Les ENFANTS DE KLANG LEU : la solidarité francophone au cœur de Sihanoukville

Sous les tours inachevées, Sihanoukville en quête d’équilibre

Autrefois perçue comme un eldorado côtier, Sihanoukville, aujourd’hui deuxième ville économique du pays, paie le prix fort de son développement brutal et déséquilibré.
Projets immobiliers à l’abandon, réputation ternie par des faits de cyber-arnaque et de trafic d’êtres humains, inflation, inégalités grandissantes, quartiers précaires...

Selon le site ID Poor, près de 10 % des habitants de Sihanoukville vivent dans la pauvreté. Mais bien d’autres restent hors des radars, dans une précarité silencieuse. D’après un rapport du PNUD publié en 2024, jusqu’à 40 % des familles habitent dans des logements précaires, reflet d’une pauvreté urbaine encore largement sous-évaluée.

La récente guerre entre la Thaïlande et le Cambodge a accentué la crise : chute du tourisme, hausse des prix, difficultés d’approvisionnement, chômage accru. Avec des coûts opérationnels en hausse et des besoins sociaux croissants, l’efficacité des projets de développement s’en trouve inévitablement fragilisée.

Le climat reste rude et l’avenir incertain : au niveau international, la raréfaction des dons et la priorisation des financements vers les zones jugées stratégiques obligent de nombreuses associations à réduire leurs actions ou à replier leurs ressources sur les lieux stratégiques.

 

 

Sihanoukville : rester, un acte de résistance et d’espoir

Dans ce contexte, de nombreuses associations ont fermé leurs portes.  Mais d’autres refusent de baisser les bras. Parmi elles, Enfants de Klang Leu (EKL), une ONG franco-cambodgienne fondée en 2006, qui continue de soutenir les familles les plus vulnérables du quartier de Klang Leu.

« C’est compliqué, oui. Parfois décourageant. Mais quand on voit des mères renoncer à se soigner pour nourrir leurs enfants, nous nous disons que nous n’avons pas le droit d’abandonner », confie Samrith Keo, manager du Centre EKL. « Tant qu’il restera un enfant à Klang Leu qui a faim, peur ou honte d’aller à l’école, nous serons présents. »

Pour EKL, rester sur place n’est pas une question de confort : c’est être là où se trouvent les enfants vulnérables.

Rester, c’est continuer à offrir :

• des repas quotidiens pour des enfants qui, sans cela, partiraient à l’école le ventre vide ;
• Un accès aux soins de santé pour des familles trop pauvres pour se soigner ;
• Un espace d’apprentissage, pour que demain ils aient des emplois qui offrent un salaire décent leur permettant de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.

« Rester à Sihanoukville, c’est apprendre à faire autrement. C’est avancer malgré les obstacles, en s’appuyant sur la force des liens et des partenariats », résume Fabienne Hankard, vice-présidente d’EKL Cambodge. « Pas à pas, EKL a su mobiliser la francophonie autour de Sihanoukville : à travers le soutien d’Ariane Chapelle, autrice belgo-britannique engagée, qui a fait don des bénéfices de son premier livre à EKL en faveur de notre programme nutrition, le soutien d’Icare, entreprise française implantée dans la zone industrielle locale engagée sur des projets transversaux et celui de Challenge Cambodge, fidèle partenaire de notre programme éducation. »

Maintenir le cap sur les ODD prioritaires pour le Cambodge

Le gouvernement cambodgien et les réseaux hôteliers locaux cherchent aujourd’hui à redorer l’image de Sihanoukville, en mobilisant les acteurs publics, économiques et associatifs. EKL entend continuer à apporter sa pierre à l’édifice, en travaillant sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) et les politiques sociales du gouvernement :

• Zéro faim (ODD 2) : garantir trois repas équilibrés par jour à chaque enfant, même quand les prix augmentent.
• Accès à la santé et à l’hygiène (ODD 3) : suivi médical, sensibilisation aux bonnes pratiques et distribution de kits sanitaires.
• Éducation (ODD 4) : programmes de soutien scolaire, apprentissage des langues, accompagnement individualisé pour prévenir le décrochage.
• Équité filles-garçons (ODD 5) : soutien à la scolarisation des jeunes filles, mentorat, aide aux mères seules pour favoriser l’autonomie.

L’ensemble de ces actions vise, de manière cohérente et durable, à contribuer à l’Objectif de Développement Durable principal d’EKL : l’élimination de la pauvreté à Klang Leu.

 

« Ce que nous faisons ici n’a rien de spectaculaire, mais c’est ce qui change les vies, jour après jour », explique Patricia Arrizabalaga, Project Manager au sein d’EKL.
« Offrir un repas, un sourire, une écoute, une chance d’apprendre… Ce sont de petites choses en apparence, mais elles redonnent de la dignité à des enfants qui n’en avaient plus et l’espoir de croire en un avenir bien meilleur. »

Chaque domaine d’action poursuit le même fil rouge : offrir les moyens de choisir sa vie plutôt que de la subir.

De Sihanoukville à Phnom Penh : faire entendre les voix de Klang Leu

À 270 kilomètres de la capitale, EKL souffre d’un certain isolement. Si la France compte aujourd’hui une cinquantaine d’associations actives au Cambodge, la majorité se concentre à Phnom Penh, laissant souvent dans l’ombre les réalités de provinces comme Sihanoukville.

C’est pour briser ce silence que l’association a participé au Forum de rentrée francophone 2025, organisé à l’Institut Français du Cambodge. Sur un grand stand rose — couleur emblématique d’EKL —, l’équipe a déployé toute son énergie : activités ludiques, « sacs mystères », échanges en khmer, français et anglais, discussions passionnées sur les missions de l’association.

« Merci à Florian Bohême et à toute son équipe pour leur accueil chaleureux, leur disponibilité et l’organisation impeccable de ce Forum ! Le but était clair : amplifier la voix de chaque enfant, raconter leurs histoires de résilience », explique Roda Operman, responsable communication.

 

« Mais c’était aussi une manière de ressentir comment la communauté francophone vibre… et elle vibre magnifiquement bien ! Nous avons eu des échanges sincères, des regards curieux. C’est galvanisant ! À cette occasion, EKL lance un appel à la création d’un cercle de soutien dans la capitale, pour faire rayonner la solidarité francophone jusqu’à Klang Leu. »

L’équipe a notamment rencontré le nouvel ambassadeur de France au Cambodge, Son Excellence Monsieur Olivier Richard, ainsi que plusieurs représentants d’organisations françaises et locales. Ces échanges ont une portée concrète : ils ouvrent la voie à de futurs partenariats, à des coopérations croisées et à une meilleure compréhension des réalités humanitaires sur le terrain. « Ces moments nous challengent, enrichissent notre vision et nous rappellent que notre mission à Sihanoukville fait partie d’un mouvement plus large : celui d’une francophonie solidaire et engagée », ajoute Roda Operman.

À propos d’Enfants de Klang Leu (EKL)

Fondée en 2006, EKL est une ONG franco-cambodgienne avec le statut d’Association Loi 1901 qui a pour mission d’assurer le bon développement physique et psychologique des enfants défavorisés de Klang Leu, Sihanoukville. Afin qu’ils puissent accéder à un avenir meilleur, EKL encourage les parents à envoyer et à maintenir leurs enfants à l’école et, en contrepartie à travers son Centre d’accueil, EKL s’engage à :

• Faciliter l’accès à une éducation de qualité ;
• Fournir des soins de santé essentiels, une alimentation équilibrée et des soins d’hygiène ;
• Proposer des activités sportives, créatives et ludiques ;
• Offrir un soutien aux familles et une aide à la parentalité pour créer un environnement stable et sain, indispensable à l’épanouissement personnel et à la réussite scolaire des enfants.
•  

En 2025, EKL accueille 60 enfants. Grâce à l’engagement de ses donateurs et partenaires, EKL continue de transformer la vie de 300 membres des familles et de semer les graines d’un avenir prometteur.

Pour en savoir plus ou soutenir EKL :

www.enfantsdeklangleu.org
ekl@lesenfantsdeklangleu.org

Pour soutenir : https://www.helloasso.com/associations/les-enfants-de-klang-leu/collectes/enfants-de-klang-leu-supportez-l-education-2