
Depuis plusieurs semaines, le centre vibre au rythme des répétitions.« Tout le monde participe : les enfants, les professeurs, les bénévoles. C’est un vrai travail collectif. »
Pour de nombreuses familles :« Pour certains, c’est la seule occasion de l’année où toute la famille est réunie autour d’eux. Ils en sont fiers, et ça se voit. »
La journée se clôturera par un repas et la distribution de cadeaux.« Un cadeau simple, mais donné avec le cœur. Et pour les enfants, ça compte énormément. »

Si vous voulez aider l’association à acheter des cadeaux et organiser un bon repas de Noël :
https://www.helloasso.com/associations/taramana/collectes/un-geste-200-sourires-un-repas-et-un-cadeau-pour-tous

 

Taramana

 

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