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Rabbit School, une école pas comme les autres au Cambodge

Au Cambodge, l’accès à l’éducation pour les enfants en situation de handicap intellectuel demeure pratiquement inexistant. Rabbit School, la plus ancienne et l’une des rares écoles spécialisées, défend le droit à l’éducation de ces jeunes en les accompagnant de 4 à 25 ans, à travers un programme pédagogique adapté et individualisé.

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Une école pour les enfants en situation de handicap intellectuel.
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 13 juillet 2023, mis à jour le 13 décembre 2024

Depuis 20 ans, l’accès à l’école s’est considérablement amélioré au Cambodge. Ainsi, selon les derniers chiffres du gouvernement, le taux de scolarisation en primaire atteint 97% en 2023.

Pourtant, certaines tranches de la population restent encore exclues du système éducatif : c’est le cas des personnes en situation de handicap intellectuel. Dans un pays à majorité bouddhiste, le handicap constitue toujours un tabou, d’aucuns considérant qu’il est une conséquence des actes de nos vies antérieures. Par ailleurs, l’école publique ne dispense pas de cours adaptés et les enseignants ne bénéficient encore que de très peu de formation à ce sujet.

Le projet Rabbit School est née en 1997 pour répondre aux besoins de ces enfants. La première année, une classe a ouvert à Phnom Penh ; l’école primaire publique de Toul Kork mit alors à disposition une de ses salles pour 8 étudiants présentant une déficience intellectuelle. Face aux besoins croissants, le nombre d’élèves et de classes augmenta rapidement, et plusieurs antennes ouvrient leurs portes à Kandal (2012), Kampong Speu (2013) et Siem Reap (2014).

A ce jour, l’association accueille près de 700 élèves, dont plus de 200 à Phnom Penh, faisant d’elle la plus grande école spécialisée du pays. Elle forme et emploie chaque année une soixantaine d’enseignants, dont le salaire est financé à 50% par l’Etat. La majorité des jeunes sont atteints de troubles autistiques, de trisomie 21, de retards plus ou moins importants ainsi que de troubles de l’apprentissage, comme la dyslexie.

 

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De l’éducation vers l’inclusion

Rabbit School a fait le choix dès sa création de placer ses différentes classes au cœur d’écoles publiques classiques, dans le but de favoriser l’inclusion des jeunes handicapés auprès des élèves valides. « Nous veillons, dans chaque école où nous sommes implantés, à créer des espaces communs dans la cour de récréation » décrit M. Touch Hun, directeur de l’école depuis sa création.

A Toul Kork par exemple, l’aire de jeux est partagée et les enfants sont habitués à s’amuser ensemble, en oubliant leurs différences.

Plus encore, l’école propose deux types de classes :

  • Les classes « intégrées », uniquement composées d’enfants présentant un handicap (8 à 10 enfants pour 2 enseignants), avec une pédagogie adaptée et des salles spécialement dimensionnées.
  • Les classes « inclusives », mêlant des enfants valides et des élèves atteints de légers retards ou de troubles de l’apprentissage comme la dyslexie. Ces élèves bénéficient également d’un suivi individuel par un enseignant spécialisé.

 

 l’aire de jeux est partagée et les enfants sont habitués à s’amuser ensemble, en oubliant leurs différences.
l’aire de jeux est partagée et les enfants sont habitués à s’amuser ensemble, en oubliant leurs différences.

 

Une école tournée vers les plus démunis

L’accès à une école spécialisée est non-seulement bénéfique pour l’enfant, mais aussi pour sa famille.  La plupart des parents d’élèves proviennent de milieux populaires : quand l’enfant ne peut aller en cours, un des deux parents est contraint de rester à la maison pour s’en occuper. Pour M. Touch, « Prendre en charge l’enfant pendant la semaine permet aux parents, essentiellement les mères, de se former et de trouver un emploi. Notre école offre indirectement la possibilité d’une meilleure situation économique pour nos familles ». Pour accompagner les parents, l’association a développé en parallèle l’accès gratuit à des formations professionnelles (cuisine, création d’entreprise, etc).

Depuis 2020, l’association a également mis en place, avec le soutien de l’ONG Aide et Action, un programme de retour à l’école des enfants déscolarisés, en situation de handicap ou non ; plus de 2 700 enfants ont déjà été soutenus à travers la fourniture de matériel pédagogique, de nourriture ou le financement du transport depuis le foyer vers l’école.

C’est grâce au cadre adapté et au travail des enseignants qu’offre Rabbit School que des élèves comme  Sothearith peuvent véritablement développer leurs potentiels.

L’accès à une éducation inclusive permet aux enfants de réaliser des progrès importants, indispensables pour leur offrir une enfance heureuse et préparer leur insertion dans la vie d’adulte. Et les exemples de succès sont nombreux : parmi eux, Sothearith, un garçon de 17 ans atteint d'autisme résidant au nord de Phnom Penh, avec ses parents et ses deux frères et sœurs. Issu d'un milieu défavorisé, il était avant son entrée à l’école décrit comme un enfant introverti, souvent hésitant à s'exprimer. Ne sachant ni lire, ni écrire, ni compter, il éprouvait de grandes difficultés à maintenir son attention.

Durant la pandémie, les parents de Sothearith ont perdu leur emploi et ont affronté de grandes difficultés à boucler les fins de mois. Les autorités locales et Rabbit School ont conjointement soutenu la famille en fournissant des denrées alimentaires essentielles et des fournitures scolaires. Depuis, les deux parents ont trouvé un travail.

Trois ans après son entrée dans l’école, Sothearith peut maintenant lire, écrire quelques mots et effectuer des calculs simples. Il a considérablement amélioré sa capacité de concentration et termine assidûment ses devoirs. C’est aujourd’hui un jeune extraverti et sociable, au contact facile.

 

 

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L’accès à une éducation inclusive permet aux enfants de réaliser des progrès importants, indispensables pour leur offrir une enfance heureuse

 

Un accès à l’emploi encore très difficile

« Grâce à une éducation adaptée dès leur plus jeune âge, les jeunes adolescents montrent pour la plupart des progrès significatifs de leurs capacités intellectuelles et sociales » explique Vuthy VONG, Responsable des Programmes. « En revanche, il reste très difficile pour eux d’accéder dès leur majorité à un emploi ou une formation : d’une part les entreprises disposent rarement de ressources internes pour les inclure dans leur organisation, d’autre part les préjugés envers les personnes en situation de handicap demeurent puissants dans le milieu professionnel ».

Au Cambodge, les associations spécialisées dans la formation professionnelle des personnes en situation de handicap intellectuel se comptent sur les doigts d’une main, et le nombre de places est encore largement insuffisant pour couvrir les besoins.

Pour les accompagner dans leur cheminement professionnel, l’école a développé depuis plus de 15 ans un centre de « préformation professionnelle » à Phnom Penh. Le programme se déroule en plusieurs étapes : une « préformation » où les jeunes apprennent, en travaillant en équipe, à réaliser un ensemble de tâche en autonomie, ou à communiquer de manière appropriée. 

 

 

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Pour les élèves les moins autonomes, une activité de création de sacs en papiers, en partenariat avec l’entreprise Bodia

 

Les élèves peuvent accéder ensuite, en partenariat avec des entreprises ou des ONG, à une formation, un stage puis un emploi adapté à leurs appétences et leurs capacités, tout en bénéficiant d’un suivi individuel par des enseignants dédiés.

Pour les élèves les moins autonomes, Rabbit School a également développé une activité de création de sacs en papiers, en partenariat avec l’entreprise Bodia. Les étudiants apprennent à réaliser collectivement diverses tâches pour la confection de ces sacs, tout en étant rémunérés.

 

Encore de nombreux défis

Le grand public, les entreprises et les autorités nationales et locales sont de plus en plus sensibilisées sur le sujet du handicap ; mais les défis à relever restent encore nombreux pour répondre aux besoins des jeunes.

En premier lieu, les élèves de Rabbit School ne bénéficient que d’une demi-journée de cours quotidienne, comme l’ensemble des écoles publiques du pays. Pour Mr Touch, « L’école à plein temps constitue un enjeu majeur pour les enfants et leurs familles : nos élèves verraient leur niveau d’éducation et leur capacité d’adaptation considérablement augmentés ; les parents gagneraient en indépendance et accèderaient beaucoup plus facilement à un emploi à plein temps ».

Par ailleurs, les besoins d’éducation des jeunes en situation de déficience intellectuelle sont encore très importants, et tous ne parviennent pas à intégrer une école. Ainsi à Rabbit School, plus de 100 personnes sont actuellement sur liste d’attente. Pour répondre à la demande et augmenter sa capacité d’accueil, Rabbit School cherche de nouveaux soutiens financiers.

Dans sa stratégie 2023-2028, Rabbit School développe actuellement un ambitieux projet de recrutement et de professionnalisation de ses enseignants, en accélérant leur parcours de formation interne et externe. « Le métier d’éducateur spécialisé manque encore de reconnaissance : notre objectif est à la fois de lui offrir une rémunération à la hauteur de l’engagement humain qu’il implique, mais également d’inciter les enseignants à gagner en compétences » explique le directeur de l’école.

 

 

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Formation des equipes pédagogiques

 

En dépit de ces difficultés l’équipe dirigeante reste optimiste : les progrès des élèves, la sensibilisation du grand public et le soutien croissant du gouvernement laissent présager un avenir meilleur pour les étudiants de Rabbit School.

Pour plus d’informations sur les missions et les projets de Rabbit School, vous pouvez consulter leur site internet : https://www.rabbitschoolcambodia.net/

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