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Nouvel An khmer : à chacun sa façon de fêter

Jeunes ou moins jeunes, les Cambodgiens vivent le Nouvel An khmer à leur manière, entre rituels familiaux, fêtes modernes et souvenirs d’enfance.

 Nouvel An khmer - chacun sa façon de fêter  2 Nouvel An khmer - chacun sa façon de fêter  2
Photo AKP
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 14 avril 2025, mis à jour le 15 avril 2025

Du 14 au 16 avril, le Cambodge entre dans l’année du Serpent. Si le Nouvel An khmer est une fête nationale célébrée partout dans le pays, chacun le vit à sa manière. Chez les plus jeunes, il évoque d’abord les retrouvailles familiales, les fêtes animées ou les grands événements comme l’Angkor Sangkranta. Chez les aînés, il reste un moment de recueillement, rythmé par les visites aux pagodes et les prières pour les ancêtres.

 

Retour au pays pour les citadins

C’est l’occasion pour beaucoup de rentrer dans leur province natale. Heang Sotheareak, 25 ans, travaille pour une ONG à Siem Reap. Ce qu’il attend le plus ? « Passer du temps avec ma famille, faire la fête, et savourer chaque moment ensemble. » Sans être amateur de grandes foules ni de batailles d’eau, il préfère flâner avec ses proches autour des temples pour admirer les spectacles traditionnels.

Même approche paisible pour Mean Chanpenhbormey, récemment diplômée de la CamEd Business School, qui voit dans cette période « un moment de transition, entre l’année écoulée et celle à venir ». Pour elle, ce sont surtout les chansons traditionnelles khmères qui accompagnent ce passage. « On ne les entend presque jamais le reste de l’année, elles créent une vraie ambiance de fête. »

Cette année, elle prévoit de rester chez elle avec sa mère, tout en suivant les festivités sur les réseaux sociaux.

 

Un moment pour se recentrer

Rith Sokvanny, étudiante en master à l’Institut des langues étrangères, est impatiente de quitter Phnom Penh pour retrouver ses parents à Siem Reap. « Depuis que je suis à l’université, je ne les vois plus aussi souvent. Je veux profiter de ce temps pour cuisiner avec eux et me ressourcer. »

Elle compte également profiter de l’ambiance de l’Angkor Sangkranta, un événement devenu emblématique des célébrations à Siem Reap.

 

 

Nouvel An khmer - chacun sa façon de fêter
photo AKP

 

Rituels et spiritualité pour les générations précédentes

Prak Sonem, 50 ans, enseignant au lycée Chea Sim Boeng Keng Kang, n’envisage pas le Nouvel An sans ses aspects spirituels : « Pour nous, c’est un moment sacré. On honore les ancêtres, on va à la pagode, on fait des offrandes aux moines. » Peu friand des lieux bondés, il préfère rester en famille, dans la continuité des traditions : nettoyage de la maison, décorations, préparatifs culinaires anticipés face à la hausse des prix durant la fête.

Même rituel pour Soy Bopha, 37 ans, enseignante à Chroy Changvar : « Je commence par décorer la maison pour accueillir les prières, et surtout, je n’oublie jamais d’offrir un peu d’argent à mes parents et beaux-parents. » Elle profite aussi de cette période pour les emmener en balade dans des lieux paisibles ou touristiques.

 

Souvenirs d’enfance : quand la fête rimait avec simplicité

Pour certains, ces journées sont aussi marquées par la nostalgie. Sonem se souvient de son enfance dans les années 1980 : aller couper du bois pour vendre et acheter de quoi célébrer, décorer la maison avec des lanternes, et surtout, jouer avec les voisins dans une ambiance bon enfant. « À l’époque, il n’y avait ni conflit ni débordement. Dans les années 1990, on a commencé à se rassembler dans les pagodes pour jouer à des jeux traditionnels. »

Bopha se rappelle aussi les danses populaires avec les amis, après les prières : « On jouait à des jeux folkloriques, on dansait... c’était joyeux. »

 

L'évolution des pratiques chez les jeunes

Aujourd’hui, ces jeux sont de moins en moins présents. Bormey, qui appartient à la génération Z, note que « beaucoup préfèrent les batailles d’eau. Ce n’est pas vraiment mon truc. Je profite plutôt de ces congés pour me reposer. »

Elle se souvient d’un retour au village, où elle avait vu les jeunes se livrer à des jets d’eau dans la rue, probablement pour se rafraîchir et s’amuser. Mais cette pratique ne fait pas l’unanimité.

Pour Sonem, ce sont ces débordements qui l’inquiètent : « Je redoute que des jeunes jettent de l’eau ou de la poudre sans discernement. Certains oublient totalement les jeux traditionnels. Il faudrait transmettre davantage, et faire preuve de respect, surtout envers les femmes. »

 

Des festivités dans tout le pays

Au-delà de Siem Reap, où se tiendra l’Angkor Sangkranta, plusieurs provinces organisent leurs propres événements : Kampot, Phnom Penh, Svay Rieng, Koh Kong, Ratanakiri, Prey Veng (du 12 au 16 avril), Battambang (du 13 au 16), ou encore Banteay Meanchey (du 13 au 17).

 

 

Nouvel An khmer - chacun sa façon de fêter
photo AKP

 

Malgré les différences d’approche, tous partagent un même besoin : celui de se retrouver, de faire une pause, et de renouer, à leur manière, avec les racines d’une fête nationale qui continue d’évoluer avec le temps.

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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