À Battambang, l’école française a aussi fait sa rentrée. Une école pas comme les autres : petite par la taille, mais pleine d’énergie et de projets. Rencontre avec ceux qui la font vivre.
Une aventure née d’un besoin local
En 2012, deux parents, Charles Vincent et Mathieu Damperon, créent leur propre école. « La première année, ils étaient cinq élèves seulement », se souvient Laurent Blu. Tout part d’un manque d’offre pour les familles francophones.
Depuis, l’école s’est agrandie et a pris ses quartiers en 2017-2018, grâce à l’aide de donateurs, dont la Région Occitanie. Après avoir accueilli jusqu’à 75 enfants, elle démarre cette rentrée avec 63 élèves. « Un petit recul lié au contexte économique, mais l’école française a toute sa place ici », affirme le président de l’APE.
Une majorité d’élèves khmers
Aujourd’hui, 85 % des élèves sont cambodgiens, et seulement 15 % issus de familles francophones. Les frais de scolarité, entre 3 000 et 5 000 dollars, en font une école fréquentée par des familles aisées.
La priorité est de fournir un enseignement identique à celui du réseau AEFE, donc en français : « En récréation par exemple, les enfants parlent khmer, mais en classe, tout se passe en français », précise Armide Chonville. En maternelle, des assistantes khmères épaulent les plus petits pour faciliter leur intégration.
De la TPS au collège
L’école couvre tout le parcours : maternelle (avec une TPS ouverte cette année), primaire du CP au CM2, et une classe de collège multi-niveaux (6e à 3e) via le CNED. Un professeur des écoles assure le suivi des collégiens.
L’anglais est présent grâce à l’EMILE (sciences, arts ou sport en anglais). Et pour les non-francophones, le FLSco (français langue de scolarisation) permet de progresser rapidement. « Voir un enfant arriver à 3 ans sans un mot de français et s’exprimer à la fin de l’année, c’est extraordinaire », souligne Laurent Blu.
Une équipe soudée et motivée
L’équipe compte six enseignants français, deux volontaires en service civique, des professeurs de khmer qui donnent 2 heures de Khmer (obligatoires dans le programme Français) et 3 heures en extra scolaire et un enseignant d’anglais canadien. La direction est assurée par Armide Chonville, arrivée à la rentrée. Guyanaise, précédemment en poste à Bamako, elle découvre Battambang et le Cambodge : « Ce qui m’a frappée, c’est la tranquillité, la sécurité, la bienveillance. On se sent vite chez soi ».
« Ce dont je suis fière, c’est la qualité des enseignants. À Battambang, trouver une équipe aussi compétente, c’est rassurant », ajoute la nouvelle directrice.
Bienveillance et vie quotidienne
Ici, l’uniforme fait partie des habitudes locales. Tous les enfants portent le même polo bleu. L’école propose également un service de cantine apprécié de tous : « On y mange très bien, dans une ambiance conviviale », sourit Laurent Blu.
L’établissement revendique un climat apaisé : « Pas de garde-à-vous le matin ni de haut-parleur qui hurle à la sortie : chez nous, c’est la bienveillance qui prime ».
Homologation et défis
Déjà homologuée de la petite section au CE2, l’école vise désormais le CM1-CM2. Pour le collège, le chemin est plus long : « On ne passe pas du CNED à l’homologation sans enseignants dédiés », rappelle la direction.
L’école française de Battambang affiche aussi ses ambitions. La première étape vise 70 à 100 élèves, avec de meilleures installations sportives et une cantine plus grande. Un projet immobilier est en préparation, avec des locaux dédiés à l’enseignement et au confort des élèves.
Des projets pour faire vivre l’école
« Sans projets, une école s’éteint », affirme Armide Chonville. Les collégiens se rendront chaque semaine à la bibliothèque de l’Institut français, et d’autres activités rythmeront l’année. Ces initiatives font la différence pour les familles. L’école compte également sur le prochain Sommet de la Francophonie pour gagner en visibilité.
Nous souhaitons une bonne rentrée à toute l’équipe pédagogique et aux élèves de Battambang, une petite école pleine de dynamisme, de professionnalisme et de bonne volonté. Petite par la taille mais pleine d’ambitions, l’école française de Battambang se veut familiale, ouverte et exigeante. « Nous sommes très fiers de cette école », concluent la direction et l’APE.
Armide Chonville ajoute : « La force de l’école, ce sont ses enseignants, sa taille humaine et son exigence. C’est ce qui convainc les familles khmères ».
Cette école prouve que l’enseignement du français et le système éducatif français peuvent séduire, à condition de savoir les mettre en valeur et de les promouvoir.
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