Les affrontements se sont intensifiés le 10 décembre : dix civils tués, écoles fermées, population déplacée, bombardements près des temples et initiatives diplomatiques pour contenir l’escalade.


Bilan humain et intensification des attaques
La journée du 10 décembre a été marquée par une forte hausse des pertes civiles. À 18 h, le ministère de l’Intérieur signalait que dix personnes avaient été tuées et soixante blessées depuis la reprise des combats. Plus tôt dans la journée, le ministère de l’Information faisait état de neuf morts, dont un nourrisson, et de quarante-six blessés à midi. Plusieurs soldats et policiers ont également été touchés, notamment à Preah Vihear, où trente-sept militaires et cinq policiers ont été blessés par des tirs d’artillerie ou exposés à des substances toxiques.
Des bombardements ont été rapportés tout au long de la matinée et de l’après-midi dans au moins trois provinces frontalières. Des F-16 thaïlandais ont effectué des frappes aériennes sur les zones de Mom Bei, An Ses, Phnom Kmoch et autour du temple de Preah Vihear. Plusieurs secteurs ont été visés par des drones, des tirs d’artillerie lourde et des armes automatiques. Le ministère de la Défense cambodgien affirme que la Thaïlande a ouvert le feu en premier dans les régions militaires 4 et 5.
Patrimoine touché et condamnations officielles
Le temple de Preah Vihear, déjà situé dans une zone hautement disputée, a de nouveau été frappé par des obus. Le ministère de la Culture et des Beaux-Arts a condamné les tirs, soulignant des dégâts sur des structures et des infrastructures liées aux travaux de conservation menés conjointement avec l’Inde.
Des médias thaïlandais ont diffusé des images montrant des soldats se réjouissant de ces destructions, des séquences que Phnom Penh qualifie d’inacceptables.
Le ministère de la Défense a annoncé la collecte de preuves d’« invasion thaïlandaise » afin de préparer un dépôt de plainte auprès de la Cour pénale internationale.
Écoles fermées et population déplacée
Le conflit a entraîné des fermetures massives d’écoles. À 18 h, le ministère de l’Éducation recensait 883 établissements suspendus dans six provinces, affectant près de 209 000 élèves et plus de 7 200 enseignants. Certains établissements, comme l’école primaire de Khvav Lech à Banteay Meanchey, ont été directement touchés par des tirs de 155 mm.
Les déplacements de population continuent d’augmenter :
– À midi, 37 115 familles — soit 127 133 personnes — avaient fui Preah Vihear, Oddar Meanchey et Banteay Meanchey.
– Dans l’après-midi, les autorités évoquaient plus de 20 000 familles déplacées dans cinq provinces depuis le début des combats, le 7 décembre.

Des évacuations ont été ordonnées à Phnom Proek et Sampov Loun en raison de renforts thaïlandais, notamment l’utilisation de chars et la progression d’infanterie.
Diplomatie et réactions internationales
Le président de l’ASEAN, Anwar Ibrahim, a indiqué avoir échangé avec les Premiers ministres cambodgien et thaïlandais afin de favoriser l’apaisement. « La Malaisie continuera de soutenir un dialogue sûr et des solutions fondées sur le droit international », a-t-il déclaré.
De son côté, Suos Yara, conseiller principal de Hun Manet, a assuré que Phnom Penh est prêt à engager immédiatement des discussions bilatérales. À l’inverse, le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul affirme ne pas avoir reçu de demande officielle.
Les États-Unis ont exprimé leur inquiétude et appelé au respect de l’accord de paix signé le 26 octobre à Kuala Lumpur. Le président Donald Trump a déclaré vouloir contacter les deux dirigeants pour contribuer à une désescalade.
La Thaïlande a aussi renforcé sa posture militaire : la marine a lancé l’opération « Trat Prap Porapak », tandis que des unités terrestres et aériennes sont placées en état d’alerte maximale le long de la frontière de Trat et Chanthaburi.
Conséquences économiques et mesures d’urgence
Pour limiter l’impact du conflit sur les ménages, la Banque nationale du Cambodge a publié des mesures exceptionnelles : suspension des intérêts et pénalités pour les militaires et civils déplacés jusqu’en mars 2026, annulation de prêts pour les soldats blessés ou morts au combat, et flexibilité accrue pour les emprunteurs touchés. Les associations bancaires nationales ont confirmé leur participation à cet effort.
Alors que les affrontements se poursuivent et que les bilans humains comme matériels s’alourdissent, la situation reste imprévisible le long de la frontière. Les autorités cambodgiennes insistent sur la nécessité d’une enquête internationale et multiplient les appels au dialogue, tandis que les opérations militaires thaïlandaises se renforcent. Entre déplacements massifs, écoles fermées et atteintes au patrimoine, les populations civiles demeurent les premières touchées par cette crise. Les prochains jours seront déterminants pour savoir si les efforts diplomatiques engagés suffiront à contenir l’escalade et à ouvrir la voie à une désescalade durable.
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