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Éduquer pour mettre fin aux mariages précoces dans le Ratanakiri

jeune femme cambodgiennejeune femme cambodgienne
Ting Phaek et Romam Oun deux jeunes femmes issues des communautés indigènes
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 15 mai 2022, mis à jour le 15 mai 2022

À contre-courant des traditions bien établies, de plus en plus de jeunes femmes issues de tribus autochtones s'engagent dans des études supérieures, souvent loin de leurs communautés et échappent à un mariage précoce.

 

Les jeunes femmes  des tribus indigènes de la province de Ratanakiri expriment leur volonté de poursuivre des études supérieures dans des universités après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires. Pour la plupart d'entre elles, l'éducation est le seul moyen d'échapper à un mariage forcé précoce, à la pauvreté, à une certaine étroitesse d'esprit et au sous-développement de leur communauté.

Poursuivre ses études plutôt que de se marier jeune

Ting Phaek a 19 ans, elle est scolarisée en 12e année au lycée de Bar Kaev, dans le district de Bar Kaev,dans la province du Ratanakiri. Elle rêve de poursuivre ses études à l'université. Cette fille est Tampuan, un groupe ethnique qui compte environ 31 000 personnes dans le Royaume. Elle se lève régulièrement avant 7 heures du matin, pour se rendre à l'école en moto, à 20 kilomètres de chez elle.

En consacrant du temps et de l'énergie à ses études secondaires, la jeune fille espère obtenir de bonnes notes et pouvoir saisir des opportunités pour poursuivre une spécialisation en droit à l'université de Phnom Penh. Elle explique : 

Je n'ai pas d'argent pour mes études à venir, je vais donc devoir travailler en plus de mes études car ma famille est très pauvre et ne peut pas me soutenir financièrement.

 

Les cultures familiales et les traditions locales, le fait d'être obligé de se marier à un jeune âge et de gagner sa vie dans la ferme familiale empêchent encore largement les jeunes autochtones d'avoir pleinement accès aux possibilités d'éducation. 

Phaek et de nombreuses autres jeunes femmes veulent faire pression pour que leurs communautés se modernisent. Elle pense que l’éducation est essentielle pour obtenir une meilleure vie et que cela doit passer avant le mariage. Pour Phaek, qui veut être avocate, terminer le lycée et poursuivre des études supérieures sera plus bénéfique que de se marier.

 

La pression de la communauté

 

Romam Oun,18 ans, est une jeune descendante du peuple Jarai. Comme Phaek, elle  veut utiliser ses connaissances et ses compétences pour développer sa communauté. Elle est la seule parmi ses trois frères et sœurs à avoir poussé ses études jusqu’à la onzième année. Elle  rêve maintenant d'étudier la gestion et le commerce. Tous ses frères et sœurs se sont mariés entre 15 et 16 ans, avant même d'avoir terminé leur cycle d'enseignement secondaire.

Oun a bénéficié du soutien de ses parents pour terminer le lycée et poursuivre ensuite ses études à Phnom Penh. Mais la jeune femme, reste sous la pression des gens de sa communauté, car les anciens du village ont tendance à accorder plus d'importance au mariage qu'à l'éducation de leurs enfants.

 

Bien qu'elles aillent à contre-courant des traditions communautaires bien établies, ces deux jeunes filles indigènes veulent poursuivre leurs études à Phnom Penh, pour bénéficier de meilleurs atouts pour réaliser leurs rêves.

 

Le poids des traditions et de la pauvreté

 

Ces dernières années, un nombre croissant de jeunes issus de minorités ethniques donne la priorité à l’enseignement plutôt qu'au mariage. Leurs parents sont davantage conscients de la valeur de l'éducation.

 

Huon Khan est le  fondateur du Brao Indigenous Youth Group. Il considère cette tendance comme positive. Certaines personnes au niveau individuel, commencent à comprendre le problème du mariage précoce et référent étudier dur pour participer au développement de la communauté.

 

Dès que notre communauté commencera à comprendre ce problème et qu’elle soutiendra la promotion de l'éducation des jeunes issus de l'ethnie, elle viendra alors plus forte, tant sur le plan économique que social.

 

Bien que la tendance à commencer à valoriser l'éducation soit perçue comme un changement positif par certains autochtones, le niveau d'éducation élevé des jeunes des minorités ethniques n'est pas encore très répandu.

 

Dans les zones reculées en particulier, le taux d'abandon scolaire [des jeunes autochtones] est toujours aussi élevé qu'auparavant. Il n'y a pas encore eu beaucoup de changements, En raison de leur mentalité archaïque , il est difficile pour les parents [indigènes] de voir la valeur de l'éducation de leurs enfants.

 

 

L'abandon scolaire des jeunes autochtones prend racine dans la propre histoire de leurs parents, dans les problèmes de pauvreté ou  dans la pression familiale qui exige que leurs enfants se marient et aient des enfants à leur tour pour travailler dans les champs. 

 

Plan International Cambodge, une organisation de promotion des droits de l'enfant, se concentre actuellement sur les enfants et les jeunes indigènes, afin qu'ils puissent bénéficier de possibilités d'éducation supérieure et contribuer au développement de leur communauté. Outre Plan, le ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports s'est également associé à UNICEF Cambodge et CARE pour offrir une éducation multilingue aux filles et garçons autochtones.

 

En 2016, ils ont lancé des programmes d'études multilingues pour promouvoir l'éducation dans cinq langues autochtones (Pnong, Karet, Kreung, Tampuan et Brao) dans les provinces de Mondulkiri, Ratanakiri, Kratie, Stung Treng et Preah Vihear.

 

 Heng Sreylin et Kheav Moro Kort

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess qui permet de rendre cet article accessible à un publique Francophone

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