Deux responsables cambodgiens ont été inculpés de plusieurs délits aux États-Unis, par un tribunal de Floride, pour leur rôle présumé dans l'importation de macaques sauvages à longue queue, une espèce menacée, vendus aux laboratoires pharmaceutique.
L'affaire a été rendue publique lorsque Kry Masphal, 46 ans, directeur adjoint du département de la faune et de la biodiversité du ministère de l'agriculture, a été arrêté aux États-Unis le 16 novembre. Lui, directeur général de l'administration forestière du ministère Keo Omaliss et six autres personnes font l'objet d'un acte d'accusation comportant huit chefs d'accusation passibles de peines de prison pouvant aller jusqu'à 20 ans.
Pour l’instant juste Kry Masphal a été arrêté, les sept autres sont recherchés par la police.
Les lois américaines protégeant les animaux sauvages
Il sont tous accusés de contrebande et de conspiration en vue de violer le US Lacey Act (la plus ancienne loi de protection de la faune des États-Unis; elle combat le trafic d'animaux sauvages, de poissons ou de plantes capturés illégalement) et le Endangered Species Act (une loi sur les espèces menacées de 1973 qui fournit un cadre pour la conservation et la protection des espèces menacées et en voie de disparition et de leurs habitats, tant au niveau américain qu’international).
"Le macaque est déjà reconnu comme une espèce menacée par l'Union internationale pour la conservation de la nature", a déclaré Juan Antonio Gonzalez, procureur américain du district sud de la Floride. "La pratique consistant à les arracher illégalement à leur habitat pour finir dans un laboratoire est quelque chose que nous devons arrêter. La cupidité ne devrait jamais passer avant la conservation responsable. Des affaires comme celle-ci nous mettent dans une position où nous pouvons faire la différence."
En mars, le groupe de spécialistes des primates de L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a fait passer le macaque à longue queue du statut d'espèce "vulnérable" à celui d'espèce "en danger".
S'il est reconnu coupable, chaque accusé risque jusqu'à cinq ans de prison pour l'accusation de complot et jusqu'à 20 ans pour chacune des accusations de contrebande.
Kry Masphal a été arrêté à New York où il devait assister à un forum des Nations unies sur les espèces menacées.
Le porte-parole du ministère, Srey Vuthy, n'a pu être joint pour un commentaire au moment de la mise sous presse.
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction
Selon l'acte d'accusation, les macaques à longue queue (Macaca fascicularis), parfois appelés macaques mangeurs de crabes, sont protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) et doivent obtenir un permis spécial pour être importés aux États-Unis. Les permis CITES sont numérotés individuellement et comprennent des informations détaillées sur la nature de la cargaison, notamment un code source, qui indique si l'animal a été élevé en captivité ou prélevé dans la nature.
Selon l'acte d’accusation, deux complices (James et Dickson Lau), opérant depuis Hong Kong, possédaient et géraient une série de sociétés apparentées qui ont conspiré avec des braconniers et des fonctionnaires corrompus cambodgiens pour acquérir des macaques capturés dans la nature et les faire passer comme ayant été élevés en captivité.
Pour pallier au manque de singes dans les installations d'élevage du Cambodge, les co-conspirateurs auraient demandé l'aide de l'autorité CITES du Cambodge et du ministère pour livrer des macaques sauvages prélevés dans les parcs nationaux et les zones protégées du Royaume. Une collecte de 3 000 singes "sauvages" était négociée, pour laquelle les fonctionnaires du ministère recevaient de l'argent.
Ces macaques ont été emmenés dans des installations d'élevage et ont reçu de faux permis d'exportation CITES. Des macaques sauvages auraient également été livrés par Kry Masphal et d'autres employés du ministère à une installation dans la province de Pursat.
Entre décembre 2017 et septembre 2022, il aurait aussi pris part à conversation sur les prix des macaques sauvages capturés et livrés aux installations d'élevage exploitées par les complices.
32 634 singes de laboratoires vendu par le Cambodge en 2020
De 2004 à 2020, les données d'exportation officielles du Cambodge font état de l'exportation de plus de 151 800 macaques à longue queue. Les registres du gouvernement du Royaume montrent que près de 94 % de ces singes ont été envoyés aux États-Unis, en Chine et au Japon.
La valeur totale du commerce des macaques à longue queue de 2010 à 2019 a été évalué à près de 1,26 milliard de dollars, selon une étude de février 2022 qui a comparé les données de la base de données sur le commerce de la CITES et de la base de données de l'ONU.
Depuis lors, et en grande partie à cause de la pandémie de covid, le commerce de macaques du royaume a connu un pic important, passant de 9 610 singes commercialisés en 2018 à 16 640 l'année suivante pour atteindre 32 634 en 2020.
source : Cambodianess
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