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Smart Craft, des produits recyclés confectionnés par des handicapés

Smart Craft est une entreprise fondée en août 2014 par Lav Chamroen avec des valeurs sociales et environnementales. Ce dernier s’est donné l’objectif d’employer un maximum de Cambodgiens en situation de handicap, qui peinent à entrer sur le marché du travail. Pari réussi pour Lav Chamroen, lui-même atteint d’une malformation de la main. Aujourd’hui il emploie huit salariés (5 femmes et 3 hommes) qui travaillent à la confection de produits artisanaux destinés à une vente locale et à l’exportation...

SMART CRAFTSMART CRAFT
Porte-monnaie en pneu et en sac de ciment. / DR
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 12 août 2023, mis à jour le 24 mai 2024

Le petit journal a rencontré Lav Chamroen le créateur de Smart Craft, un entrepreneur porté par des valeurs sociales et environnementales.

Créateur Smart Craft
Lav Chamroen, créateur de Smart Craft 

Le petit journal : Bonjour Lav Chamroen, pourriez-vous m’expliquer le projet derrière Smart Craft ?

Lav Chamroen : Smart Craft est une entreprise que j’ai monté il y a 9 ans dans l’objectif de créer des produits artisanaux cambodgiens fabriqués à partir de matières recyclées. Au fil des années, nous avons élaboré une large gamme de produits, ce dont je suis fier. Nous fabriquons des porte-monnaie, des sacs, des trousses de toilette, des porte-clefs, des protège-cahiers, des protège-passeports et des porte-cartes. J’ai également voulu que Smart Craft emploie uniquement des personnes en situation de handicap, car j’ai conscience qu’elles sont plus vulnérables et ont des difficultés à trouver un travail ici.

Porte monnaie Smartcraft
Porte monnaie fabriqué avec des chutes de pneu. / DR

Le petit journal : Quel a été votre parcours avant Smart Craft ?

Lav Chamroen : Avant de lancer Smart Craft, j’ai été volontaire, puis responsable de production dans plusieurs associations fabriquant des produits à partir de matériaux recyclés, de la soie et du coton. Elles employaient aussi  des personnes en situation de handicap. Après plusieurs années j’ai estomé avoir acquis les compétences nécessaires pour ouvrir ma propre entreprise et mener un projet par moi-même. L’idée de monter une entreprise d’artisanat qui redonne une seconde vie à des objets m’est venue, car j’ai remarqué que les clients étrangers étaient demandeurs de ce type de créations écologiques. 

Au sein de Smart Craft je ne fais pas de couture, mais je designe l’ensemble des collections et je suis chargé de trouver des points de vente au Cambodge et à l’international. Pourtant, je n’ai jamais suivi d’école de design, j’ai appris par moi-même. J’ai uniquement fait des études à la faculté de management ce qui m’a aidé à trouver un marché pour mes produits. Et grâce à mon précédent poste, j’ai déjà eu l’occasion de travailler avec des étrangers, donc je savais comment dialoguer avec eux et ce qui pouvait les attirer. Toutes ces expériences ont été bénéfiques pour le lancement de Smart Craft.

Le Petit journal : Pourquoi avoir choisi le nom « Smart Craft » ?

Lav Chamroen : J’ai choisi ce nom tout simplement car « smart » renvoi à une personne intelligente, qui sait raisonner par elle-même et parvient à trouver des solutions. Ici, il faut savoir recréer un produit neuf avec des matières premières qui ont déjà eu une vie. Pour « craft », cela me semblait logique. Nous créons des produits de façon artisanale, avec comme uniques outils de travail nos mains et une machine à coudre.

Sac à dos
Confection d'un sac à dos en sac de ciment. / DR

Le petit journal : Quelles sont les valeurs défendues par Smart Craft ?

Lav Chamroen : J’en ai plusieurs. J’ai cherché à commercialiser des produits fabriqués à partir de matériaux usagés ou abîmés. Pour faire un produit joli et de qualité, j’ai décidé de prendre différents matériaux tels que des sacs de ciment, des pneus de voiture, des  journaux ou des anciens cours d’écoliers. 

Mon combat est surtout de pouvoir soutenir les personnes handicapées qui vivent au Cambodge pour qui l’accès au travail est plus compliqué. J’ai aujourd’hui 8 personnes qui travaillent pour Smart Craft à Phnom Penh depuis leur maison. J’ai fourni des machines à coudre pour ceux qui n’en avaient pas, afin qu’ils puissent coudre dans de bonnes conditions. Certaines personnes qui travaillent avec moi ont la polio ou des déformations aux jambes. Au-delà d’être une entreprise écologique, je voulais que Smartcraft permette d’offrir un travail aux personnes handicapées et pauvres du pays.

Le petit journal : Et comment vous vous organisez avec les huit salariés ?

Lav Chamroen : Alors tous les salariés de Smart Craft travaillent de chez eux. Ils cousent chacun les produits demandés puis je les réceptionne ici au local et lieu de vente. Ils ne peuvent pas les vendre directement de leur côté.

Smart Craft
Une salariée de Smart Craft finalise les sacs à dos en sac de ciment recyclés. / DR

Le petit journal: Où trouvez-vous les matériaux utilisés pour la confection de produits ?

Lav Chamroen : Parfois on en achète et parfois des salariés en trouvent par eux même. Cela dépend vraiment des occasions qui se présentent.

 

Le petit journal : A-t-il été compliqué de créer une entreprise telle que Smart Craft ?

Lav Chamroen : Oui cela a été compliqué. D’ailleurs, le plus dur quand j’ai ouvert l’entreprise a été de trouver des clients. Au Cambodge,  peu de personnes sont au courant de l’existence de mon entreprise et du fait qu’elle aide à l’insertion professionnelle des handicapés. Quand j’ai ouvert Smart Craft, pour avoir de la visibilité et des clients,  j’exposais mes produits au Russian Market, mais avec le Covid j’ai dû arrêter cela me coûtait trop cher.

Le petit journal : Où peut-on retrouver les différents produits fabriqués ici à Phnom Penh ?

Lav Chamroen : Les clients peuvent les trouver à Phnom Penh dans ma boutique dans le sud de la ville ou dans une boutique Watthan Artisans Cambodia qui se trouve à côté du Palais Royal. Quelques-unes de nos créations sont également en vente vers Battambang dans la maison de Madame Bun Roeng. J’essaie de vendre les produits dans des lieux touristiques, car il est vrai que ce sont les étrangers qui achètent mes produits... Pour faire connaitre Smart Craft aux Cambodgien, je me rends à des événements comme le Women’s International Group lors de la foire de Noël.

Le petit journal : Et touchez-vous des aides financières pour votre entreprise ?

Lav Chamroen : Non aucune. J’ai monté Smart Craft seul sans aucune aide extérieure.

Le petit journal : Enfin,  quels sont vos souhaits pour le futur de Smart Craft ?

Lav Chamroen :  J’en ai plusieurs. Même si j’ai déjà des clients à l’étranger, en Angleterre et en Australie, j’aimerais en avoir plus. Car plus nous avons de partenaires, plus nous avons de rentrées d’argent, ce qui me permettraient d’employer plus de salariés. J’ai le rêve d’engager le plus de personnes en situation de handicap possible, pour qui trouver du travail est un véritable combat. Je souhaiterais également que Smart Craft ait plus de visibilité auprès des Cambodgiens.

Retrouvez les créations artisanales de Smart Craft à Phnom Penh à la boutique Watthan Artisans Cambodia (street 240) ou au 115 Street 30, Sangkat Chak Angrae Kraom.

Si vous êtes intéressé par les produits de Smart Craft, n’hésitez pas à contacter Lav Chamroen au (855) 12 63 39 38 ou au (855) 86 62 63 63.

 

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