Adrien Cavey dirige la section consulaire de l’ambassade de France à Phnom Penh depuis septembre 2018. Près de six mois après son arrivée, Lepetitjournal.com Cambodge l’a rencontré.
Lepetitjournal.com Cambodge : Quel a été votre parcours avant de rejoindre l’ambassade de France au Cambodge ?
Adrien Cavey : J’ai rejoint le ministère des Affaires étrangères à 24 ans. J’ai d’abord travaillé dans le consulaire à Wuhan au consulat, puis à Pékin à l’ambassade. Après un passage de trois ans à la direction générale de l’administration au ministère à Paris, j’ai été numéro deux du consulat général français à Chengdu pendant quatre ans. Depuis septembre, je dirige la section consulaire de l’ambassade à Phnom Penh.
Une des missions du consulat est d’apporter son assistance aux Français présents au Cambodge. Dispose-t-on de chiffres sur la taille de la communauté française ?
Plus de 5000 ressortissants français sont inscrits au registre des Français résidant au Cambodge, dont 500 à Siem Reap, plus de 100 aux alentours de Kep et Kampot, une centaine à Battambang et une quarantaine à Sihanoukville, qui comptait jusqu’à peu environ 200 Français. Parmi ces personnes enregistrées auprès de l’ambassade, nous comptons environ 50% de binationaux, 20% d’enfants de moins de 10 ans et 20% de personnes de plus de 60 ans. Mais l’inscription n’étant pas obligatoire, nous estimons qu’environ 10 000 Français vivent actuellement au Cambodge. A ces résidents, il faut ajouter les touristes français de plus en plus nombreux au Cambodge. On en comptait 139 000 en 2018, contre 100 000 entre 2013 et 2014.
Comme vous l’avez mentionné, de nombreux Français résidant au Cambodge ne s’enregistrent pas auprès de la section consulaire. Comment l’expliquez-vous ?
Il est vrai que l’inscription n’est pas obligatoire, mais nous l’encourageons cependant. Le fait de s’inscrire au registre simplifie les démarches au consulat et donne accès à des tarifs préférentiels pour la délivrance de documents. De plus, elle permet de faire partie du plan de sécurité de l’ambassade en cas de crise, et nous savons alors comment contacter les personnes qui se sont inscrites.
Quelles sont les fonctions de la section consulaire au sein de l’ambassade ?
Nous avons trois grandes missions. Tout d’abord, la protection et l’administration de la communauté française, qui comprend les résidents mais aussi les Français de passage. Chaque matin, le consulat reçoit le public sans rendez-vous afin de fournir un meilleur service public. La section consulaire délivre différents documents comme les passeports et cartes d’identité et effectue un travail d’état civil, notamment pour les mariages dont elle réalise fréquemment des transcriptions en cas de mariage mixte. Nous organisons en outre les élections pour les 3000 Français inscrits sur la liste électorale de l’ambassade. Un bureau de vote sera ouvert à Phnom Penh pour les élections européennes le 26 mai, et il est possible de s’inscrire jusqu’au 31 mars. Pour les Français résidant hors de la capitale, nous les encourageons à faire des procurations, une seule personne pouvant être mandataire pour trois électeurs. La protection consulaire s’étend enfin également aux Français détenus dans les prisons cambodgiennes, pour qui nous nous assurons que les conditions de détention soient dignes et qu’ils puissent recevoir de l’argent de leurs proches.
Un de nos autres pôles d’activité regroupe les affaires sociales et les bourses scolaires. Il s’agit d’une activité très importante au Cambodge, qui regroupe les aides fournies par le conseil consulaire pour l'aide et la protection sociales ainsi que les bourses scolaires. Pour la période 2018-2019, nous avions notamment 235 boursiers pour le lycée René Descartes et l’école française de Siem Reap, les deux établissements homologués par l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger. Notre troisième mission, et non la moindre, est la délivrance de visas pour les Cambodgiens ou autres étrangers souhaitant se rendre en France ou dans les pays de l’espace Schengen que nous représentons, qui a augmenté ces dernières années. Nous avons traité plus de 8000 demandes en 2018, contre 5600 en 2014.
Quels sont les enjeux qui touchent particulièrement les Français du Cambodge ?
Les Français aiment beaucoup le Cambodge et les Cambodgiens. Vous entendez nombre de témoignages de Français venus en touristes dans ce pays et qui ont souhaité ensuite y faire leur vie. Le Cambodge n’est pas un pays spécialement à risque pour les Français, mais nous tenons à attirer l’attention de nos compatriotes sur les vols à l’arraché, qui ont souvent lieu en soirée et le week-end. Une autre problématique récurrente est celle de la santé et des assurances. Nous avons fréquemment des cas de personnes qui ne sont pas assurées, que ce soit dans le cadre de leurs vacances ou pour un séjour de long terme dans le pays. S’il leur arrive quoi que ce soit, ils encourent de vrais problèmes en n’ayant pas d’assurance. En matière de danger, les accidents de la route sont l’une des principales causes de décès pour les Français au Cambodge. Beaucoup de personnes oublient malheureusement que rouler sans casque en deux roues est une folie et se permettent des comportements à risques qu’elles n’auraient jamais eus en France.