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Expatriation, tourisme : comment le centre de crise vous protège

Centre de crise expatriés touristes ArianeCentre de crise expatriés touristes Ariane
© CreativeCommons
Écrit par Justine Hugues
Publié le 11 août 2019, mis à jour le 3 décembre 2020

Un poste de vigie assure une veille continue sur les Français, qu’ils soient établis ou de passage à l’étranger, ou encore victimes d’attaques terroristes sur le territoire national.  C’est le Centre De Crise et de Soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. Retour sur son rôle dans la prévention et la gestion des crises. 

 

Une vaste et moderne salle, un pupitre aux couleurs de la France, un écran géant. Cachés sous les bureaux, des postes informatiques et téléphoniques sont déployés en cas d’attentat, de séisme, de crash aérien, de prise d’otage, ou tout autre évènement impliquant des Français n’importe où sur le globe. Ici, lors des attaques de Barcelone il y a deux ans, prés de 120 personnes répondaient 24h/24 aux appels, rassurant et orientant sans relâche les victimes et leurs familles. Bienvenue au Centre De Crise et de Soutien (CDCS) !

Né en 2008, le « bébé » de Bernard Kouchner a beaucoup évolué, au gré des changements politiques et crises majeures de la dernière décennie, tout en restant fidèle à sa mission originelle : garantir la protection des Français. 

 

Une veille permanente pour anticiper les crises

 

En continu, des collaborateurs du CDCS produisent, sur la base des informations provenant des ambassades, consulats, citoyens et agences de presse, des bulletins d’informations sur les évènements sécuritaires des dernières heures. « Aujourd’hui, les crises sont partout, plus aucun pays n’est épargné. La veille permet non seulement de pouvoir répondre à toutes les sollicitations, d’adapter les plans de sécurité de nos ambassades mais aussi d’actualiser nos fiches de conseils aux voyageurs », indique une source au sein du quai d’Orsay. Le site France Diplomatie, qui héberge ces fiches, est le deuxième site institutionnel français le plus consulté, après celui dédié aux impôts, déclare le ministère. 

 

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Une cellule de crise du CDCS © CDCS-MEAE

 

Assurer la protection des Français à l’étranger, expatriés ou touristes

 

Le « bras armé » du CDCS, le service des opérations, intervient en situation de crise individuelle (prise d’otage, enlèvement crapuleux, disparition inquiétante) ou collective (catastrophe naturelle, conflit, crise politique) produite à l’étranger. Un dispositif huilé et défini en fonction du niveau d’urgence se met alors en place. Un numéro d’appel unique est diffusé sur les chaines d’information et plus d’une centaine d’opérateurs téléphoniques, psychologues, médecins, juristes peuvent être mobilisés. Lors des crises majeures, le CDSC voit ses équipes renforcées par des volontaires de la Croix Rouge. 

 

« Pour pouvoir les retrouver et leur porter secours, il est primordial que les Français soient inscrits sur le registre consulaire de leur pays d’expatriation ou enregistrés sur Ariane lorsqu’ils voyagent. Lors du séisme au Népal, il y avait 288 Français inscrits au registre et 300 sur Ariane. Or, quand on a commencé à appeler les tours opérateurs et d’autres acteurs, on s’est rendu compte il y en avait 2.700 autres qui se baladaient dans la montagne », raconte une source au Ministère.

A cette période de grands départs en vacances, le quai d’Orsay s’attèle à sensibiliser les futurs voyageurs. « Il y a de plus en plus de Français qui partent seuls à l’aventure avec leur billet d’avion et qui n’ont pas envie d’être « bagués » par les autorités. Or, notre dispositif est certifié par la CNIL et les informations ne sont transmises aux postes concernés qu’en cas de crise », complète cette même source. 

 

Ariane vous permet, lorsque vous effectuez un voyage ou une mission ponctuelle, de vous signaler gratuitement et facilement auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Une fois vos données saisies sur Ariane :

  • vous recevrez des recommandations de sécurité par courriels si la situation dans le pays le justifie
  • vous serez contacté en cas de crise dans votre pays de destination
  • la personne contact que vous aurez désignée pourra également être prévenue en cas de besoin

 

Ne pas être alarmiste

 

Le CDCS travaille en étroite collaboration avec les ONG, l’ONU, l’Union Européenne, les entreprises qui emploient des ressortissants français : « Cela fonctionne bien même s’il arrive parfois que des signaux contradictoires soient envoyés. Récemment en République centrafricaine, l’Union Européenne a décidé de rapatrier son personnel sans qu’on ne soit au courant ni ait donné la même instruction », regrette un agent du Ministère. « Il y a un véritable équilibre à trouver dans le ton et le moment du message diffusé auprès des Français à l’étranger, poursuit-il. Il ne faut pas être anxiogène trop tôt ni leur demander d’être vigilants en permanence, ce qui ne veut rien dire. Mais taire les informations et courir le risque qu’elles fuitent par d’autres sources est aussi une erreur. Envoyer un message modéré, pour rassurer et montrer une présence est le plus satisfaisant ». 

 

Au CDCS, le soutien aux victimes et leurs familles relève également d’un équilibre complexe. « On nous reproche très souvent de ne pas en faire assez,  explique une source au quai d’Orsay.  Il y a aussi les alarmistes, comme au Népal, où celui qui a fait le plus de bruit était à peine blesséL’important est de pouvoir donner régulièrement de nouvelles informations et que les victimes ou leurs proches soient toujours en contact avec les mêmes agents, pour créer un lien de connaissance et confiance réciproques fort ».

 

Centre de crise expatriés touristes Ariane
Cérémonie de rapatriement du corps d'une victime © CDCS-MEAE

 

 

 

Une mission récente : le soutien aux victimes d’attentats terroristes en France

 

« Fort de son ADN de protection consulaire et de sa capacité à coordonner à l’étranger tous les moyens de l’Etat, le CDCS a été mandaté pour déployer l’assistance aux victimes en cas d’attentat sur le territoire national », expose un collaborateur du Ministère.  Malheureux hasard de calendrier, le 12 novembre 2015, veille des attentats de Paris, la Cellule Interministérielle d’Aide aux Victimes (CIAV) voit le jour, sous la houlette du CDCS. « Le but était de décloisonner l’administration et de regrouper en un même lieu et sous une même autorité, l’ensemble des personnes opérant sur une crise », analyse-t-il. Activée pour la deuxième fois lors des attentats de Nice, la CIAV se perfectionne et développe son champ d’actions. 

 

Derrière un acronyme, CDCS, ce sont 86 personnes au mental d’acier. « Il faut, dans l’idéal, une expérience de travail dans des contextes difficiles, mais surtout des qualités humaines d’empathie, de volontarisme, et mise au service des autres. Ce sont des métiers difficiles psychologiquement », expose l’un des collaborateurs. Entre simulations d’exercices, missions d’audit des ambassades et formation des diplomates sur le départ, en temps de « paix », le CDCS n’a pas non plus le temps de chômer. 

 

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