Clotilde Gaillot et Flavie Gonnet, deux étudiantes lilloises, respectivement en master Marketing à l’IESEG et en médecine, ont traversé le Cambodge à vélo sur 1550 km pour Enfants du Mékong. À la rencontre des filleuls de l’association au Cambodge, les deux jeunes femmes ont dédié leur année de césure à leur projet humanitaire Happy'Cyclette, surpassant les difficultés imposées par la pandémie du Covid-19.
lepetitjournal.com a rencontré Flavie pour découvrir cette merveilleuse aventure.
Pouvez-vous nous expliquer Happy’Cyclette, le projet que vous avez lancé?
Clotilde et moi sommes amies de longue date, depuis les années lycée plus précisément. Nous avons eu l’idée de faire une année de césure il y a deux ans. Clotilde avant son stage de fin d’étude et moi entre ma troisième et ma quatrième année de médecine. Nous voulions monter un projet qui soit un défi sportif, puisque nous n’étions pas de grandes sportives et le but était de nous surpasser. Mais cela nous tenait également à cœur de faire une action humanitaire en même temps.
Nous avons donc lancé le projet Happy'Cyclette auprès d'Enfants du Mékong, une association créée en 1958 qui a l’avantage de rester assez familiale. Il s’agit donc de parrainage scolaire. Les parrains reçoivent toutes les informations concernant leur filleul et ils ont l’occasion de développer une relation épistolaire grâce à l’échange de plusieurs lettres par an. Ils ont ensuite la possibilité de venir en Asie afin de rencontrer leur filleul. Avant de partir, nous avons essayé de trouver des personnes autour de nous qui acceptaient de s’engager auprès d’un enfant et nous irions rencontrer ces filleuls là. Finalement, nous avons fait la connaissance d’une dizaine d’entre eux au Cambodge. De plus, nous aidions également les différents centres de l’association que nous rencontrions sur notre chemin et qui souffraient du manque de bénévoles en raison de la pandémie.
Nous filmions également ces rencontres afin de produire un reportage à la fin de notre expérience retraçant le point de vue des filleuls en Asie et des parrains en Europe. Nous sommes actuellement en France. Nous parcourons à nouveau le pays à vélo à la rencontre des parrains, auxquels nous montrons les vidéos et les témoignages de leur protégé.
Pourquoi avoir choisi Enfants du Mékong et le Cambodge pour votre aventure ?
Lorsque nous avons décidé de partir en césure, nous sommes rapidement tombées sur un article parlant du projet Asicyclette d’un jeune couple parcourant les pays d’Asie à vélo pour Enfants du Mékong. Nous les avons donc contactés et ils étaient ravis que nous reprenions le flambeau. Si le projet initial était de parcourir plusieurs pays, la pandémie du Covid-19 nous a rapidement rattrapé. Nous avons finalement obtenu des visas pour le Cambodge.
Enfants du Mékong est une association renommée en Asie et elle a l’avantage d’être extrêmement transparente aux niveaux des coûts et de l’utilisation des dons. Puisque certains de nos proches étaient entrainés dans l’aventure en parrainant des enfants.
lI était très important pour nous de nous rapprocher d’une association de confiance.
D’autant plus que nous savons que les associations humanitaires ne sont pas toujours portées par de bonnes intentions, au contraire, beaucoup de travers existent dans ce milieu.
Comment avez-vous planifié votre voyage?
Nous avons annoncé le projet sur les réseaux sociaux il y a un peu plus d’un an, le jour où Emmanuel Macron a annoncé le premier confinement en France.
Le plus compliqué a peut être été de réunir les fonds nécessaires au projet, puisque son montant total atteignait 12 000 €. Entre les billets d’avion, les frais de quarantaine, les vélos, le matériel de sport et audiovisuel, le coût de nos six mois était très élevé. Pour financer le projet, nous avons travaillé 3 mois afin de réunir 4000€ chacune, Clotilde pour une plate-forme téléphonique dédiée au Covid, et moi en tant qu’aide soignante dans un EHPAD. Pour le dernier tiers, nous avons lancé une cagnotte en ligne.
Pour ce qui est de la préparation physique, nous avons pris le risque de ne pas en faire. Nous travaillions pour financer le projet et nous n’avions pas le temps. Nous avons uniquement organisé deux sorties de 40 km à vélo. Finalement, le voyage s’est bien passé. Le mental a davantage joué que le physique.
Vous avez organisé ce voyage en pleine pandémie mondiale, comment s’est déroulé votre trajet ?
Bien évidemment, à cause du Covid, nous avons dû changer nos plans plusieurs fois et nous adapter à chaque situation.
En arrivant au Cambodge, nous avons donc dû sacrifier deux semaines de notre périple en quarantaine obligatoire. Lorsque nous sommes sorties fin janvier 2021, il n’y avait presque aucun cas Covid dans le pays. Le fait de voyager à travers les provinces nous a permis de faire du tourisme et nous avons donc eu la chance inouïe d’avoir Angkor pour nous seules.
En revanche, au milieu de notre voyage, l’annonce de la fermeture des provinces est tombée. Nous avons ainsi été stoppées deux semaines dans un des centres de l’association à Battambang. Nous avons seulement dû modifier la fin de notre trajet, afin de contourner certaines frontières. Nous avons tout de même pu rencontrer tous les filleuls, sauf un.
Pour ce qui est du côté sportif, nous avons parcouru 1550 km à vélo à travers le Cambodge, environ 80 km par jour. Le Cambodge est un pays plat donc il y est assez facile de pédaler. En revanche, la chaleur est bien plus compliquée à supporter. Cela se joue davantage dans la tête que dans les jambes.
Nous partions à 5h afin de pédaler uniquement le matin. Nous ne prenions pas nos vélos tous les jours puisque nous réservions beaucoup de temps à aider les différents centres d’Enfants du Mékong et à rencontrer les filleuls.
Vous avez exporté ce projet dans l’hexagone, racontez-nous.
Nous sommes actuellement en France pour rencontrer les parrains et se pencher sur leurs points de vue. En rentrant du Cambodge, nous avons profité des deux dernières semaines de confinement pour monter une petite vidéo et un diaporama que nous montrons aux familles. Nous avons commencé à pédaler le 4 mai à Narbonne et nous remontons actuellement la France jusqu’à Lille.
Sur notre chemin, nous rencontrons soit des parrains, soit des personnes qui connaissent l’association mais ne parrainent pas encore et que nous tentons de convaincre. Nous allons aussi souvent dans des écoles, des collèges et des lycées raconter notre aventure aux jeunes. Au-delà de leur faire découvrir la vie associative et le secteur de l’humanitaire, nous les poussons à s’accrocher à leurs projets même dans une période difficile, telle qu’une pandémie mondiale.
Pour les deux étudiantes, l’aventure se terminera le 26 juin 2021 à Lille.