Le krama a été inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO lors de la 19e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel à Asunción au Paraguay.
Selon l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, le terme de Krama viendrait du persan et aurait été introduit au Cambodge après le XIVe siècle. Cet objet est aussi parfois appelé Kansaeng, Chhnuot (turban) ou Sampot Dandop dans les zones rurales. Les bas-reliefs des temples d’Angkor témoignent de son utilisation à l’époque de l’empire khmer (du IXe au XVe siècle).
Le couteau suisse khmer
Véritable couteau suisse khmer, le krama est utilisé de multiples façons, comme pour envelopper ou couvrir un nouveau-né, en tant que couverture, pour filtrer l’eau du riz, comme un turban ou un couvre-chef, en Peanea (enroulé en diagonale sur la poitrine, de l'épaule gauche au côté droit), pour s'essuyer, pour panser une plaie, pour s'éventer, pour fouetter une mouche ou un moustique, comme une jupe, (Chorng Pong), comme un tablier (Peat Bat), comme un baluchon, comme corde pour tracter des charrettes, ou monter aux cocotier, comme hamac pour bébé entre les guidon d’un vélo. etc… son utilisation est infinie. Il est également utilisé lors de cérémonies telles que les mariages, pour envelopper des objets rituels ou des offrandes par exemple.
Selon le formulaire de candidature d’inscription du krama au patrimoine de l’UNESCO, il n’existe pas de distinction dans l’utilisation du krama selon la classe sociale ou le rang, le krama étant un mode d’expression de l’identité culturelle, sans discrimination.
La confection du krama
Le savoir-faire du tissage du krama est répandu dans tout le Cambodge et a été transmis de génération en génération, bien que la technique et les matériaux de production varient selon les périodes et les époques. Selon l'inventaire de l'Unesco, il existe deux types de métiers à tisser utilisés dans la confection de kramas : le métier manuel traditionnel (Kei Dombanh) et le métier semi-automatique.
De taille rectangulaire, mesurant 1,8 à 2 mètres de long, le krama présente une variété de motifs quadrillés qui représentent les caractéristiques du corps humain. Les teintures blanche, jaune, rouge et bleue sont traditionnellement extraites de la végétation et d’insectes.
Les matières premières les plus utilisées pour la confection de kramas sont le coton, le fil synthétique et la soie. Autrefois, les gens utilisaient des fils en coton naturel. Les kramas fabriqués avec du fil de coton naturel sont doux et absorbent très bien l'eau. Ceux en soie sont plus coûteux et constituent un cadeau précieux, certaines personnes pensent même qu'ils apportent la bonne fortune. Ils sont principalement fabriqués par des villageois suivant des techniques traditionnelles. Selon une enquête citée par l'inventaire de l'Unesco, il existe plus d'un millier de communautés et de familles d'artisans tisseurs dans tout le Royaume.
La production du krama est principalement assurée par les femmes. Le rôle des femmes est essentiel, car elles sont responsables de la transmission des connaissances et des savoir-faire en matière de tissage du krama à la nouvelle génération.
A noter qu’en 2018, le Cambodge a inscrit un krama de 1 149,8 m de long dans les Guinness World Records, comme écharpe tissée à la main la plus longue du monde (photo ci-dessous).
Autres éléments inscrits par le Cambodge
Actuellement, plusieurs art et artéfacts cambodgiens figurent déjà sur la liste de l'UNESCO avec plusieurs éléments : le ballet royal cambodgien et le sbek thom, ou théâtre d'ombre khmer, inscrits en 2008 ; les rituels et jeux de tir à la corde en 2015 ; le chapei dang veng en 2016 ; le lkhon khol wat svay andet en 2018 ; ainsi que les arts martiaux traditionnels kun lbokator en 2022