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Le Cambodge pense à ouvrir ses pagodes aux touristes

Le ministère des Cultes et de la Religion prépare un plan pour accueillir les touristes dans les pagodes bouddhistes. Objectif : faire découvrir la culture khmère tout en soutenant les temples et l’économie locale.

wat bowat bo
Wat Bo Siem Reap
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 5 novembre 2025

Le ministère des Cultes et de la Religion veut permettre aux visiteurs étrangers de franchir les portes des pagodes. Une façon de leur faire découvrir la vie monastique, les rites bouddhistes et l’architecture sacrée du pays, tout en offrant de nouvelles perspectives au tourisme cambodgien.

Ce projet pourrait aussi donner un souffle financier aux pagodes, souvent entretenues grâce aux seules donations des fidèles, et dynamiser les économies locales.

Pen Vibol, secrétaire d’État au ministère, résume la vision : « Nous préparons des initiatives pour adapter les pagodes aux évolutions de la société, en améliorant les infrastructures et les pratiques religieuses afin d’accueillir des visiteurs nationaux et internationaux. »

Les pagodes, avec leurs sculptures et leur atmosphère spirituelle, incarnent pour lui l’essence de la culture cambodgienne. Il espère que les touristes, touchés par cette découverte, participeront eux aussi à leur préservation.


Restaurer un patrimoine abîmé

Avant d’ouvrir les pagodes au public, il faudra les remettre en état. Beaucoup ont été détruites ou endommagées pendant la période khmère rouge.

Pen Vibol souligne que la restauration prendra du temps : « Les nouvelles comme les anciennes pagodes devront suivre des directives précises, élaborées avec le ministère du Tourisme. »

Le Cambodge se distingue d’ailleurs de ses voisins : « En Birmanie, les pagodes sont des lieux de culte et les monastères des lieux de vie pour les moines. Chez nous, tout est souvent réuni dans un même espace, sauf au Wat Phnom à Phnom Penh. »

Des sites comme Phnom Sampov, déjà connus pour leur beauté naturelle, montrent la voie d’un tourisme spirituel intégré, respectueux et encadré.

Les pagodes, gardiennes de la culture khmère

Au-delà des politiques publiques, la vie des pagodes repose sur les moines et les fidèles.

À Phnom Penh, le Vénérable Sie Bunnath, en charge du Wat Maniratanaram Tuol Tumpung depuis 2017, voit d’un bon œil ce rapprochement entre religion et tourisme : « Cela permettra de faire rayonner le bouddhisme et la culture khmère. Sans les pagodes, nos traditions s’effaceraient. Elles sont le cœur vivant de notre identité. »

Il veille à ce que les bâtiments reflètent à la fois la foi et la nation, et encadre les moines comme les laïcs. « Un temple n’est pas réservé aux religieux. C’est un lieu où chacun peut se sentir en paix. »

Pour lui, le bouddhisme joue toujours un rôle social majeur : après la destruction des temples pendant le régime khmer rouge, il a aidé à restaurer la cohésion et les valeurs de bienveillance.

The main shrine hall (vihara) of the Wat Maniratanaram Tuol Tumpung pagoda in Phnom Penh city.

Pagode Maniratanaram Tuol Tumpung pagoda à Phnom Penh  Photo CHHUON Kongieng / Cambodianess

Redonner envie aux jeunes de pousser la porte des pagodes

Sie Bunnath regrette toutefois que la plupart des visiteurs soient des personnes âgées. « Beaucoup pensent que les pagodes sont faites pour les anciens, mais elles ont aussi pour mission de guider les jeunes. »

Il appelle à suivre les trois principes du bouddhisme : la juste action, la juste parole et la juste pensée. « Parler avec bienveillance, éviter les mots blessants, garder l’esprit calme — ces règles devraient s’appliquer partout, pas seulement dans les pagodes. »

Située à proximité d’une école, la pagode de Tuol Tumpung attire chaque jour fidèles, habitants du quartier, chauffeurs de tuk-tuk, livreurs et même quelques voyageurs étrangers. Lieu de culte, d’échange et de repos, elle illustre cette idée d’un bouddhisme ouvert et vivant.

En 2024, le Cambodge comptait 5 146 pagodes, dont 4 876 relevant du courant Theravāda et 272 de la tradition Thammayut, selon le ministère des Cultes et de la Religion.


Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.
 

 

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