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Cambodge - 2 rappeurs condamnés à de la prison ferme

Long Puthera in a promotional photo posted to his YouTube page.Long Puthera in a promotional photo posted to his YouTube page.
Long Puthera photo promotionnelle postée sur sa page youtube.
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 24 décembre 2020

Un tribunal vient de condamner deux rappeurs pour "incitation"  pour des paroles de chansons abordant la justice sociale et la frontière avec le Vietnam. Lors d'une audience tenue le 22 décembre, un tribunal de Siem Reap a déclaré Kea Sokun et Long Putheara coupables d'incitation à commettre un crime en vertu de l'article 495 du code pénal cambodgien.

 

Sokun, 23 ans, a été condamné à un an et demi de prison, dont six mois avec sursis. Putheara, 18 ans, a été condamné à cinq mois de prison, dont trois mois et onze jours ferme, ayant déjà purgé cette peine, il a été libéré le 22 décembre. Selon le groupe local de défense des droits de l'homme Licadho, Kea Sokun a été condamné à une peine plus sévère parce qu'il a refusé d'exprimer des remords, alors que Putheara s'est excusé auprès du tribunal.

 

Les deux jeunes hommes ont été arrêtés en septembre après que le ministère de la culture eut porté plainte pour des paroles de chansons de rap  qui critiquaient le gouvernement sur des problèmes sociaux tels que l'économie et la question sensible de la frontière cambodgienne.

 

Les autorités reprochent à Sokun les paroles de deux chansons - "Khmer Land" et "Sad Race" - qui ont été vues respectivement plus de 2,2 millions et 700 000 fois sur YouTube. Ces chansons reprochent au gouvernement d'avoir mené le Cambodge au déclin économique et exhortent la population à se dresser contre l'oppression et la corruption.

Les paroles accusent également le gouvernement de céder des territoires au Vietnam, un puissant trope du nationalisme cambodgien. C'est depuis longtemps une "ligne rouge" pour Hun Sen.

 

Rapper cambodgien  Kea Sokun
Kea Sokun photo issue de son Facebook

 

Pendant des années, ses opposants l'ont accusé d'être à la solde du Vietnam. Le leader de l'opposition Sam Rainsy, qui vit actuellement en exil à Paris, a longtemps dénoncé l'emprise de Hanoi sur Hun Sen. Ces dernières années, il a ré-orienté ses critiques sur la présence économique croissante de la Chine au Cambodge.

 

Les condamnations des deux rappeurs ne sont que les dernières d'une vague d'arrestations de militants et d'opposants qui s'est intensifiée depuis l'arrestation, en juillet dernier, du syndicaliste Rong Chhun, qui a également accusé le gouvernement de céder des terres au Vietnam. Selon le groupe local de défense des droits de l'homme Licadho, 19 personnes ont été arrêtées entre juillet et septembre, dont des membres de l'opposition locale, des étudiants et des militants écologistes, ainsi qu'un moine bouddhiste.

 

Toujours le 22 décembre, un tribunal provincial de la ville riveraine de Kampong Chhang a condamné Sok Oudom, le propriétaire d'une station de radio locale, à 20 mois de prison (toujours pour "incitation") après qu'il ait fait un reportage sur un conflit foncier dans la province.

 

On attend aussi le un procès au début de l'année prochaine de 130 partisans de l'opposition et autres dissidents pour une série d’accusations dont la trahison. Les accusés, dont beaucoup vivent actuellement en exil, comparaîtront devant le tribunal en deux lots, le 14 janvier et le 4 mars.

 

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