Po Sunny a 34 ans et le 3 juin dernier il est devenu champion de France de kick K1. Il est franco-cambodgien. Ses parents ont fui le pays durant le régime Khmers rouges pour s’installer en banlieue parisienne. Il vit actuellement à Sevran avec sa femme et ses deux enfants où il exerce le métier d’éducateur sportif. Il est également le créateur d’une salle de boxe, Eragny fight club, où il donne des cours de kick K1. Le Petit Journal a échangé avec Po Sunny à l’occasion de sa victoire en juin dernier au championnat de France de kick K1. Dans cet article, le boxeur nous fait part de ses inquiétudes quant au devenir du kick K1, son sport de prédilection ainsi que l’amour qu’il tire de ses origines cambodgiennes.
Le petit journal : Bonjour Po Sunny, vous avez récemment gagné le titre de champion de France de kick K1, pourriez-vous nous préciser ce qu’est ce sport ?
Po Sunny : Le kick K1 est un dérivé du kickboxing. La principale différence se situe au niveau des règles. Au kick K1 on a des points pour les jambes, on peut aussi utiliser les genoux avec saisie, mais on ne peut mettre qu’un seul coup de genou avec saisie. Il y a donc une différence avec le Muay-Thaï et le Kun Khmer où il est autorisé de faire des saisies et des projections.
Le petit journal : Vous avez toujours pratiqué le kickboxing ?
Po Sunny : Quand j’ai commencé la boxe il y a une dizaine d'années, je faisais essentiellement du Muay-thaï, mais il n’y a pas assez de combats et d’événements en Europe. Mon coach m’a alors fortement incité à me spécialiser dans le kickboxing. Sinon j’ai été sportif, que ce soit des sports d’opposition comme le taekwondo ou de culture urbaine comme le breakdance. Comme beaucoup de jeunes de la fin des années 1980, j’ai commencé les sports de combat à cause des films de Jackie Chan, de Jean-Claude Van Damne et de Bruce Lee
Le petit journal : Est-ce la première fois que vous participez à un championnat de France ?
Po Sunny : Ce n’est pas la première fois que je participe à un championnat de France. Lorsque je faisais du Muay-Thaï et du kickboxing j’avais réussi à aller jusqu’en finale. Mais c’est la première fois de ma carrière que je gagne un titre de champion de France en kick K1. J’ai savouré la victoire, c’était une vraie satisfaction après mes deux échecs précédents.
Depuis la légalisation du MMA en France il y a de moins en moins de pratiquants de K1 et de kickboxing en France. Pour le championnat de France que j’ai remporté nous n’étions que deux combattants. Normalement il y a des étapes à passer avant d’accéder à la finale. Petit à petit, le sport « pied-poing » meure au profit du MMA…
Le petit journal : Comment se prépare-t-on à un championnat de France ?
Po Sunny : Dans un premier temps, on se prépare mentalement. On se dit qu’on devra faire beaucoup de sacrifices, comme moins voir ses enfants. Tous les jours, on s'entraîne deux fois et on sait qu’à la moindre faille physique ou mentale, c’est terminé.
On débute la préparation environ trois mois avant la date du combat. Moi, je n’ai pas pu m’entraîner dans les meilleures conditions. J’ai eu un voyage de noces en Indonésie et j’ai dû rejoindre un ami en Chine quelques jours avant la finale. À cause de tout cela j’ai eu quelques problèmes de poids ce qui n’est pas bon pour les sports de combat.
Le petit journal : Vous avez des projets internationaux ?
Po Sunny : Oui absolument. Depuis ma victoire je suis éligible pour boxer à l'international. J’aimerais continuer sur un titre « Europe » ou « Monde » . Le rêve pour moi serait d’aller boxer en Asie, surtout au Cambodge. Lors des événements j’essaie au maximum de représenter le Cambodge avec des drapeaux et des affiches car je suis fier de mes origines.
Le petit journal : Quel est votre lien aujourd’hui avec le Cambodge ?
Po Sunny : Pendant longtemps je n’étais pas intéressé par le Cambodge car j’ai grandi dans le 93 où nous étions la seule famille cambodgienne. Je n’avais pas vraiment de repères hormis mes parents. C’est vraiment lors de mon voyage au Royaume que j’ai appris ce qu’était la culture khmère et qu’il fallait être fier de ses origines. Je parle beaucoup du Cambodge à mes enfants afin qu’eux aussi soient intéressés par le pays. Mon fils aîné ne fait pas la même erreur que moi à son âge. Il dit haut et fort qu’il est cambodgien, il n’a pas honte de ses origines.
Le petit journal : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Po Sunny : Oui, soyez patients et persévérants. Si on y croit, on arrive à obtenir ce qu’on désire. Moi beaucoup de personnes m’ont dit que je n’y arriverais pas à devenir champion. Cette victoire en juin dernier m’a prouvé le contraire !