Un leader de l'opposition cambodgienne Sun Chanthy a été condamné à deux ans de prison et interdit d'élection, suscitant des inquiétudes sur la répression des voix critiques.
Un nouveau coup porté à l'opposition
Le président du Nation Power Parti (NPP), Sun Chanthy, a été condamné à deux ans de prison et à une amende de 4 millions de riels (environ 1000 dollars) par un tribunal de Phnom Penh. Il a également été privé de ses droits civiques, notamment celui de voter ou de se présenter à des élections. Le tribunal l'a reconnu coupable d'incitation à des troubles sociaux, un verdict qui s'inscrit dans une série de mesures judiciaires visant les détracteurs du gouvernement.
Condamné pour ses critiques qualifiées
La condamnation repose sur des publications sur les réseaux sociaux, notamment une vidéo filmée lors d’une réunion au Japon où Sun Chanthy avait critiqué les politiques du gouvernement cambodgien. Il avait notamment dénoncé l’endettement des citoyens auprès des banques et le manque de transparence dans la distribution des aides sociales.
Son avocat, Choung Choungy, a qualifié cette décision d'« injustice », affirmant que les propos de son client relevaient de la critique constructive pour le développement du pays. Il a ajouté qu’ils envisageaient de faire appel.
Le gouvernement nie que cette affaire soit politiquement motivée. Sok Eysan, porte-parole du Parti du Peuple Cambodgien, parti au pouvoir a défendu la décision du tribunal, affirmant que Sun Chanthy avait violé la loi et menacé les droits d'autrui. Il a rejeté l'idée que ces propos relevaient de la liberté d'expression.
Un contexte de répression accrue
La condamnation de Sun Chanthy illustre l’utilisation récurante des tribunaux pour museler l’opposition politique et les militants au Cambodge. Sun Chanthy était auparavant un haut dirigeant du Parti du sauvetage national du Cambodge, dissous en 2018. Il avait ensuite rejoint son successeur non officiel, le Candlelight Party, interdit de participer aux élections de 2023. Face à ces restrictions, il a contribué à la création d’un nouveau parti d’opposition, le Nation Power Party.
Des voix critiques, comme celles de Hak Chhunly, membre du NPP, et de Yi Soksan, enquêteur principal de l’organisation de défense des droits humains Adhoc, ont qualifié d'injustice la décision du tribulan. Hak Chhunly a dénoncé une « répression politique », tandis que Yi Soksan a qualifié le verdict d’atteinte grave aux droits des citoyens, notamment par l'interdiction de se présenter à des élections.
En mai dernier, lors de l'Examen périodique universel des droits de l'homme à Genève, l'ONU avait déjà appelé le Cambodge à libérer les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Ce contexte renforce les critiques envers les autorités cambodgiennes sur leur gestion des libertés démocratiques.
En 2023, des charges similaires ont été utilisées contre des leaders syndicaux, des militants écologistes et le journaliste Mech Dara, dont l’arrestation en septembre a provoqué un tollé international.