Un Rapport national sur la situation démographique et socio-économique des peuples autochtones au Cambodge, a été publié publié récemment. Il révèle de grandes disparités en matière d’accouchement et de mortalité infantile.
Ce rapport a été publié par le ministère du Plan et l'Alliance des Peuples Autochtones du Cambodge (CIPA).Il s'appuie sur les données du recensement national de 2019.
Il rapport révèle que 32,6 % des femmes autochtones accouchent avec des aides traditionnelles, contre 2,8 % dans la population générale. Des progrès sont notés, mais des défis subsistent, notamment en matière de mortalité infantile.
Des naissances encore majoritairement traditionnelles
On lit dans ce rapport que 32,6 % des femmes autochtones accouchent encore avec l’aide de praticiennes traditionnelles, contre seulement 2,8 % dans la population générale. Parmi les communautés les plus concernées figurent les Kavet (77 %), les Bunong (44 %), et les Kreung (36 %). En revanche, les communautés Stieng (7 %) et Tompoun (19 %) affichent des taux bien plus bas.
Une amélioration des soins médicaux
Malgré cette prédominance des méthodes traditionnelles, des progrès notables ont été enregistrés entre 2008 et 2019. Le recours à des professionnels de santé, tels que médecins, infirmiers ou sages-femmes, a atteint 67 %. Les Stieng se distinguent avec 93 % d’accouchements médicalisés, suivis des Tompoun (81 %) et des Kui (79 %). Toutefois, la fiabilité des données reste limitée par un taux de non-réponse de 60 %.
Tendances démographiques
Le rapport met également en lumière une diminution globale du nombre de naissances chez les femmes autochtones entre 2013 et 2019, sauf pour les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, où les naissances ont augmenté de 51 à 63. Par ailleurs, le taux de mortalité infantile reste préoccupant, s’élevant à 31,8 décès pour 1 000 naissances vivantes. Les mariages précoces ne sont pas rares dans les communautés autochtones.
Faible enregistrement des naissances
Seuls 18 % des nourrissons autochtones sont enregistrés à la naissance, un chiffre identique en milieu rural et légèrement supérieur en milieu urbain (20 %). Les communautés Kui, Prao et Jarai sont celles qui enregistrent le plus leurs enfants, tandis que les Kavet et Kroal affichent les taux les plus faibles.
Causes principales de décès
Parmi les enfants autochtones de moins de cinq ans, les causes principales de décès varient selon le lieu de résidence. En milieu urbain, les noyades et accidents de la route représentent un tiers des décès, suivis par la fièvre (22,2 %) et la tuberculose (22,2 %). En milieu rural, la fièvre reste la cause majeure (35 %), suivie par la diarrhée (12,2 %), la dengue (8,9 %) et le paludisme (3,8 %). Ces maladies, combinées à des conditions sanitaires précaires, affectent également la mortalité des adultes.
Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, notamment dans l’accès aux soins, les défis en matière de santé et de sécurité restent nombreux pour les communautés autochtones du Cambodge. La mortalité infantile et l’absence d’enregistrement des naissances nécessitent une attention accrue des autorités et des ONG. L'Assemblée parlementaire de la Francophonie avait d’ailleurs organisé à Phnom Penh les 4 et 5 décembre 2023 un séminaire portant sur le problème des « enfants sans identité ».