Suite à la crise due à la pandémie, le conseil d'administration de l’Alliance française de Siem Reap a décidé de sa mise en sommeil. Serge Bellini, son directeur, quitte son poste.
L’Alliance française de Siem Reap avait ouvert au cœur de la ville dans des locaux entièrement neufs en décembre 2018. Dès le départ le projet porté par le mécénat du groupe Thalias avait affiché de grandes ambitions.
Hélas, la crise économique et les fermetures administratives à répétition des écoles ont mis à mal l'Alliance, ce qui a conduit son conseil d’administration à prononcer sa mise en sommeil jusqu’en septembre en attendant des jours meilleurs.
Lepetitjournal.com a rencontré son directeur Serge Bellini avant qu’il ne quitte son poste à la fin du mois.
M. Bellini, quelles sont les raisons de cette mise en veille ?
La raison est simple : nous n’avons plus de recettes depuis mi-mars, et plus de mécénat depuis Avril, parce que le mécène historique est aussi gravement touché par la crise.
Même si notre propriétaire nous avait déjà beaucoup aidé l’année dernière; même si mon salaire a été réduit de 50 %, si nous avons eu un soutien du poste diplomatique, l’absence totale de revenu ne permet pas de poursuivre actuellement.
Le dernier Conseil d’administration a validé la mise en veille officielle de l’Alliance. Une mise en veille, pas fermeture. Cette mise en veille court jusqu’au premier septembre, en espérant que les écoles rouvrent à cette date. Cette mise en veille est reconductible au cas où les écoles resteraient fermées
Mon successeur, la Présidente OUM Sophea, évalueront l’opportunité de rouvrir en fonction de la situation le moment venu.
Nous étions sur un beau projet de développement qui a été mis en difficulté par la crise.
M. Bellini, vous avez mené à bien l’ouverture de cette Alliance et vous l’avez gérée depuis son ouverture. De quoi êtes-vous le plus fier?
Ma plus belle réussite est d’avoir créé dans un espace qui était nu ce bel outil qu’est l'Alliance Française de Siem Reap.
Nous avons ouvert au public en décembre 2018 et dès le premier trimestre 2020, nous allions atteindre le point d’équilibre financier soit, seulement un an et trois mois après avoir commencé.
Je suis également très fier de mon équipe majoritairement cambodgienne, qui s’est montrée prête à s’impliquer dans le projet à tous les niveaux, de l’agent de propreté à l’assistante de direction aussi bien dans les bons moments que dans ceux affectés par cette crise sanitaire.
Nous avons également monté avec le soutien de nombreux partenaires dont Wallonie-Bruxelles International, la première édition de la biennale du film francophone fin février, début Mars 2020. La deuxième édition est prévue en 2022, j’espère qu’elle pourra se tenir.
L'expérience de Siem Reap a été regardée de près par la Fondation des Alliances Françaises.
Nous avons prouvé qu’avec un partenariat privé de grande envergure, nous pouvions créer dès le départ un outil avec des ambitions fortes et des projets. C’est un exemple rare au niveau mondial.
Etes-vous confiant dans l’avenir de l’Alliance ?
Même si je ne vois pas un redémarrage économique avant douze ou 18 mois, je suis confiant pour l’avenir de l’Alliance française.
Nous avons acquis une belle visibilité. L’accueil de l’agence consulaire a d’ailleurs accentué la venue de nos amis Cambodgiens.
Nous avions passé un accord avec l’université d’Angkor dont 90 étudiants devaient apprendre le français. J’espère que ce projet se concrétisera quand nous pourrons rouvrir.
Je suis persuadé que l’Alliance peut être autonome financièrement. Quand nous avons dû fermer en mars, nous comptions 170 étudiants.
Le développement du pôle animation jeunesse est aussi un axe de développement. Il faut se projeter à 5 ans, à 10 ans, on va avoir d’autres développements économiques, d'autres développements urbains.
Et je suis sûr que le mécène historique et d’autres accompagneront l’Alliance une fois la crise passée.
L’avenir de la francophonie.
Il faut promouvoir cette francophonie auprès des différents acteurs de la ville. Ils ont plutôt tendance à penser Asie et même plus spécifiquement ASEAN. Toutefois, si la Francophonie est capable de leur apporter quelque chose de positif pour leur développement ils joueront le jeu.
Ainsi, pour le français à l’université d’Angkor, l’Alliance Française a vendu l’enseignement du français dans le cadre de la formation initiale des soins infirmiers parce que cela amènera d’autres partenariats extérieurs comme Kampuchea Paramed, et, à terme il est prévu des stages en France au sein de l'école d’infirmières de Fontainebleau, ville avec laquelle Siem Reap est jumelée.
La francophonie trouvera son public si le public y trouve des intérêts et si elle sait développer des opportunités.
Serge Bellini quitte donc son poste à l’Alliance à la fin du mois et le poste de consul honoraire qu’il occupait depuis quelques mois.
Au nom de tous les Siem Reapois, Lepetitjournal.com tient à vous remercier pour votre belle énergie qui a permis d'agrémenter notre ville d’une magnifique Alliance française qui redémarrera dès que la situation le permettra. Merci également d’avoir assumé la charge de consul honoraire et d’avoir ainsi démontrer une fois de plus votre implication dans notre communauté.