Les pays les moins avancés (PMA) sont des pays en développement ou à faible revenu répertoriés par les Nations unies sur la base de leur développement socio-économique.
Actuellement, 46 pays font partie du groupe des PMA, qui est réexaminé tous les trois ans par le Comité du développement de l’ONU.
Six pays ont déjà quitté ce groupe, le premier étant le Botswana en 1994 et le dernier étant le Vanuatu en 2020. Pour en sortir, le pays doit répondre aux critères fixés par le Comité des politiques de développement (CPD), notamment en ce qui concerne le revenu, le capital humain et la vulnérabilité économique et environnementale.
Les pays à faible revenu ont un revenu national brut (RNB)* inférieur ou égal à 1 085 USD, tandis que les pays à revenu moyen inférieur ont un RNB par habitant compris entre 1 086 USD et 4 255 USD.
À l'heure actuelle, le Cambodge est considéré comme un pays à revenu moyen inférieur. Toutefois, avec l'aide des accords de libre-échange pour soutenir l'étendue des secteurs du tourisme, de l'industrie manufacturière et de la construction dans le pays, le Cambodge devrait quitter le statut de PMA d'ici 2028 et atteindre son objectif de devenir un pays à revenu moyen supérieur dès 2030.
Le Cambodge ne pourra plus alors bénéficier du système de préférences généralisées (SPG)** et du régime "Tout sauf les armes" (TSA)*** accordés par des pays développés. La perte des avantages assurés par ces régimes préférentiels obligera le Cambodge à prendre part au jeu de la concurrence économique en recherchant des accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux avec différents partenaires économiques. Entre-temps, le Cambodge doit prendre de nombreuses mesures pour se préparer au mieux à quitter le statut de PMA.
Une forme de dépendance au SPG
Le Cambodge est devenu bénéficiaire du SPG américain en 1997. En conséquence, les échanges commerciaux du Cambodge bénéficiant du régime TSA ont augmenté de manière spectaculaire, atteignant un volume de 4 637 millions USD en 2021.
Toutefois, le Cambodge a perdu 20 % du programme TSA, retiré par l'UE en raison de certaines préoccupations concernant les droits de l'homme au Cambodge. Aussi, si rien ne change, et que le Cambodge continue son développement sur la même lancée, il perdra inévitablement 100 % de l'offre d'ici 2030.
Ainsi, le gouvernement royal du Cambodge doit fournir un engagement plus important pour se préparer de la meilleure façon à cette perte.
Une réforme institutionnelle interne comme facteur de développement
Le gouvernement cambodgien s’est donc lancé ces dernières années dans une réforme économique interne afin de réviser et développer des secteurs économiques de première importance, tels que la construction et l'amélioration du capital humain, l'esprit d'entreprise, les compétences professionnelles, ou encore l'éducation.
Ces changements sont également conformes à la phase VI de la stratégie que le gouvernement a introduite en septembre 2018 et dont les principaux objectifs sont la croissance, l'emploi, l'équité et l'efficacité.
L'objectif principal de cette “Stratégie rectangulaire” est l'amélioration de la bonne gouvernance du pays, en mettant l'accent sur le secteur économique et financier.
Plus précisément, la concentration de l'action gouvernementale dans les secteurs de l’économie a pour mission d’améliorer les système logistiques, renforcer le transport, l'énergie, et la connectivité numérique, mais également développer des sources nouvelles de croissance économique et les secteurs financier et bancaire, tout en préparant l'économie à l’ère numérique.
De plus, dans la sixième loi de l'Assemblée nationale, le gouvernement royal du Cambodge a mis l'accent sur les ressources humaines, faisant du capital humain la première des priorités de cette réforme institutionnelle.
Par exemple, dans sa “Stratégie rectangulaire”, l'objectif du gouvernement est de développer les ressources humaines, en quatre étapes : d’abord en renforçant la qualité de l'éducation, mais aussi du secteur scientifique et technologique ; ensuite en développant les formations professionnelles. il s’agit par ailleurs d’améliorer les services de santé publique et de nutrition; et enfin de renforcer l'égalité des sexes en matière de protection sociale.
Plus important encore, le plan stratégique du gouvernement vise à s'assurer que chaque jeune se spécialise dans une compétence. En attendant, la formation technique peut se faire dans deux directions. L'une est la formation de personnes ayant reçu une éducation académique, et l'autre est la formation qui se déroule en dehors du système éducatif. Ces deux mécanismes principaux joueront donc un rôle important dans le renforcement du capital humain du Cambodge. En outre, un capital humain plus riche sera essentiel pour que le Cambodge puisse attirer des investissements étrangers directs complets et inclusifs et des accords de libre-échange de la part de partenaires potentiels.
En ce qui concerne la diversification économique, l'objectif est de maintenir le taux de croissance élevé dans les plans à moyen et à long terme. Cela signifie l’amélioration du système économique afin de le rendre plus dynamique et solide pour renforcer la diversification économique du Cambodge.
Un développement qui vise une ouverture sur l’international
Le gouvernement royal cambodgien s'est efforcé par ailleurs d'améliorer et de soutenir l'infrastructure physique des activités économiques nationales en construisant davantage d'aéroports internationaux, en rénovant les chemins de fer et en modernisant les ports maritimes. La logistique et le transport sont en effet devenus de plus en plus cruciaux pour connecter le commerce international au pays.
De plus, dans sa stratégie de développement, le gouvernement s'est efforcé de promouvoir un cadre juridique pour soutenir le développement numérique, y compris la cybersécurité, notamment en adoptant une loi sur le commerce électronique et une loi sur la protection des consommateurs, parfait exemple de l'engagement du gouvernement en faveur de ces réformes institutionnelles.
De même, le 5 octobre 2021, l'Assemblée nationale a adopté la loi sur l'investissement au Cambodge, dont l'objectif est de créer un environnement juridique transparent, ouvert, prévisible et favorable afin d'attirer et de promouvoir les investissements nationaux et étrangers au Cambodge. Ce cadre juridique vise à protéger les activités de commerce électronique nationales et transfrontalières afin que les investisseurs nouveaux et actuels se sentent en sécurité et en confiance pour faire des affaires dans le pays. En réformant ces politiques, les investissements étrangers directs afflueront probablement davantage au Cambodge, car ils bénéficieront de la sécurité et de la protection de leurs intérêts.
En outre, cette réforme institutionnelle interne sert de plan à long terme pour que le gouvernement soit plus indépendant sur le plan économique, de sorte que le Cambodge n'ait pas à dépendre du système de préférences généralisées (SPG) d'autres pays développés, et puisse ainsi poursuivre sa transition vers une forme de développement plus importante.
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* Le revenu national brut (RNB) est un indicateur économique assez proche du Produit intérieur brut (PIB), mais conceptuellement différent. Il correspond à la somme des revenus (salaires et revenus financiers) perçus, pendant une période donnée, par les agents économiques nationaux. Cet indicateur est défini comme le PIB plus les revenus nets reçus de l'étranger pour la rémunération des salariés, la propriété et les impôts et subventions nets sur la production. Les rémunérations provenant de l'étranger sont perçues par des personnes qui vivent et consomment principalement sur le territoire économique mais qui travaillent à l'étranger. Ce phénomène est assez courant dans les régions frontalières.
Plus simplement, le RNB mesure le revenu total des agents résidant sur le territoire français.
** Le principe du système des préférences généralisées (SPG) a été approuvé à la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). C’est en outre un programme de préférences commerciales pour les biens provenant des pays en développement, notamment les pays les moins avancés, mis en place par plusieurs pays développés, en dérogation de la clause de la nation la plus favorisée. Sans négociation ni réciprocité, il ne s'applique pas sur les droits de douane des pays pauvres, mais seulement sur leur exportation. Plus simplement, c’est un système d'aide pour les pays en développement pour les soutenir dans leurs échanges commerciaux.
Les objectifs de ce programmes sont multiples: augmenter les recettes d'exportation des pays bénéficiaires, favoriser leur industrialisation, et accélérer le rythme de leur croissance économique.
Les préférences sont éventuellement limitées à certains secteurs et possèdent souvent des clauses qui permettent aux pays qui les accordent de les suspendre ou les annuler, selon le contexte économique ou politique
*** Tout sauf les armes (TSA) est un régime instauré par l'UE qui vise à supprimer les barrières douanières de l'Union européenne vis-à-vis des biens produits dans les Pays les moins avancés, soit 48 pays. Cette initiative s'inscrit dans le cadre du Système généralisé de préférences et de l'accord de Cotonou.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.
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