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Mona Tep : « Notre devoir, c’est d’aider quand on peut. »

Mona Tep et son équipe de volontaires ont mené une mission médicale d’urgence auprès de centaines de familles déplacées à la frontière thaïlandaise, apportant soins, soutien et médicaments.

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Photo fournie
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 26 novembre 2025, mis à jour le 3 décembre 2025

Directrice de la Pharmacie de la Gare à Phnom Penh, Mona Tep coordonne des missions médicales d’urgence dans les zones les plus vulnérables du pays. Le week-end dernier, elle a mené une nouvelle opération humanitaire auprès des familles réfugiées dans une pagode proche de Daung, où s’étaient regroupées jusqu’à 800 familles. Une intervention éclair, méthodique et d’une ampleur exceptionnelle.

Lorsque des tirs ont éclaté le 12 novembre, plusieurs villages frontaliers ont été vidés en quelques heures. Les habitants se sont regroupés dans une grande pagode transformée en lieu de refuge. Huit cents familles y ont trouvé asile, soit entre 2 500 et 3 000 personnes, dont de nombreux enfants et de jeunes mères.
C’est dans ce contexte d’urgence que Mona Tep et son équipe se sont mobilisées.
« Les gens se sont enfuis de chez eux. Il y a eu un mort, des blessés… Beaucoup ont fui sans rien, avec parfois un bébé sous le bras. »

Une logistique lourde pour une opération express


Comme pour leurs précédentes interventions, la mission a reposé exclusivement sur le volontariat.
« Les gens travaillent la semaine. Nous partons donc le vendredi à 17 h, avec un grand bus rempli de médicaments et de matériel. »
L’équipe a roulé jusqu’à 23 h, passé la nuit à Siem Reap, puis repris la route le lendemain à l’aube pour atteindre le camp.

Au total : 33 volontaires, dont trois à quatre agents d’accueil, huit infirmières, six médecins aidés d’assistants médicaux, deux traducteurs, six pharmaciens et des logisticiens chargés du flux des patients.

Cette structure permet d’installer en quelques heures une véritable clinique itinérante : réception, triage, prises de constantes, consultation, délivrance des médicaments et même une petite salle d’opérations.

471 personnes soignées en une journée


L’efficacité de l’équipe surprend :
« Certains me disent qu’ils voient d’autres équipes soigner 100 personnes le matin et 100 le soir. Nous, en une journée, nous avons accueilli et soigné 471 personnes. »

Plusieurs petites interventions chirurgicales ont pu être réalisées. La présence de gynécologues a également permis de prendre en charge les femmes enceintes et les jeunes mères dans de meilleures conditions d’intimité.

La pharmacie mobile, alimentée par des achats réguliers et des dons ciblés, a tenu le rythme.
« Les gens nous donnent parfois des médicaments proches de la date d’expiration, mais jamais du dumping. Nous voulons offrir des traitements convenables. C’est une question de professionnalisme. »

 

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Les pathologies observées : dengue, grippes, diabète et malnutrition


Les médecins ont constaté une grande variété de maux, aggravés par les conditions de déplacement et le manque d’hygiène.
« Nous avons vu beaucoup de dengue, de grosses grippes, des problèmes d’hypertension, de diabète… Certains avaient abandonné leur traitement en fuyant. »

Chez les enfants, les équipes ont relevé des cas de malnutrition et de déshydratation.

Le site de refuge posait lui aussi des difficultés :
« L’hygiène n’était pas bonne. L’eau stagnait, cela attire les moustiques… Mais ils ont fait avec les moyens du bord. »

 

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Un solide réseau de volontaires


Le programme humanitaire s’appuie sur un noyau solide. Des partenaires de longue date — Advanced European Medical Center et la Pharmacie de la Gare, bien sûr,  mais aussi TIA school et All Dreams Cambodia,  le Centre éducatif de kep, Cambodian Children’s Fund et le personnel de la clinique Phey Pneuv, traducteurs, assistants médicaux  — rejoignent régulièrement l’équipe.

Un soutien précieux également du secteur privé :
« La Bred Bank nous a encore aidés. Avis et RMAsia  nous soutiennent pour le transport. Quand les volontaires montent dans le bus, tout est pris en charge : transport, repas, hôtel… »

Les coûts restent pourtant élevés : entre 6 000 et 7 000 dollars par mission, incluant la logistique et les médicaments.

Une volonté de pérenniser les interventions


Pour Mona Tep, ces actions ne doivent plus être uniquement déclenchées en période de crise.
« Ce serait formidable de partir toutes les six semaines dans des zones reculées. Une clinique itinérante pourrait rendre accessibles des soins à des gens qui n’ont rien. »

La directrice en appelle à la création d’une communauté régulière de donateurs :
« Pas des bailleurs de fonds institutionnels, mais des gens qui veulent soutenir. Avec un petit coussin financier, on pourrait assurer des missions régulières. »

 

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Comment rejoindre les volontaires ?

Les personnes souhaitant s’engager peuvent contacter directement la Pharmacie de la Gare ou le Dr Thierry Chhuy, co-pilier du programme humanitaire aux côtés de Mona Tep.
« Thierry est un pilier de cette initiative. Entre lui et moi, nous faisons avancer tout le programme. » Au-delà de son rôle de directrice, Mona Tep s’implique personnellement dans chaque opération.
« Quand il manque de l’argent, nous mettons la main dans nos poches. C’est normal. Avec ce que nous avons en main, ce serait dommage de ne rien faire. »

Pour elle, ces missions font partie de la responsabilité sociale d’une entreprise locale :
« Notre devoir, c’est d’aider quand on peut. Et on peut. »

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