Une Cambodgienne a été expulsée de Malaisie pour avoir critiqué les dirigeants cambodgiens sur les réseaux sociaux. Elle est accusée d'incitation et risque jusqu'à cinq ans de prison.
Une Cambodgienne expulsée pour des propos critiques
Nuon Toeun, une Cambodgienne de 36 ans travaillant en Malaisie comme domestique, a été expulsée vers son pays d'origine après avoir critiqué les dirigeants du gouvernement cambodgien sur les réseaux sociaux. Arrêtée la semaine dernière par les autorités malaisiennes à la demande du gouvernement cambodgien, elle est désormais détenue à la prison de Prey Sar à Phnom Penh, où elle fait face à des accusations d'incitation à commettre un crime et d'incitation à la discrimination.
Si elle est reconnue coupable, elle pourrait être condamnée à une peine de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans ainsi qu'à une amende.
Critiques des gouvernements pour la répression des dissidents
Des groupes de défense des droits de l'homme ont dénoncé la coopération entre les gouvernements d'Asie du Sud-Est pour harceler, détenir et expulser les dissidents politiques en exil. Human Rights Watch et Freedom House ont pointé du doigt cette pratique de plus en plus courante, accusant ces gouvernements de violer les droits humains des exilés politiques.
Nuon Toeun, bien qu'elle ne soit ni une figure de l'opposition ni une activiste connue, a régulièrement utilisé les réseaux sociaux pour critiquer les dirigeants cambodgiens, notamment le Premier ministre Hun Manet et son père Hun Sen. Elle aurait exprimé sa colère contre leur gestion des problèmes sociaux, affirmant « parler au nom du peuple cambodgien », selon Radio Free Asia.
Répression continue des voix dissidentes
Le gouvernement cambodgien, souvent accusé de museler les critiques, a intensifié ses actions contre les dissidents, y compris ceux résidant à l'étranger. Peu avant l'arrestation de Nuon Toeun, le journaliste d'investigation Mech Dara, connu pour ses enquêtes sur la corruption, a également été accusé d'incitation pour des publications sur les réseaux sociaux.
Nuon Toeun est également soupçonnée d’être sympathisante du Parti de Sauvetage National du Cambodge (CNRP), dissous avant les élections de 2018 dans le cadre d'une répression contre l'opposition. Le Parti du Peuple Cambodgien, au pouvoir, a alors remporté tous les sièges de l'Assemblée nationale.
Violation des droits humains et condamnations internationales
Le Mouvement Khmer pour la Démocratie, un mouvement d'opposition en exil, a fermement condamné l'expulsion de Nuon Toeun de Malaisie, soulignant qu'elle n'avait commis aucun crime en dehors de l'expression de ses opinions. Dans une déclaration, le mouvement a dénoncé cette expulsion comme une « violation flagrante du droit international et une grave atteinte aux droits humains ».
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur n'a pas pu être joint au moment d'écrire ses ligne.