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"Déprivatisation des trottoirs :" Mission impossible ?

Les autorités cambodgiennes ont pris la décision de s'attaquer au problème persistant de la privatisation de l'espace public. Le ministère des Travaux publics et des Transports prépare actuellement un sous-décret visant à mettre fin à l'empiètement sur les trottoirs.La chose ne va pas être facile .

photo rues de phnom penh 17photo rues de phnom penh 17
Parfois il n'existe plus d'espace pour les piétons, entre les étales des commerçants et la route.
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 22 juillet 2023, mis à jour le 25 juillet 2023

La privatisation de l'espace public à des fins commerciales ou de stationnement va-t-elle enfin cesser ? Il semble en tout cas que les autorités aient décidé de prendre le problème à bras le corps. En effet, le ministère des Travaux publics et des Transports vient d'annoncer qu'un sous-décret visant à mettre fin à l'empiètement sur l'espace public, que sont par exemple les trottoirs, était en cours d'élaboration. Le ministre de l'intérieur lui-même a déclaré, lors d'une cérémonie officielle au début du mois de juin, qu'il fallait informer les gens du bon usage des espaces publics partagés et qu'il fallait établir une démarcation claire entre les espaces publics et les espaces privés.   

 

 

Toutes les villes du pays, à commencer par Phnom Penh, sont touchées par cette vieille habitude de considérer que l'espace entre sa maison ou son commerce et la rue n'est pas un espace public. Lorsque les villes n'étaient que de grands villages tranquilles sans grande circulation, cela ne posait pas vraiment de problème. Mais comme le nombre de voitures ne cesse d'augmenter dans le pays, l'annexion des trottoirs contribue à la congestion des villes et à la détérioration de la santé de ceux qui exercent leur activité au niveau de la rue, le nez dans les gaz d'échappement.   

 

Cependant, la mise en œuvre par les autorités de ces louables mesures anti-encombrement s'annonce pour le moins compliquée.

 

D'abord, il faudra aller à l'encontre de la force de l'habitude. Et ce n'est pas le plus grand défi.

 

Le plus grand combat des autorités sera d'aller à l'encontre des intérêts commerciaux des uns et des autres.

 

Il y a ceux qui ont trois tables sur le trottoir, ce qui leur permet de tenir un café de fortune ou une extension de leur café ; ceux qui utilisent cet espace public comme lieu d'entreposage de motos, de réfrigérateurs ou d'autres biens volumineux. Et puis, il y a les banques et autres grandes entreprises qui ont transformé tout le trottoir devant leur immeuble en parking privé pour leurs clients. Les autorités pourront-elles leur imposer de libérer certaines portions de ces zones, ce qui rendrait impossible le stationnement des véhicules et les obligerait à terme à déménager ? La question est épineuse.

 

Comment gérer ce projet de manière équitable tout en imposant à tous, des petits commerces de rue, aux grandes enseignes et aux institutions puissantes comme les banques, le respect de ces règles de partage public : C'est là tout le défi que les autorités devront relever après des années de laxisme en la matière.

 

Si de nombreuses faveurs peuvent être obtenues discrètement, ce ne sera pas le cas dans ce dossier. Car tout le monde pourra effectivement voir qui continue à empiéter sur l'espace public au détriment de l'intérêt général.


Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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