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Des inquiétudes sur l’avenir du chapey khmer

Suite au décès de la légende de la musique traditionnelle cambodgienne Kosalvohar Kong Nay le mois dernier, la crainte que son héritage puisse disparaître à jamais s’est installée chez certains musiciens traditionnels

Chapey, CambodianessChapey, Cambodianess
Pich Sarath et son élève Moeun Senghong, crédit Teng Talirozy
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 14 juillet 2024, mis à jour le 18 juillet 2024

Suite à la  disparition du grand musicien aveugle Kong Nay, la communauté du Chapey Dang Veng a pleuré plus que la mort d'un maître de la musique, elle a déploré la perspective de la perte définitive de l'instrument de musique traditionnel en forme de luth, le chapey.

Kong Nay était un artiste renommé connu pour sa maîtrise du Chapey Dang Veng et était l'un des 26 maîtres d'arts traditionnels ayant obtenu le statut de Patrimoine Vivant. Il est resté alité pendant un an avant de décéder le 28 juin là où il était né, dans la province de Kampot. Il avait 80 ans.

 

Le Chapey Dang Veng

Le Chapey Dang Veng, tradition musicale profondément enracinée dans la culture cambodgienne, est fortement liée à la religion, à la philosophie et à la vie quotidienne du pays. Il met en valeur cet instrument à deux cordes, couramment retrouvé lors des festivals culturels, accompagné par le chant. Les paroles des chansons couvrent un large éventail, allant de la satire à la poésie classique, des contes populaires aux recits bouddhistes.

Bien que le chapey ait été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial immatériel de l'UNESCO en 2016, Pich Sarath, un enseignant à l'École Secondaire des Beaux-Arts spécialisé dans le Chapey Dang Veng, exprime son inquiétude quant à la baisse de popularité de l'instrument traditionnel après la mort du célèbre interprète.

Sa principale préoccupation est le manque de documentation et de compilation de l'instrument et de ses interprètes, tels que le maître Kong Nay.

Enfant jouant du Chapey, Cambodianes

Dissiper la superstition et les préjugés

Selon lui,  certaines personnes croient encore que jouer du chapey les rend aveugle, qu’il est démodé ou les rend pauvres. 

« Nous ne sommes pas aveugles, mais les personnes qui disent cela manquent de cœur », a-t-il remarqué. « En tant que Cambodgien, vous devriez vous efforcer d'apprendre et de comprendre les instruments traditionnels comme le chapey plutôt que d'empêcher les jeunes d’en jouer.»

Selon lui, seuls 3 à 4 élèves sur 30 en septième année savent ce qu’est le chapey. Par contre, tous connaissent la guitare. Il ajoute que 2024 est la première année où le Chapey Dang Veng est enseigné à l'école secondaire dans le cadre du programme des beaux-arts. Cependant, seuls trois élèves se sont inscrits au cours et veulent gagner leur vie en jouant de l’instrument à deux cordes.

 

Des actions pour faire perdurer la tradition

La Community of Living Chapey ( association d’artistes dont l’objectif est de répandre l’art du chapey) propose un programme de formation en ligne, rendant le chapey et la culture cambodgienne accessibles à tous dans le monde entier. En outre, l’association dispose d'un musée des arts mobile, permettant aux utilisateurs de vivre l'expérience en direct.

Son action éducative s'étend également aux écoles locales, notamment au lycée Chea Sim Chhouk Va, à Phnom Penh. Depuis 11 ans, le Chapey Dang Veng fait partie du programme d'études de l’établissement, les élèves apprennent l'instrument deux fois par semaine.

Selon Pich Sarath, la Community of Living Chapey envisage également de mettre en place un programme similaire dans d'autres écoles locales afin de faire perdurer la tradition.




 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

 

Article de Teng Yalirozy


 

 

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