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"Couvrez ce sein que je ne saurais voir"

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Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 15 mars 2021, mis à jour le 16 mars 2021

Le 2 mars, Sithong Sokha, policière régulant la circulation, postait sur Facebook, une photographie la montrant allaitant son fils. Si aucune nudité n’apparaissait sur l’image, la jeune femme a pourtant été contrainte par le district de police, de mettre en ligne des excuses publiques.

La policière de Stung Treng a été réprimandée par ses supérieurs pour avoir allaité son enfant dans l'exercice de ses fonctions. Le tollé qui s'en est suivi sur les médias sociaux a amené les autorités provinciales à revenir sur leur décision.

Des responsables de la police provinciale et du district l'ont convoquée pour une réunion le 9 mars - le lendemain de la journée de la femme - et lui ont fait signer un contrat lui demandant de ne plus allaiter en public et en uniforme, car cela portait atteinte à l'honneur de son unité et des femmes khmères.

Moi, le lieutenant Sithong Sokha [...], je présente des excuses publiques sur Facebook pour avoir publié des photos d'allaitement au travail alors que je portais un uniforme. Je n'ai pas l'intention de porter atteinte à l'honneur de l'unité de police ou à la dignité des femmes cambodgiennes.

Suite à cette affaire, 39 ONG,  dont le Cambodia Center for Human Rights, Action For Development (AFD), ActionAid Cambodia (AAC), ont publié le 11 mars une déclaration dans laquelle ils déplorent le fait que cette femme fasse l’objet de mesures disciplinaires.

La déclaration indique que : 

Les femmes ne devraient pas être obligées de choisir entre leur travail et les soins vitaux qu'elles prodiguent à leurs enfants.  Qu'une mère qui travaille soit réprimandée pour avoir tenté de faire les deux, illustre que le gouvernement n'a pas réussi à protéger les droits des femmes au travail. Malheureusement, cela s'est produit seulement un jour après la Journée internationale de la femme, illustrant les défis qui doivent être surmontés pour que les droits des femmes deviennent une réalité au Cambodge.

Dans une lettre ouverte, Chou Bun Eng, vice-présidente permanente du Comité national de lutte contre la traite des êtres humains, s'est dite déçue par l'incident.

Elle a déclaré que :

Son supérieur devrait exprimer son appréciation et ses encouragements. Elle ne faisait pas étalage de son corps pour attirer le public.

Le ministère des Affaires féminines a également réagit dans une publication Facebook en affirmant le devoir des parties prenantes à créer une environnement dans laquelle les femmes étaient libres d’allaiter leurs enfants.

Chim En, chef de la police du district de Siem Pang, dans la province de Stung Treng a déclaré que le contrat que les autorités du district avaient fait signer à la policière servait uniquement à l’éduquer à faire du bon travail. L'adjoint de la police provinciale Hong You a ajouté que l’important était de trouver des endroits appropriés pour l’allaitement.

Cependant, face à la réaction négative suscitée par la réprimande de l'officier Sokha, la police lui a offert cette semaine des cadeaux. Les photos ont été publiées sur la page Facebook de la police du district de Siem Pang.

L’affaire ne s’arrête pas là puisque Bun Rany, présidente de la Croix-Rouge cambodgienne et femme du Premier ministre, a fait un don de 2 500 dollars à la policière afin de l’encourager dans sa maternité.

Le lieutenant Sokha a déclaré qu'elle était heureuse d'avoir reçu le soutien de Bun Rany.

Je remercie Bun Rany de m'avoir soutenue et de m'avoir donné de l'argent. C'est une personne au grand cœur et elle comprend le sentiment de la maternité.

 

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