Les accidents de la route coûtent près de 2,5 % du PIB cambodgien chaque année. Infrastructures insuffisantes et insécurité routière continuent de provoquer des milliers de morts et de blessés graves.


Selon un rapport de l’Observatoire asiatique des transports (ATO), les accidents de la route continuent de peser lourdement sur le Cambodge, tant sur le plan humain qu’économique. Chaque année, ils représenteraient un coût d’environ 1 milliard de dollars, soit près de 2,5 % du produit intérieur brut du Royaume.
Plus de 2 000 morts par an sur les routes
Les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé confirment l’ampleur du phénomène. Pour la seule année en cours, plus de 2 000 personnes auraient perdu la vie dans des accidents de la route, tandis qu’environ 3 000 autres auraient été grièvement blessées. Au-delà des drames humains, ces accidents entraînent des pertes économiques considérables.
Pourtant, selon le ministère des Transports, seulement 1 062 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la route au Cambodge durant les neuf premiers mois de 2025, contre 1 158 sur la même période en 2024, soit une baisse de 8 %.
Parmi les victimes, 78 % étaient des motocyclistes, et 61 % d’entre eux ne portaient pas de casque. Les principales causes des accidents restent la vitesse excessive, le non-respect du code de la route, le refus de priorité, les changements de direction dangereux, les dépassements imprudents, la conduite en état d’ivresse et la fatigue au volant.
Selon l’ATO, les coûts associés à l’insécurité routière représenteraient à eux seuls près d’un tiers des dépenses annuelles de santé, lesquelles atteignent 7,5 % du PIB cambodgien. Une pression supplémentaire sur un système de santé déjà fortement sollicité.
Des infrastructures toujours insuffisantes
Cette analyse accompagne la publication par l’ATO d’une mise à jour des profils nationaux de sécurité routière. Le constat reste préoccupant : les infrastructures demeurent largement inadaptées à la protection des usagers les plus vulnérables.
En 2024, aucune route du Cambodge n’a obtenu une note iRAP de trois étoiles ou plus pour la sécurité des piétons. Pour les cyclistes, seules 9 % des routes atteignaient ce niveau, bien en dessous de la moyenne de 22 % observée dans la région Asie-Pacifique.
Qu’est-ce que la notation iRAP ?
La notation iRAP est un système international d’évaluation de la sécurité des infrastructures routières, développé par le Programme international d’évaluation des routes. Elle attribue aux routes une note allant de une à cinq étoiles, en fonction de leur capacité à protéger les usagers contre les accidents graves ou mortels. Cette évaluation repose sur l’analyse des caractéristiques physiques de la route — présence de trottoirs, de pistes cyclables, séparation des voies, visibilité ou aménagements aux intersections — et ne dépend pas du nombre d’accidents enregistrés. L’objectif affiché par iRAP est que les routes atteignent au minimum trois étoiles de sécurité, seuil considéré comme acceptable pour réduire significativement la mortalité routière.
Un investissement jugé rentable
Face à ce constat, le Programme international d’évaluation des routes estime qu’un investissement annuel de 129 millions de dollars, soit environ 0,5 % du PIB, permettrait d’éviter près de 1 000 décès par an. Une somme relativement modeste au regard des pertes humaines et économiques actuelles, qui souligne l’enjeu stratégique d’une amélioration durable des infrastructures routières.
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