Le livre de Yann DEFOND, Un chrétien au Cambodge, sortira au Cambodge le 20 mai prochain. Au long de ses 168 pages, l’auteur analyse par le concret ce qu’il perçoit de la mentalité khmère.
Ce Français quadragénaire vit depuis une quinzaine d’années dans un parc industriel de la périphérie de la capitale. Il a fait le choix de partager le quotidien des travailleurs de la cité qu’il habite en solidarité avec eux. Complètement intégré à la société cambodgienne, ce fils d’ouvrier ne travaille plus à l’usine mais comme journaliste, comédien et interprète.
Yann vit en immersion au milieu des petites gens khmers. Il nous brosse ici un portrait de ce qu’il a vécu auprès des de ouvriers du textile. Les anecdotes qu’il nous conte illustrent les propos qu’il tient sur la façon de vivre de ces gens là.
Ce livre constitue aussi un témoignage qui ne verse jamais dans le prosélytisme, sur la façon qu’un jeune homme choisit de vivre pleinement sa foi.
Un témoignage doublement humain et donc doublement intéressant.
lepetitjournal.com : Pourquoi avoir ressenti ce besoin de témoigner de votre expérience ?
Yann DEFOND : Il s’agit en effet d’un témoignage. Mon idée de départ, en 2009, était de faire connaître un mouvement que j’accompagne, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Il s’agissait aussi d’obtenir quelques subsides pour les activités de ses membres dont, inexplicablement, plus un seul n’est chrétien. J’ai contacté un auteur, Christophe ALBERT, mais il pensait que c’était plutôt à moi d’écrire ce livre. Je ne m’en sentais pas capable mais comme j’écrivais de façon éparse sur mon expérience d’assimilation, il m’a encouragé à réunir mes textes pour constituer un écrit de base. Finalement, le projet a beaucoup évolué puisque malgré son accompagnement il m’a fallu dix ans pour achever mon manuscrit.
Ce chrétien au Cambodge dont parle le titre, c’est vous ?
Les chrétiens sont peut-être 300.000 dans le Royaume et je suis l’un d’entre eux. C’est l’éditeur, Médiaspaul, qui a trouvé le titre et je dois l’assumer. Il ne s’agit point d’une biographie. Dans aucune phrase je n’utilise le pronom personnel “je” pour moi-même. Ce livre s’adresse plutôt à un lectorat chrétien occidental mais vous ne trouverez pas de charabia catholique dans ses 14 chapitres. N’importe qui peut entrer dans la lecture de cet ouvrage. Je parle essentiellement de la vie des ouvriers de la confection textile et de la mentalité cambodgienne en partant d’exemples vécus.
A propos de mentalité, quelques fois, vous semblez poser un regard désabusé sur les rapports humains des cambodgiens entre eux Pensez-vous qu'ils puissent changer ?
J’ai essayé d’équilibrer les notes positives et négatives sur ce que je perçois des cultures asiatique et européenne. Les rapports de soumission sont bel et bien un marqueur déterminant dans l’analyse de la mentalité khmère mais les relations avec ou entre les Cambodgiens ne sauraient se limiter à cet aspect. Nous connaissons tous autour de nous des personnes qui ont évolué de façon surprenante. Je l’évoque d’ailleurs quelques cas dans mon livre. Cependant, en matière de mentalité collective, sauf accident de l’histoire, il faut probablement plusieurs générations pour changer.
Mais l’espoir est permis. Je vois de nombreux cambodgiens engagés qui refusent de courber l’échine comme de la faire courber et qui, de fait, œuvrent au changement de mentalité.
On peut noter des éléments distincts dans votre texte. Quels en sont les ingrédients ?
Au départ, mon écrit était composé de la narration de faits réels et d’analyses. Mon mentor m’a incité à insérer des notices autobiographiques de façon à ce que le lecteur comprenne mon point de vue. Puis l’éditeur a insisté dans le même sens, notamment en me faisant rajouter un chapitre qui explique mon parcours.
Votre livre est préfacé par le prêtre franco-cambodgien François PONCHAUD, est-ce quelqu’un qui compte pour vous ?
Pour sûr, c’est lui qui m’a appelé au Cambodge dès 2003. Il est comme moi originaire de la région Rhône-Alpes. Au départ, c’était pour deux ans. J’étais coopérant. Et puis finalement, c’est pour la vie. J’ai beaucoup été touché par son amour du peuple khmer et sa proximité avec les petits. Avec son exemple, il m’a semblé naturel de chercher à m’assimiler. En me relisant, je me suis rendu compte que j’avais emprunté plusieurs expressions propres à François !
Le dernier chapitre avant la conclusion paraît en décalage avec les autres, s’est-il trompé de livre ?
L’ensemble de mon ouvrage est consacré à l’étude terre à terre de l’âme khmère et ce chapitre ne fait pas exception. Ma réflexion part principalement du partage de la vie des ouvriers de l’habillement. Pourtant il se trouve que je suis comédien et que je passe de temps à autre à la télévision. Durant une période, avant que je démissionne, c’était même plusieurs fois par semaine. Moi qui suis natif de Lyon, j’étais le guignol de Phnom Penh ! Cette expérience parle aussi du peuple cambodgien. Dans ce chapitre, je dévoile l’envers du décor, les coulisses médiatiques.
Où se procurer votre ouvrage ?
Il est en vente au prix de 40.000 ៛ à la librairie Carnet d’Asie de la rue 184 à l’institut français de Phnom Penh. Il est également possible de le commander en passant par mon blog. Il peut être dédicacé et livré dans n’importe quelle ville du royaume.